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YVES DE CHARTRES


tatibus et jejuniis. Le titre ne couvre que la toute première partie. À partir du c. lxi, il est question des lectures permises ou interdites aux fidèles : canon des livres saints ; réédition plus ou moins modifiée du Gelasianum, de libris recipiendis et non recipiendis ; liste et autorité des divers conciles généraux (la question du Quini-Sexte et celle du VIIIe concile de 869 seraient à étudier). Cette question de lecture amène l’auteur à s’exprimer sur d’autres sources de la jurisprudence : Code Théodosien, Code de Justinien, Capitulaires des rois francs et autres lois séculières ; sur l’autorité de la loi civile et les conflits possibles entre celle-ci et la loi divine ; sur la coutume et sa valeur. Le tout se termine par l’ordre à suivre dans la célébration du synode diocésain. — V. De primalu Romanæ Ecclesiæ. Ici encore le titre ne s’applique qu’aux premiers chapitres, qui expriment avec beaucoup de force la primauté de droit divin de l’Église romaine. Quelques titres font songer aux Dictatus papæ et aux textes des collections canoniques italiennes contemporaines de Grégoire VII : il n’y a pas à obéir à l’empereur s’il prescrit quelque chose de contraire à la loi divine ; le Siège romain est juge de toutes les Églises, mais n’est lui-même jugé par personne, c. viii, ix, x ; ! e Siège apostolique ne s’est jamais écarté de la vérité, c xlii. Mais, à rencontre des Dictatus papæ, Yves se montre assez réservé sur les pouvoirs des représentants du Saint-Siège : vicaires apostoliques, légats, primats (assimilés aux patriarches). Les droits reconnus aux primats sont plus honorifiques que réels. Suivent les développements relatifs à l’institution des évêques ; la simonie y est pourchassée de toutes manières, mais il n’est guère question des interventions possibles du pouvoir séculier dans la nomination des évêques ; cf. c. cxxii, cxxiii. La fin de cette longue partie est consacrée aux droits et devoirs des évêques, à leurs procès au sujet desquels est remis en vigueur tout l’appareil pseudo-Isidorien ; le tout se termine par un rappel de la primauté pontificale emprunté à la 2e lettre de Grégoire VII à Hermann de Metz : Nullam dignitatem ssecularem sed nec imperialem honori vel dignitati episcopali posse adœquari. C. ccclxxviii. : — VI. De clericorum conversatione et ordinatione. La définition des différents ordres est d’abord indiquée avec les rites des diverses ordinations ; puis viennent les obligations générales des clercs, avec insistance spéciale sur la continence ; les devoirs spéciaux des divers ordres. Les causes ecclésiastiques remplissent toute la fin, c. cccxii-cccl. — VIL De monachis. Il s’agit des religieux des deux sexes, de leurs obligations, des fautes qu’ils peuvent commettre et de la répression de celles-ci. On remarquera le c. cl, De rapacitate monachorum, qui fait écho à tel capitulaire de Charlemagne.

Jusqu’ici il a été exclusivement question des gens d’Église. Dorénavant ce sont surtout les laïques qui seront visés. — VIII. De legitimis conjugiis. Il s’agit surtout — mais le manque d’ordre est ici plus apparent qu’ailleurs — des constituants propres du mariage. La doctrine s’exprime dans les termes mêmes d’Augustin, mais le dossier canonique constitué lors de l’affaire du divorce de Lothaire II a été consciencieusement exploité. — IX. De incesta copulatione. L’ensemble est consacré à l’empêchement de parenté et d’affinité ; mais y figure aussi la parenté spirituelle, c. xxxiv sq. ; pour finir, relevé de divers péchés de luxure. — X. De homicidiis spontaneis et non spontaneis. Un appel assez large est fait ici au droit séculier. Signalons seulement les chapitres relatifs à la peine de mort, à la répression par l’autorité civile des fautes morales ou religieuses : schisme, hérésie, c. lxx sq., à la guerre, qu’il s’agisse de la guerre sainte, c. lxxxvii, de la guerre défensive, c. xcvii,

