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ZAC1IAIUE. LE LIVRE. AUTHENTICITE


d’Israël, tandis que xii-xiv est une apocalypse très vraisemblablement du temps d’Alexandre le Grand ou des temps qui suivirent de près, Einleitung in das A. T., 1912, p. 645, 648. Un des plus récents commentateurs de Zacharie, Fr. Horst, fait remonter à la période préexilienne entre 740 et 730, en raison de la menace des États voisins, quelques fragments de ix-xi : ix, l-6a, 9-10 ; x, 1-2, 36, 5, 7, 12 ; xi, 1-3, affirmant, par contre, que le reste de ces chapitres porte de manière indéniable le caractère des temps d’après l’exil ; les trois pasteurs rejetés, xi, 8, ne seraient autres que Lysimaque, Jason et Ménélas. Dans xii-xiv, on relève des traces de temps plus récents encore. Die Zivôlf kleinen Prophete.n, Nahum bis Malachi, 1938, p. 207-208.

Si les oracles de la fin du livre de Zacharie ne sont pas de lui, pourquoi les lui a-t-on attribués en les insérant à la suite de son œuvre authentique ? « Ce n’est pas au livre de Zacharie, pris isolément, a-t-il été répondu, qu’ils ont été ajoutés ; c’est au recueil des onze prophètes dans son ensemble. Ce qui favorise cette supposition c’est le fait que le livre de Malachie présente une frappante analogie avec les deux discours de Zacharie, ix-xiv. Tous trois (comp. Mal., i, 4 avec Zach., ix, 1, xii, 1) portent la suscription insolite : « Oracle, parole de l’Éternel >, et en ont probablement été munis, après coup, par la main d’un seul et même personnage. Cette circonstance autorise à croire que ces oracles, provenant également de l’époque postexilique, ont été placés à la suite de la collection qui, s’ouvrant par le livre d’Osée, se terminait par ceux d’Aggée et de Zacharie, i-vm. On ne saurait alléguer contre cette hypothèse le fait que le troisième oracle n’est pas anonyme comme les deux premiers : il est douteux, en effet, que Malachie soit le nom réel d’un prophète. » Gautier, Introduction ù l’A. T., 2e éd., p. 536.

La thèse de l’unité du livre et même de son authenticité n’est cependant pas complètement abandonnée, non seulement par des critiques catholiques, mais encore par des protestants. Nulle difficulté d’ailleurs d’ordre dogmatique à admettre la pluralité de documents et d’auteurs, ainsi que l’affirment maints partisans de l’unité et de l’authenticité, dom Calmet, Trochon, Meignan. Dans son commentaire des Douze petits prophètes, p. 649-662, van Hoonacker admet dans ix-xiv l’œuvre d’un seul auteur, contemporain de Xerxès, et qui peut s’identifier avec Zacharie lui-même.

Il est bien certain, en effet, que, malgré l’autorité et le nombre imposant des critiques adversaires de l’unité et de l’authenticité, les raisons apportées à l’appui de leur thèse n’apparaissent pas décisives et partant les conclusions adoptées ne sauraient être définitives. Une remarque préliminaire s’impose au sujet de l’histoire de la période postexilienne qui nous est très peu connue, qu’il s’agisse des événements qui s’y sont déroulés et plus encore des doctrines eschatologiques qui y ont été accréditées. C’est pourquoi il est toujours difficile de mettre une date précise sur tel ou tel oracle dont les allusions à des faits contemporains, mêlées à des perspectives d’avenir, demeurent très incertaines ; d’autre part, l’imprécision et la variété des représentations eschatologiques, les retours en arrière, les emprunts à des thèmes traditionnels rendent également difficile l’attribution à tel auteur ou à telle époque tout aussi bien que le rejet de tel auteur ou de telle époque.

