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ZEPHYRIN (SAINT)

ZIGLIARA

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un autre des chefs du modalisme, Sabellius. Hippolyte avait entrepris d’amener celui-ci à des idées plus saines, mais son action fut, à maintes reprises, contrecarrée par l’influence de Calliste. Somme toute, en faisant la part des exagérations d’Hippolyte, il reste que les chefs de l’Église romaine ne saisirent pas, dès l’abord, la gravité du péril que constituait le modalisme. Il faut ajouter, d’ailleurs, que la théologie qu’Hippolyte opposait au modalisme n’allait pas sans un certain nombre d’inconvénients, que Zéphyrin percevait assez bien. Le pape restait donc hésitant : « Je ne connais qu’un seul Dieu, disait-il, le Christ Jésus et en dehors de lui aucun autre qui soit né et qui ait souffert. » Elench., t. IX, c. xi, n. 3. Noët ne parlait pas autrement devant le presbytérium de Smyrne. Mais Zéphyrin ajoutait aussitôt : « Ce n’est pas le Père qui est mort, mais le Fils », phrase à laquelle Hippolyte pouvait souscrire. Toutefois le dithéisme plus ou moins larvé de la théologie d’Hippolyte l’inquiétait peut-être davantage que le patripassianisme de Cléomène. « Il nous appelle des dithéistes », àTrsxàXsi T, y.5.c, SiOéouç, écrit avec colère Hippolyte. Bref les discussions atteignirent, sans doute aux dernières années de Zéphyrin, la plus extrême violence. Toutefois la rupture entre Hippolyte et l’Église romaine ne se produira qu’à la mort de Zéphyrin, à qui, vraisemblablement le docteur romain espérait bien succéder. Frustré de ses espoirs par l’élection de Calliste, Hippolyte se jeta alors dans la voie du schisme.

Zéphyrin mourut en 217 ; absolument rien n’indique qu’il ait été martyr. Le Liber pontificalis marque au

25 août sa date obituaire (le calendrier romain au

26 août) ; la donnée du Martyrologe hiéronymien, qui marque le 20 décembre paraît néanmoins préférable. Zéphyrin fut enterré à l’entrée même mais non dans la partie souterraine du cimetière « ad catacumbas », qui, administré sous Victor I er par Calliste, retiendrait le nom de celui-ci.

Jaiïé, Regesta pontifteum Romanorum, t. i, p. 12 ; L. Duchesne, Le Liber pontificalis, t. i, p. cxlv, 60-61, 139140 ; se reporter pour les « conflits romains » à la bibliographie des articles cités ici ; voir aussi J. Lebreton, dans Fliche-Martin, Histoire de l’Église, t. ii, p. 93-112 ; É. Caspar, Geschichte des Papsltums, t. i, p. 22 sq., 36 sq.

É. Amann.


ZERNIKAVIUS Adam, théologien et polémiste antilatin en Russie dans la seconde moitié du xviie siècle. — Originaire de Prusse et de confession luthérienne, il fut amené à l’orthodoxie orientale par la lecture de la Confession de foi de Métrophane Critopoulos, publiée à Helmstadt en 1661. Après avoir séjourné pour études à Oxford, Londres, Paris, Rome, il se fixa à Tchernigov en Petite-Russie : d’où le nom de Zernikavius qu’il se donna. Vers 1682, il composa en latin sur la Procession du Saint-Esprit un long ouvrage polémique, divisé en 19 traités, qui devait demeurer manuscrit jusqu’en 1774. À cette date, il fut édité à Kœnigsberg par Samuel Mislavskiy : Tractatus theologici orthodoxi de processione Spiritus Sancli a solo Pâtre. À la prière de l’impératrice Catherine II, Eugène Boulgaris le traduisit en grec et le publia, avec ses annotations, sous ce titre où il est plus connu hors de Russie : ’ASàji. Zoi.pvtxa6îou Bopoûaaou IIspl -rijç èx7ropsûaecoç toû’Aytou Ilveûixaroç èx (xôvou toû IIocxpoç Tipccyy.ix.Tzlat.. OsoXoyixal èvvéa xod Séxa, Saint-Pétersbourg, 1797. Catherine II fit également traduire l’ouvrage en russe par le hiéromoine Hiéronyme Kontsevitch ; la traduction russe a été publiée par Davidovitch à Saint-Pétersbourg en 1902. Adam Zernikavius rédigea aussi une Réfutation de la foi luthérienne, qui présente un réel intérêt du fait des origines luthériennes de l’auteur.

