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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. CONTROVERSE DU FILIOQUE

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t. lxxvii, col. 118 C. Suivent trois citations de saint Jean Chrysostome qu’il nous a été impossible d’identifier. C. xxiv, col. 1202-1205.

Anselme rapporte aussi des témoignages de Pères latins, Jérôme, Augustin, Hilaire. Tout en admettant que le Saint-Esprit procède pioprement et principalement du Père, il rejette l’expression : procéder du Pèle par le Fils. C. xxv-xxvi, col. 1205-1208. La conclusion de ce colloque avec les évêqucs orientaux fut qu’on souhaita, des deux côtés, un concile général où seraient débattus les différends dogmatiques des deux Églises. Cf. Ceillier, op. cit., p. 414-415.

2. Hugues Éthérien (t fin du xiie siècle). —

L’œuvre d’Hugues Éthérien est plus consistante. Ce Toscan, envoyé de bonne heure à la cour de Constantinople, y put prendre contact avec les théologiens grecs et se renseigner d’une manière plus exacte sur la polémique du Filioque. Voir t. vii, col. 308 sq. Invité par l’empereur Manuel Comnène à exposer les preuves de la croyance latine, il rédigea une longue dissertation qu’il dédia au pape Alexandre III, De hæresibus Grœcorum, P. L., t. ccii, col. 227-396. Le De hæresibus est divisé en trois livres, sans toutefois qu’un lien logique rattache l’un à l’autre.

Le 1. Ier est surtout spéculatif. Les Grecs n’admettaient pas que le Saint-Esprit procédât du Père et du Fils, alléguant comme raison qu’il est impossible qu’une même chose ait deux principes ou que deux principes produisent la même chose. L’argumentation d’Hugues vise donc à prouver que le Père et le Fils ne forment qu’un principe, d’où procède le Saint-Esprit. Il rejette tous les exemples tirés des natures créées, puisqu’il n’y a aucune proportion entre elles et la nature divine : le Père et le Fils sont deux personnes distinctes ; ils n’ont cependant qu’une seule et même nature et, par là, ne forment qu’un seul principe du Saint-Esprit. C. i-vi, col. 233-244. Hugues se sert du terme « cause » pour marquer la procession du Saint-Esprit. Le terme est assez inexact, mais, pour les cerveaux grecs, il ne présentait pas d’inconvénient. Cf. Père, t. xii, col. 1189. Pour répondre à d’autres instances, Éthérien rappelle le principe théologique que ce n’est pas en ce que le Père est distingué du Fils qu’il produit le Saint-Esprit, mais en ce qui lui est commun, c’est-à-dire la nature divine. C. vii-xx, col. 245-274. Ce premier livre avait été écrit par Hugues en collaboration avec son frère Léon. Celui-ci, parti avec l’empereur Comnène, se contenta d’exhorter Hugues à continuer seul son œuvre.

Le t. II, après une brève introduction sur l’origine du monde, s’attache à réfuter les sophismes de Nicétas de Byzance, de l’évêque de Méthone, de l’évêque de Nicomédie, de Théophylacte de Bulgarie, de Photius. Il donne le vrai sens de certains textes scripturaires, d’après les interprétations de saint Jean Chrysostome, de saint Grégoire de Nazianze, de saint Cyrille d’Alexandrie. On retrouve ici les assertions d’Anselme ds Havelberg, mais avec plus de développements. C. ii-xvi, col. 275-322. C’est sur le De meo accipiet, Joa., xvi. 5, que notre auteur insiste, c. xvii, invoquant l’autorité d’Athanase, de Basile, de Cyrille d’Alexandrie, c. xviii ; et il conclut, dans une argumentation assez confuse, que l’Esprit-Saint n’est pas dit « Esprit du Fils » parce qu’il lui est consubstantiel ou qu’il est envoyé par lui, mais parce qu’il tire de lui son origine. C. xix, col. 322 D-354. Sur l’argumentation d’Éthérien, voir Petau, De Trinilate, t. VII, c. iv, n. 13-14.

Du t. III, une première partie est toute spéculative et s’attache à démontrer derechef l’unité de la nature divine, la trinité des personnes, la génération du Fils et la procession du Saint-Esprit. C. i-x, col. 335358 D. Mais — et c’est ici la partie, la plus intéressante de l’ouvrage d’Éthérien — les Pères de l’Église auxquels plus d’un emprunt avait été fait précédemment, vont être interrogés et opposés aux prétentions de Photius et de ses disciples. Le texte latin d’Hugues ne répond pas toujours exactement au texte grec ; parfois il commente ou il soude des phrases séparées entre elles dans le texte original. Cependant ses citations sont substantiellement exactes, sinon toujours quant à la lettre, du moins quant au sens.

