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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. SAINT THOMAS

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c) Vestiges et image de la Trinité.

Albert les recherche avec prédilection dans les créatures. Il y trouve des vestiges, c’est-à-dire une certaine trinité dans le monde matériel et ses parties constitutives, dans son fieri, dans son esse, dans son perfectionnement (perfeclum esse), ou encore dans sacognoscibilité ou dans sa capacité d’agir.

Dans la création du monde (le fteri), le nombre, le poids, la mesure, cf. Sap., xi, 21, lui paraissent une première trinité. Les choses elles-mêmes, considérées dans leur être (esse) se distinguent par leur forme (modus), leui espèce (species), leur relation au but final (ordo). Du côte du perfectionnement des créatures, la trinité se manifeste plus clairement dans l’être, perfectionné par la vérité et la bonté. Du côté de leur cognoscibilité, les vestiges se constatent dans Vêtre, les ressemblances et les différences. Enfin, selon la capacité d’agir, nous trouvons : la substance, la faculté, l’acte. Summa, part. I », tr. iii, q. xv, memb. 2, a. 1. Canevas classique, qu’on retrouvera désormais chez les théologiens postérieurs.

L’image de la Trinité n’existe que dans les créatures spirituelles. L’âme est l’image de Dieu, avec sa mémoire, son intelligence, sa volonté. Enseignement traditionnel depuis saint Augustin ! S’en inspirant, Albert compare les trois facultés, leurs propriétés particulières, leurs relations réciproques avec les trois personnes divines et leurs mutuelles relations. Ibid., a. 2. Sur les personnes en particulier, leurs noms propres ou appropriés, la théologie d’Albert n’apporte aucun élément spécial.

2. Saint Thomas d’Aquin.

a) Disposition générale de son traité sur la Trinité dans la Somme théologique.

C’est sur un plan nouveau et plus logique que saint Thomas expose la doctrine trinitaire. Sum. theol., I », q. xxvii-xliii. Voici tout d’abord les grandes lignes, répondant aux exigences primordiales de la foi ; des processions (q. xxvii) ; des relations (xxviii) ; des personnes et de la pluralité des personnes en Dieu (xxixxxx). Logiquement s’insère ici la distinction entre ce qui relève en Dieu de l’unité de nature et de la pluralité des personnes (xxxi) et la connaissance que nous en pouvons avoir (xxxii). L’auteur passe ensuite à l’étude de chaque personne en particulier : le Père (xxxui) ; le Fils, Verbe et Image (xxxiv, xxxv) ; le Saint-Esprit procédant ab utroque (xxxvi) et les noms du Saint-Esprit : Amour et Don (xxxvii et xxxviii). Les questions suivantes sont proprement théologiques : comparaison des personnes à l’essence (xxxix), et aux actes notionnels (xli) ; égalité et similitude des personnes divines (xxm). L’étude des missions divines (xliii) clôt le traité.

Le cadre du 1. I er des Sentences est décidément brisé ; ici, le traité De Deo uno est nettement séparé du De Deo trino. Cf. Dondaine, La Trinité, éd. de la Revue des jeunes, 2 vol., Paris, 1945.

Autres ouvrages < ! ’saint Thomas sur la Trinité : Contra Sente », I. rv.c. i-xxvi ; In Sent., . I.dist. [I-VII, IX-XVI ; XVIII-XXXIV ; Qumst. disp. de palrntia, <r. ri, vrn-i ; De VtrttaU, q. iv-x ; Quodlibet., iv, a. 6-7 ; vi, a. 1 ; xii, a. 1 ; In Wang. Jouruii », c. r, lect. 1-3 ; Opuseula : Cont. errorrs Grœcorum, c. r-xv, xxxii ; Compenrfium theologiæ, t. I, c. xxxvii-i.xvii ; Declaratio quorumdam articulorum contra Grtecos, Armenos, Saracenos, c. in-iv ; In art. ftdet et sacram. nv (le début) ; In tumbolum aposlolorum, n. 1, 2, 8 ; Retponsio adfr. Joannem Vercellensem (à propos de 108 artistes tirés de Pierre de Tarentaise), a. 5-6, 8-13, 23-30, 50-64 : De dlfferentia verbl rtiolnt il verbi humani (extrait du comnentalrc -ur le prologue de saint Jean) ; in décrétaient /

tmpoiillo (cap. Flrmtter) ; In décrétaient II’" (sur l’abbé

< ! ’Flore) ; In m>. Boettlde Trlnitate.

b) La connaissance du mystère.