C’est ainsi que l’opinion, aujourd’hui très répandue, qui fait de ix-xiv une œuvre du temps des Machabées, n’est pas très vraisemblable en raison même de son principal argument, l’identification des trois pasteurs de xi, 8, avec les grands-prêtres impies

de l’époque machabéenne : Lysimaque, Jason et Ménélas, celle du mauvais pasteur de xi, 15, 17 avec Alcime et celle du transpercé » dexii, 10 avec le pieux Onias IV, vers 160. Sans parler d’autres identifications, soit avec trois rois de Samarie (Ewald), soit avec trois rois de Juda, Joachaz, Joakim et Jéchonias (van Hoonacker, op. cit., p. 674-675), il y a lieu d’observer que la mention, dans Eccli., xlix, 10, des douze prophètes suppose qu’en 180 environ, date de la composition de l’Ecclésiastique, ces douze petits prophètes étaient réunis en un recueil dont la teneur et l’autorité étaient alors bien établies et que par suite il n’aurait pu être question d’y joindre un écrit anonyme comme le seraient, dans l’hypothèse, les c. ix-xiv, et cela à une époque où les prophètes étaient regardés comme la plus haute autorité, I Mach., iv, 46. De plus, l’auteur du prologue de l’Ecclésiastique, écrivant vers 130, connaissait déjà la traduction grecque des prophètes, donc celle également des douze petits qui doit remonter au milieu du iie siècle, et cela encore rend invraisemblable l’origine du texte hébreu de ix-xiv à l’époque machabéenne.

L’époque grecque ne saurait davantage être retenue pour celle de la composition de ix-xiv, car on ne saurait prétendre retrouver avec certitude dans les descriptions eschatologiques des allusions à des événements historiques de la période hellénistique. Le principal argument invoqué à l’appui de l’hypothèse est tiré de ix, 13, où il est question des fils de Javan, terme qui désigne certainement les Grecs ; or, ces mots sont tenus pour une glose tardive non seulement par van Hoonacker, partisan de l’authenticité du discours, mais encore par Nowack, Mitchell, qui l’attribuent à la période hellénistique, et ainsi s’évanouit l’argument apparemment le plus décisif en faveur de leur hypothèse.

La conclusion de cet exposé de la question d’authenticité c’est que, d’un point de vue critique, le problème attend encore une solution sûre. Tant que l’histoire de l’eschatologie ne sera pas mieux connue, il restera téméraire d’affirmer que Zacharie lui-même n’aura pu, aux notions et représentations eschatologiques des c. i-viii, en ajouter d’autres, surtout d’anciennes conceptions tenues pour traditionnelles, sans se soucier de les concilier entre elles. Cf. Junker, Die 12 kleinen Prophelen, n. Hàlfte, Bonn, 1938, p. 113.

Affinité avec les anciens prophètes.

« Il était

dans la tradition prophétique que les hommes de l’esprit accordassent un grand crédit à ceux qui les avaient précédés. » (Touzard.) Ce qui est vrai d’un Jérémie et d’un Ézéchiel chez qui l’influence de leurs devanciers est très sensible l’est plus encore de Zacharie, non pas tant en vertu d’une simple dépendance ou imitation littéraires que d’une action poursuivie dans le même sens et le même esprit pour réaliser en Israël l’œuvre de Dieu entreprise par ses devanciers. Ces prophètes d’autrefois, les premiers prophètes, comme les appelle Zacharie, i, 4 ; vii, 7, 12, ont jadis parlé aux ancêtres des rapatriés et leurs menaces de châtiments se sont réalisées, Zach., i, 2-6. Sans doute, ils ne sont plus là, « pouvaient-ils vivre éternellement ? ! i, 5, mais paroles et décrets de Jahvé dont ils étaient les organes subsistent toujours, et la même foi, la même confiance est à leur accorder dans leurs consolantes perspectives d’avenir que le prophète précise en les adaptant aux circonstances actuelles.

Pour donner plus d’autorité à ses reproches sur la manière de pratiquer les jeûnes, il rappelle les protestations des anciens voyants contre le formalisme du culte, Zach., vii, 4-14 ; mais c’est surtout dans la description des destinées futures de son peuple que le prophète de la restauration se rattache étroitement