Dès le t. II, c. ta, saint Grégoire de Nazianze est appelé en témoignage des rapports qu’ont entre elles les trois personnes, le Père sine initio ; le Fils, qui principium ; le Saint-Esprit, qui cum principio ; les trois unus Deus. Cette paraphrase se rapporte vraisemblablement à l’Oratio, xx, n. 7, P. G., t. xxxv, col. 1074 AB. Puis, voici, avec un texte qui déborde celui du fragment inséré dans Migne, P. G., t. xlvi, col. 1109 BC (cf. Damascenica, t. xciv, col. 240-241), le texte si discuté de Grégoire de Nysse sur l’oraison dominicale (voir ici t. v, col. 786). Hugues, col. 280281. — Au c. vii, partant du principe formulé par saint Basile, EpisL, lii, n. 4, P. G., t. xxxii, col. 396 BC, qu’il n’y a point d’intermédiaire entre le Père et le Fils, Hugues reprend une expression assez familière aux Grecs pour montrer que ce que le Père est au Fils, du moins pour l’origine, le Fils doit l’être au Saint-Esprit. Le Saint-Esprit est appelé l’image du Fils, comme le Fils est appelé l’image du Père ; cf. S. Basile, Adv. Eunomium, 1. V (et non III), t. xxix, col. 724 B et 725 C ; Grégoire le Thaumaturge, Expositio fidei, t. x, col. 985 ; S. Jean Damascène, De fide orth., t. I, c. xiii, t. xciv, col. 856 D ; S. Grégoire de Nazianze, Orat., xxx, n. 20, t. xxxvi, col. 129 B. Donc il doit, non certes par génération, procéder du Fils comme le Fils procède du Père. Hugues, col. 292 D-293 A. — Plus loin, c. xv, Hugues rappelle, au sujet de la procession du Saint-Esprit, la controverse entre Théodoret de Cyr et Cyrille d’Alexandrie (voir ici t. v, col. 793-794). Et il ne manque pas, à ce propos, de citer la synodique de Cyrille à Nestorius ; ci-dessus, col. 1754. Hugues, col. 316-317. — Au c. xviii, commentant le De meo accipiet et le Omnia quæ sunt Patris, mea sunt, Hugues montre que le Saint-Esprit.hormis la génération, doit tenir du Fils ce qu’il tient du Père ; et il invoque l’autorité d’Athanase, Ad Serapionem i, n. 20, P. G., t. xxvi, col. 580 AB ; de Basile, Adv. Eunom. (titre rectifié), 1. III n. 1, P. G., t. xxix, col. 656 A (sur ce texte, voir la discussion t. v, col. 783) ; de Cyrille d’Alexandrie, De Trinitate, dial. vi, P. G., t. lxxv, col. 1013 B (titre rectifié ; le texte est cité librement) ; et de Jean Chrysostome, In Joannem, hom. lxxviii, n. 3, P. G., t. lix, col. 424. Hugues, col. 327-328.

Les autorités invoquées dans le 1. III visent plus directement la procession a Pâtre Filioque. Tout d’abord, c.xii, une assertion attribuée à Basile : « Le Fils procède immédiatement du Père et le Saint-Esprit médiatement », qu’il a été impossible d’identifier. Suivent quelques lignes empruntées au Damascène, Homil. in sabbat, sanct., P. G., t. xevi, col. 605 B : « Le Saint-Esprit est dit Esprit du Fils, parce qu’il est manifesté par lui et communiqué aux créatures. » Texte bien discutable quant à sa valeur probante, car les paroles qui suivent ont été supprimées par Hugues, àXX* oôx è^ aû-roG 2x ov T’î v orcapÇiv. (Voir ici t. v, col. 795-796 et les notes de Le Quien, P. G., t. xciv, col. 831, note 28 et t. xevi, col. 605, n. 70.) Enfin, Grégoire de Nysse, dans le traité Quod non sint très dii (titre rectifié ; texte cité librement), P. G., t. xlv, col. 133 B, marque « la différence entre le Père, causam esse ; le Fils, ex causa, mais sine medio ex primo, et le Saint-Esprit, qui dérive du Père, le Fils conservant son rôle d’intermédiaire et sa qualité d’unique engendré ». Hugues, col. 364-365. — Au