Dan le Commentaire sur Boèce. q. i, a. I, saint, Thomas rappelle tous les argument’, invoqués avant lui pour prouver la possibilité de s’élever à la connaissance de la Trinité par le seul raisonnement naturel ; et il conclut néanmoins par la négative : « Que Dieu soit trine, c’est uniquement objet de croyance et on ne peut le prouver d’aucune manière démonstrative. On peut en apporter quelques raisons non nécessitantes et qui n’ont de probabilité que pour le croyant. Dans notre état présent de voie, nous ne pouvons connaître Dieu que par ses effets dans le monde. Or, la Trinité des personnes ne peut être perçue en vertu de la causalité divine, puisque, cette causalité est commune à toute la Trinité ». Éd. de Parme, t. xvii, p. 357. Dans la Somme théologique, I a, q. xxxii, a. 1, saint Thomas ajoute que vouloir démontrer la trinité des personnes, c’est doublement offenser la foi : c’est d’abord rapetisser à notre taille les mystères divins qui dépassent infiniment la raison humaine ; c’est aussi, par la faiblesse des arguments, exposer la foi aux moqueries des infidèles. Toutefois, les créatures ordinaires présentent des vestiges de la Trinité, q. xlv, a. 7 ; les créatures raisonnables ont en elles-mêmes une certaine image de la Trinité, q. xciii, a. 1-4 ; la psychologie de l’âme humaine présente comme, un reflet de la connaissance et de l’amour divins, ibid., a. 5-8. Et de là, en présupposant le mystère déjà révélé, on peut tirer une certaine connaissance de la Trinité. Q. xxxii, a. 1, ad 2um ; cf. In I am Sent., dist. III, q. i, a. 4 ; q. ii, a. 1-3 ; q. iii, a. un. ; q. iv, a. 1-4 ; q. v ; Cont. Gentes, t. I, c. xiv ; De potentia, q. ix, a. 5 ; De veritate, q. x, a. 1, 7 et surtout 13 ; In epist. ad Romanos, c. i, lect. G, in fine.

c) Les processions.

Il y a en Dieu deux processions ; c’est une vérité de foi. Mais il faut entendre ces processions dans le sens d’une émanation intellectuelle. I », q. xxviii, a. 1. Cf. In I<"° Sent., dist. XIII, a. 1 ; Cont. Génies, t. IV, c. xi ; De poteniia, q. x, a. 1. Tout se passe donc dans l’ordre spirituel.

Une première procession est celle du Verbe, laquelle vérifie pleinement la définition fournie par Aristote de la génération véritable : Origo viventis a vivente principio conjuncto. Le Verbe divin est ainsi engendré : il procède par manière d’acte intellectuel, ce qui est une opération vitale au premier chef ; il procède d’un principe uni. puisqu’il s’agit d’une procession immanente ; et, en vertu même de sa procession, il est en parfaite similitude de nature, le verbe intellectuel étant la parfaite représentation de la chose conçue et, en Dieu, ne pouvant être que Dieu lui-même. Q. xxvii, a. 2 ; cf. Cont. Génies, t. IV, c. x, xi ; Comp. theol., t. I, c. xl. Sur les analogies avec le verbe humain, voir Processions divines, t. xiii, col. 647-648, et 652.

Mais il y a en Dieu une autre procession, celle de l’amour : « Le Verbe suit l’opération de l’intelligence ; l’amour suit l’opération de la volonté, celle-ci postérieure à celle-là, selon notre manière de concevoir ; car il n’y a pas de procession selon l’amour sinon consécutivement à la procession selon l’intelligence, rien ne pouvant être aimé s’il n’est connu d’abord. » Q. xxvii, a. 3 ; cf. In /" » Sent., dist. XIII, q. i, a. 2 ; Cont*. Gentes, t. IV, c. xiii, (n fine ; De potentia, q. x, a. 2. & tte procession n’est pas une génération. Voir plus loin. Aucune autre opération que celle de l’intelligence et celle de la volonté ne peuvent se concevoir en Dieu ; il n’y a donc pas lieu d’établir plus de deux processions. Q. xxvii, a. 5 ; xxviii, a. 4 ; xxxvii, a. 1 ; xli, a’. : cf. In /" m Sent., dist. XIII, a. 3 ; Cont. Génies. i. IV. c. xxiii.

d) Les relations.

La procession entraîne en Dieu des relations : la seconde personne procède du Père dans le même ordre de réalité ; il en es ! de même de la troisième personne par rapport an l’ère et au I ils. Il est doue née.".’aire que les relations qui les unissent ni réelles et non pal seulement dans notre manière