et du service militaire, c. cxxi sq. — XI. De incantatoribus. .. de sorliariis et de variis illusionibus diaboli. Précieux pour fixer à ce moment l’état des diverses superstititions. La partie se clôt sur un petit traitt’de démonologie. — XII. De mendacio et perjurio. Théorie et pratique du serment, du parjure, de la purgation par serment. Le mensonge, définition et division ; est-il jamais permis de mentir ? Cette partie qui est la plus courte de tout le Décret apporte à la théologie morale un appoint très important. — XIII. De raptoribus, de furibus, de usurariis, etc. ; semblerait n’être relatif qu’aux atteintes à la propriété. En fait, il y est question de beaucoup d’autres choses, jusques et y compris de l’attitude à prendre vis-à-vis des Juifs, c. exiv. — XIV. De excommunicatione justa et injusta. Distinction entre les sentences justes et injustes ; excommunication de ceux qui communiquent avec les excommuniés ; anathèmes posthumes (question soulevée par les décisions du Ve concile). — XV. De psenitentia sanorum et infirmorum, à rapprocher du livre XIX, ou Corrcctor et medicus, de Burchard de Worms. Très intéressant pour l’histoire de la discipline pénitentielle. On y voit coexister les prescriptions de l’ancienne discipline canonique et d’autre part celles qu’avaient amenées les pénitentiels, y compris la pratique des rédemptions. Il subsiste toujours une certaine incertitude sur la nécessité de droit divin de confesser les péchés au prêtre (c. clv), incertitude qui n’est pas encore levée par Gratien. — XVI. De officiis laicorurn et causis eorumdem. Cette partie est une des plus longues (362 canons) et une des plus neuves du Décret. Il est question au début des devoirs des souverains, de l’attitude qu’ils doivent prendre à l’endroit de l’Église, des avantages qu’ils retireront d’une sage conduite. Ultérieurement sont étudiés les différents rapports sociaux et la condition des serfs, à l’aide de textes de droit romain. Puis viennent, dans un ordre qu’il est impossible de justifier, des données relatives aux héritages, aux témoins, aux testaments. — XVII. Pars continens spéculations sanctorum Patrum sententias de fide, spe et charitate. C’est dans cette dernière partie, tributaire du livre XX, ou Speculator, de Burchard de Worms, qu’il faut achever de retrouver la théologie de l’auteur : dignité de la condition humaine ; péché originel ; origine de l’âme ; rédemption ; condition première de l’homme ; nécessité de la grâce ; prédestination (c. xxx sq., longs développements, d’un augustinisme intransigeant) ; les anges et les démons ; données sommaires d’eschatologie dont les Dialogues de saint Grégoire font surtout les frais. Le tout se termine par une novelle de Justinien sur l’aliénation des biens ecclésiastiques, c. cxxxvii. Il s’agit visiblement d’un texte ajouté dans la suite aux considérations précédentes.

3. La Panormie (ibid.., col 1045-1344), conservée en de nombreux mss. se donne comme le recueil de toutes les lois : pan (en grec) et norma (en latin) ! Elle se présente comme un abrégé, mis en ordre, des auctorilates contenues dans le Décret. Il s’en faut d’ailleurs que l’œuvre soit parfaite. Le Prologue, voir ci-dessous, col. 3637, en exprime la division en huit livres. — L. I. De fide, fusionne le contenu des deux premières parties du Décret. On remarquera dans les canons relatifs à l’eucharistie un souci plus grand de la présence réelle : le c. cxxxv a comme titre : Post consecrationem non substanlia sed species remanet. — L. II. De constitutione Ecclesiæ, titre trompeur, couvrant une section où s’inscrivent les auctoritales des parties III et IV du Décret. — L. III. De electione et consecratione papse, episcoporum, etc. ; il incorpore, mais dans un ordre assez différent, le contenu des Ve et VIe parties du Décret. La question