On trouvera une analyse assez détaillée des traités sur la procession du Saint-Esprit dans l’ouvrage de H. Læmmer, Scriptorum Grxcim orthodoxes bibliotheca selecta, t. i, Fribourg-en-B., 1886, p. 2-81. En voici un résumé. Dans les cinq premiers traités l’auteur examine à sa manière la doctrine des Pères d’Orient et d’Occident, non sans accuser les latins (notamment au cours des n c et iiie traités) d’avoir interpolé nombre de textes patristiques. Dans le vi* traité, il répète et développe les arguments de Photius. Le viie traité est consacré à l’addition Filioque, déclarée interdite par les conciles œcuméniques. Dans les traités viii-xiv, on s’attache à réfuter les arguments tirés par les latins des textes scripturaires. Les traités xv et xvi visent à battre en brèche les arguments patristiques et les raisons théologiques des latins. Dans les trois derniers traités, Zernikavius s’en prend aux conciles œcuméniques, qui sont le IVe du Latran, le IIe de Lyon et le concile de Florence.

Les théologiens orthodoxes font grand cas du volumineux recueil d’Adam Zernikavius. Aurelio Palmieri, qui le cite souvent ici à l’article Esprit-Saint, t. v, col. 762-823, l’appelle « l’arsenal de la théologie polémique orthodoxe ».

A. Palniieri, Nomenclator litterarius ilieologiæ orthodoxe ? russicæ ac græcee recentioris, Prague, 1910, t. I, p. 10-13 ; M. Jugie, Theologia dogmatica christianorum orientalium, 1. 1, Paris, 1926, p. 577-578 ; du même, De processione Spiritus Sancli ex foniibus Revelationis et secundum Orientales dissidentes, Rome, 1936, p. 346-348 et passim ; A. Isclak, Dogmatika nez’edinctogo Skhodou ( = Dogmatique de l’Orient non uni), en ukrainien, Lwow-Lembert, 1936, passim.

S. Salaville.


ZIEGELBAUER Magnoald, moine bénédictin allemand (16967-1750). — Ziegelbauer naquit en Souabe à la fin du xvii 6 siècle. Entré de bonne heure dans l’ordre de Saint-Benoît (il fit profession à Zwifalten le 21 novembre 1707), il s’y fit rapidement une solide réputation d’historien et de théologien. Après avoir appartenu à divers monastères, entre autres à la célèbre abbaye de Reichenau, il fut chargé des intérêts de sa congrégation à Vienne. Il mourut à Olmutz le 14 juin 1750.

Entre autres écrits, Ziegelbauer a laissé : Collectio epistolarum asceticarum a PP. benedictinis… conscriplarum ; Historia didactica de sanctse crucis cultu et veneratione in ordine sancti Benedicti, Vienne, 1746, in-4° ; Opusculum parthenicum de sacro invnaculatæ conceptionis B. V. M. mysterio, Reiz, 1737, in-fol. Ziegelbauer est surtout connu par VHistoria rei literariæ ordinis sancti Benedicti, Augsbourg, 1754, 4 vol. in-fol., ouvrage collectif publié après sa mort, mais dont il traça le plan et écrivit la préface sous le titre Novus rei literariæ ordinis sancti Benedicti conspectus…, Ratisbonne, 1739.

Éloge en tête de VHistoria rei literariæ O. S. B. ; dom François, Bibliothèque générale des écrivains de l’ordre de Saint-Benoît, Bouillon, 1728, passim ; Michaud, Biographie universelle, t. xiv, p. 511-512 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xlvi, col. 990-991 ; Catholic Encgclopedia (New-York), t. xv, p. 758 ; Hurter, Nomenclator, 3° éd., t. iv, col. 1577 ; Studien und Mitteilungen aus dem Bened. und Cister. Orden, t. iv, Wurzbourg, 1883, p. 70-78. Cf. Revue bénédictine, t. xv, p. 261-264.

J. Mercier.


ZIGLIARA Thomas-Marie, des frères-prêcheurs et cardinal (1833-1893). — Né à Bonifacio, en Corse, le 29 octobre 1833, il fit ses premières études chez les frères des Écoles chrétiennes. Admis au noviciat des dominicains de la Minerve, à Rome, il reçut l’habit au couvent d’Anagni, le 12 octobre 1851, puis passa au couvent de Pérouse, où il étudia la théologie. L’évêque de Pérouse était alors le cardinal Joachim