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    1. TRINITE##


TRINITE. PIERRE AURIOL

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enfin par Pierre d’Aquila († 1361). Voir les textes dans Schmaus, op. cit., p. 139-151. Sur Pierre d’Aquila, voir Scotellus, t. xiv, col. 1732. La connaissance dont procède la diction est restreinte par Scot à la connaissance de l’essence et des attributs divins et probablement aussi des personnes ; voir t. iv, col. 1881. Cf. Scot, In Il" m Sent., dist. I, q. i, concl. (expliqué par Frassen, Scotus academicus, tract, vi, dist. I, a. 3, q. ii, concl. 2). Toute l’école scotiste suit ici son chef de file. Cf. Suarez, De Trinitate, t. VI, c. vi, n. 1.

Dans la procession du Verbe existe un acte d’amour essentiel qui suit la connaissance que Dieu a de lui-même, des attributs et des personnes. Mais un second acte d’amour, commun au Père et au Fils, est un acte d’amour volontaire, à la fois libre et nécessaire et donc personnel. Voir t. iv, col. 1882-1883. Cette doctrine « met en relief le caractère formel des productions éternelles sans les expliquer uniquement par.l’opposition des relations.. Elle souligne particulièrement la différence à établir, d’une part, entre les émanations vitales : actes de connaissance et d’amour, et, d’autre part, entre les actes féconds : diction productrice du Verbe et spiration productrice de l’Esprit-Saint. Elle rend compte enfin de la thèse soutenue par le Docteur subtil que l’Esprit-Saint se distinguerait du Verbe, alors même qu’il n’en procéderait pas ». Col. 1883.

Ce dernier point a son fondement philosophique dans la célèbre distinction formelle ex natura rei que Duns Scot applique même aux conceptions trinitaires. Tandis que, pour saint Thomas, c’est uniquement l’opposition des relations qui justifie la distinction des personnes, pour Scot, la relation et la propriété personnelle suffisent, par elles-mêmes, à distinguer les personnes. In I um Sent., dist. XI, q. ii, n. 6-11. Et ainsi, même si la spiration active n’était pas commune au Père et au Fils, par la seule paternité et la seule filiation, les deux premières personnes se distingueraient de la troisième.

Des théologiens antérieurs à Scot, des contemporains et, cela va sans dire, l’école scotiste dans son ensemble soutiennent cette manière de voir, qui est bien dans la ligne d’Alexandre de Halès et de saint Bonaventure. Avant Scot : Jean Pecham, Henri de Gand, Pierre de Trabibus, Roger Marston, Guillaume de Ware, Mathieu d’Aquasparta, Nicolas Ockam, Pierre d’Angleterre. Après Scot, la plupart des scotistes : Alexandre d’Alexandrie, Henri Harclay, Martin d’A’nwick, Jean de. Bassolis, Landulphe Caraccioli, François de Marchia, Pierre d’Aquila dit Scotellus, Robert Cowton, Pierre Auriol. Les textes dans Schmaus, op. cit., p. 291, 292, 296, 300, 304, 307, 311, 341, 313, 344, 350, 351, 352, 354, 356, 357, 367, 373. Cf. J. Slipyj, Num Spiritus Sanctus a Filio distingueretur si ab eo non procederel, dans Bohoslooia, Lwov, 1927, p. 2sq. ; 1928, p. 1 sq.

Enfin, la procession du Saint-Esprit n’est pas une génération. Scot apporte la même preuve qu’Alexandre de 1 laies 1 1 saint Bonaventure ! Op. Oxon., I. I, dist. XIII, n. 18 ; l’Esprit-Saint procède selon la volonté. Toute l’école scotiste est, ici encore, substantiellement d’accord. Voir, pour le xive siècle, les textes dans Schmaus, op. cit., p. 236-248 ; cf. Frassen, Scotus academicus, De Trinitate, tract. III, dist. I, a. 2, q. iv, concl..’!  ; Henno, De Trinitate, disp, I, q. vi. concl. l : (. Mais la spiration n’est pas le résultat de l’amour du l’en pour !, Mis ni du Fils pour le Père : le Père et le Fils produisent le Saint-Esprit parce qu’ils ont l’aadivine comme premier objet de leur volonté. Cf. In /""> Srnt., dist. XII, q. i, n. 7.

