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ZONARAS ZOSIME (SAINT)


principe. On a aussi de Zonaras deux Vies de saints (Silvestre et Sophrone de Jérusalem), deux discours sur les fêtes du Seigneur, tout cela demeuré inédit. Mais Zonaras est plus connu encore comme historien ; il est l’auteur, en effet, d’une Επιτομή Ιστορίων, qui tranche sur l’ensemble des innombrables chroniques byzantines. C’est un abrégé de l’histoire universelle, depuis la création du monde jusqu’à l’avènement de l’empereur Jean Comnène (1118) ; il a été divisé par Du Cange en 18 livres. Les critiques modernes, qui l’ont beaucoup étudié s’accordent à reconnaître sa valeur, tant au point de vue de la forme

— Zonaras ne se laisse pas aller à la vulgarité de style des compositions similaires — qu’au point de vue du fond. L’auteur a utilisé en effet des sources nombreuses, dont plusieurs ont disparu et ne se retrouvent que chez lui ; il les a mises en œuvre fort judicieusement. Bien qu’il ne les indique pas toujours avec assez de précision, il est possible de les retrouver. Pour les 12 premiers livres (de la création à Constantin), il utilise l’Ancien Testament, un abrégé des Antiquités judaïques de Josèphe et la Guerre juive du même auteur, la Chronique et l’Histoire d’Eusèbe, Théodoret et, pour ce qui est de l’histoire profane, Xénophon, Plutarque, Hérodote, Arrien, enfin et surtout Dion Cassius. De ce dernier, il permet de reconstituer une partie importante, perdue dans l’original. Quand Dion l’abandonne (229 après J.-C), il le supplée par Pierre le Patrice, un historien du vie siècle, dont l’œuvre a presque entièrement disparu et que l’on peut considérer comme le successeur de Dion. Pour les temps qui suivent l’avènement de Constantin, son guide est surtout Théophane, mais complété par d’autres chroniqueurs, les uns connus, tels Procope, le patriarche Nicéphore, Georges Hamartolos, Cédrénos, Syméon Magister, d’autres inconnus de nous, mais de très grande valeur. Ceci est vrai spécialement pour la période qui va de Léon Ier à Justin II (457-565), pour laquelle Zonaras a exploité une source excellente, qu’a connue également Cédrénos. Tout ceci explique le zèle qu’ont mis les critiques modernes à débrouiller cette question des sources. Importante pour l’histoire civile et politique, la compilation de Zonaras l’est également pour l’histoire religieuse. Elle a été abondamment utilisée par les historiens postérieurs, soit par les Byzantins, dans son texte, soit par les auteurs slaves, dans des traductions serbes ou russes qui en ont été faites de bonne heure.

Droit canonique.

La première édition complète des

textes canoniques et des commentaires (y compris ceux d’Aristènos et de Balsamon) a été donnée par l’anglais Beveridge : 2uvo51k6v sive Pandeclæ canonum, Oxford, 1672 : chaque canon est suivi de son commentaire (celui de Balsamon vient en tête) ; reproduite dans P. G., t. cxxxvii. Édition meilleure dans G. Rhallis et M. Potlis, Zûv-rayxa tcùv 9eicov kc<1 itpcou kocvovcùv, 6 vol., Athènes, 1852-1859, les commentaires de Zonaras aux t. ii, iii, iv, ils précèdent ceux de Balsamon. Pour les deux dissertations indépendantes, voir Rhallis-Potlis, t. iv ; les anciennes éditions sont signalées par Fabricius-Harles, Bibliotheca greeca, t. xi, p. 225.

2° Le commentaire des œuvres poétiques de Grégoire de Nazianze se trouvera dans P. G., t. xxxviii ; le Kavdw ets Tr|v UTrEpayiàv ©eotôkov, publié pour la première fois au complet par Cotelier, Monumenla græcee Ecclesise, t. iii, Paris, 1686, p. 465-472, est reproduit dans P. G., t. cxxxvi.

3° L"ETn-ronf) IcjTopiûv, publiée d’abord à Baie, 1557, par Jérôme Wolf est passée ensuite dans les différents Corpus scriptorum historiée byzantinæ, de Paris et de Bonn ; dans ce dernier elle n’a été complétée qu’en 1897 par Th. Biittner-Wobst ; elle est au complet dans la Bibliotheca Teubneriana, 6 vol., 1868-1875, éd. Dindorf. La P. G., t. cxxxiv et cxxxv, reproduit celle de Bonn ; aucune de ces éditions n’est pleinement satisfaisante et les byzantinistes regrettent l’absence d’un texte vraiment critique.