b) Les relations. —

Le problème des relations divines présenti pin, chez Scol - on le com p re n d pat ce qui précède av< c le menu caractère systémal Ique qui’chez talni i homas. Sans doute, le Docteur subtil enseigne l’existence des quatre relations réelles : paternité, filiation, spiration active et spiration passive. Mais, en plus des relations réelles s’opposant dans les personnes divines, Scot admet des relations réelles communes d’identité, de ressemblance et d’égalité entre les personnes. Op. Oxon., In I um Sent., dist. XXXI, q. un, a. 2 et 5 ; Rep. Paris., id., q. iii, n. 26-30 ; Quodl. vi, a. 2 et 5. Cette affirmation ne peut se soutenir qu’avec l’appui de la distinction formelle ex natura rei. Pour nous en tenir aux quatre relations réelles d’origine, Scot admet avec tous les théologiens que, par leur opposition mutuelle, elles se distinguent réellement l’une de l’autre. Bien plus, la relation de spiration active, commune au Père et au Fils, se distingue non réellement, mais formellement ex natura rei de la relation de paternité et de filiation. Elle ne constitue pas une personne, mais, dans la pensée de Scot, ne serait-elle pas un complément nécessaire dans la constitution de la personne du Père et dans celle de la personne du Fils ? C’est du moins à cette conclusion qu’arrive Pierre Auriol. In I" m Sent., dist. XI, q. i, a. 3. Pour Scot, voir Op. Oxon., dist. XI, q. ii, n. 6-11.

c) Les personnes. —

Quelques mots complémentaires suffiront. La définition scotiste de la personne corrige celle de Boèce ; elle présente la personnalité comme une répugnance à toute communication, répugnance constituée par la réalité positive de l’être personnel. Voir t. iv, col. 1883, mais aussi Hypostase, t. vii, col. 411. Cette notion de la personne, où l’élément négatif (incommunicabilité) se mêle à l’élément positif (réalité de l’être incommunicable), a été retenue par toute l’école scotiste. Voir t. vii, col. 412. Appliquée à Dieu, elle ne représente par elle-même ni substance, ni relation, et par là elle est commune aux trois personnes. Concrètement, chaque personne est constituée et distinguée par la relation subsistante et non par une propriété absolue. Toutefois l’opinion relevée chez Robert Grossetête, voir col. 1731, ne paraît pas improbable à Scot. In I » ™ Sent., dist. XXVI, n. 23-40. Tout en reconnaissant le sérieux de l’argumentation de Scot en faveur de l’évêque de Lincoln et les difficultés de la thèse traditionnelle, les scotistes se rallient néanmoins à cette thèse, parce que traditionnelle et plus conforme à la révélation. Ainsi opinent, au xiv° siècle, Jean de Bassolis, François Mayronnes, Fr. de Marchia et Robert Cowton. On retrouvera le même point de vue au xvie siècle, chez Lichet et Malafossa et, au xvii c, chez Macedo et Frassen. Les textes dans Schmaus, op. cit., p. 482-509, 508, 533, 534, 536, 542, 557, 558 ; Frassen, toc. cit., dist. II, a. 1, q. n.Cf.Baliè, Les commentaires de Jean Duns Scot sur les quatre livres des Sentences, Louvain, 1927, p. 154-161.

Un dernier point, à peine ébauché par Scot, est la subsistence des personnes divines. Préludant à une solution qui ne sera explicitée qu’ultérieurement, Scot semble n’affirmer qu’une subsistence absolue, par laquelle les trois relations possèdent leur existence personnelle. In III um Sent., dist. I, q. II, n. 6.

2. Pierre Auriol († 1322). —

Malgré de nombreuses divergences, Auriol est un précurseur du nominal isme d’Occam. Rien d’étonnant que, dans l’exposé du dogme trinitaire, l’apport philosophique soit réduit au minimum. Cet exposé a été rappelé t. XII, col. 16811685. Nous n’en ferons ici qu’un bref résumé. Tout en restant traditionnel dans les grandes lignes, Auriol s’allirme indépendant de toutes les tendances. C’est là, peut-on dire, sa note caractéristique II admet la poa Ibilité d’une démonstration philosophique des pro"its divines. Toutefois sa théorie sur la génération et la spiration en Dieu est très particulière : d’une part, avec Pierre Lombard et. dit-il, avec l’Église (concile de 1215), il nie que l’essence puisse engendrer l’essence ; d’autre part, il n’admet dans la génération