4° Les travaux relatifs à Zonaras portent spécialement sur YEpitomé et ses sources ; on en trouvera une liste dans Krumbacher, Gesch. der byzant. Lilteratur, 2e éd., 1897, p. 374-375. Ces travaux très importants pour l’historien intéressent moins le théologien. Ceux qui sont relatifs à l’activité canonique de Zonaras (et de ses deux émules) sont surtout rédigés en l’une des langues slaves ; le plus important est celui de M. Kransnozen, Les commentateurs du code canonique de l’Église orientale, Aristénos, Zonaras et Balsamon (en russe), Moscou, 1892 ; nombreux travaux de A. Pavlov, soit dans le Journal du ministère de l’instruction publique (en russe), soit dans les Vizantijskij Vremennik (cf. une liste dans Krumbacher, op. cit., p. 611). — Nous avons aussi utilisé la notice de Ph. Meyer, dans la Protest. Realencyclopàdie, t. xxi, p. 715-719.

É. Amann.


ZOSIME (Saint), pape du 18 mars 417 au 26 décembre 418. — Le pape Innocent I er était mort le 12 mars 417, Zosime lui succéda sans aucune difficulté et dut être ordonné le dimanche 18 mars. Sur ses antécédents l’on n’a aucun renseignement : le Liber pontiftcalis le dit grec de nation et, de fait, son nom est grec ; le nom de son père, Abraham, a fait penser à une origine juive, ce n’est pas impossible.

I. Les affaires gauloises.

Quoi qu’il en soit et quels que fussent les titres qu’avait Zosime pour s’asseoir sur la chaire apostolique, il est certain que le nouveau pape tomba immédiatement sous la coupe de l’évêque d’Arles, Patrocle, qui se trouvait à Rome au moment de l’élection. On a conjecturé que ce prélat, pour lors en grande faveur à la cour de Ravenne, a joué quelque rôle dans le choix du nouveau pape. Toujours est-il qu’au lendemain de sa consécration Zosime accordait à Patrocle une série de privilèges, où l’on a voulu voir les marques de la reconnaissance du nouvel élu. L’évêque d’Arles, déclarait le pape dans une décrétale adressée aux évêques des Gaules, serait au delà des monts le représentant du Siège apostolique ; lui seul aurait qualité pour accorder aux clercs, de quelque dignité qu’ils fussent, désireux de se rendre à Rome, les lettres de créance (litteræ formatée) sans lesquelles ils ne pourraient être reçus à la Curie. De plus, le titulaire d’Arles aurait juridiction métropolitaine sur les trois provinces de Viennoise et de Narbonaise première et deuxième ; à lui seul reviendrait le droit de faire, dans ce ressort, les ordinations épiscopales et le cas de deux petites localités voisines de Marseille était expressément réglé. La collation de ces droits était appuyée sur le fait que le siège d’Arles reconnaissait comme fondateur l’évêque Trophime, envoyé le premier dans les Gaules par le Saint-Siège et qui avait fait rayonner le christianisme en tout le pays, ex cujus fonte totse Gallise fidei rivulos acceperunt. La situation qui était faite à l’évêque d’Arles n’était qu’une restitution à ce siège des droits qui lui avaient jadis appartenus. Jafîé, Regesta pontificum Romanorum, n. 328.

Ce Patrocle que Zosime mettait en si haut relief était un assez singulier personnage et qui avait su heureusement profiter des crises politiques récentes. En 407, Arles était devenu la résidence de l’usurpateur Constantin qui, proclamé en Angleterre, avait réussi à se faire reconnaître en Gaule et en Espagne. Triomphe éphémère 1 En 4Il le magister militum Constance, envoyé par l’empereur Honorius, avait battu et finalement tué le « tyran ». Ceux qui, à un titre quelconque, s’étaient inféodés à celui-ci avaient été écartés de leurs emplois. Tel fut le cas de l’évêque d’Arles, Héros, qui fut évincé et remplacé par Patrocle ; tel encore celui de Lazare, évêque d’Aix. Tous deux s’étaient provisoirement réfugiés en Palestine, où ils jouèrent un certain rôle dans la controverse pélagienne. Patrocle, les événements ultérieurs vont le montrer, ne se priva pas de les noircir aux yeux de