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WCL1F. SES CONTINUATEURS EN ANGLETERRE


contre la législation qui ne rendait la confession obligatoire qu’une fois l’an, il lui était arrivé de proclamer que c’est une obligation de se confesser aussi souvent qu’il est nécessaire, à la condition de rencontrer un prêtre « prédestiné >, c’est-à-dire ne vivant pas dans le péché. Selon lui, il serait aussi bon de se confesser au diable que de le faire à un prêtre « lépreux, idolâtre, simoniaque, hérétique », c’est-à-dire ne pensant qu’à l’argent. Plus tard, il changea d’avis, notamment dans le De blasphemia et dans le Trialogus. Il soutint alors que certes la pénitence est nécessaire, mais non la confession qui reste facultative, selon le goût du pénitent. Le chrétien doit donc garder sa liberté. Il se confessera s’il y trouve un profit. La confession publique, au surplus, serait meilleure que la confession privée qui souvent conduit à l’impudicité. La confession doit être libre comme l’audition d’un sermon. Quant à la pénitence ou satisfaction imposée par le confesseur, Wyclif n’y voit qu’un marchandage. Ni le pape ni personne ne peut savoir jusqu’à quel degré le péché s’est élevé, donc nul ne peut donner une pénitence ou une absolution en connaissance de cause. Si un confesseur impose une pénitence que le pénitent juge non convenable, pour avoir de l’argent par exemple, le pénitent n’a qu’à le laisser et, après un acte de contrition sincère, il pourra faire la communion. Si on l’excommunie, il fera la communion spirituelle, dans la joie, car le Prêtre Souverain pardonne à tous ceux qui sont vraiment contrits. De blasphemia, p. 121, 136, 145, 148, 151, 159 ; Trialogus, p. 328.

En somme, Wyclif, des trois parties du sacrement de pénitence, auxquelles s’ajoute l’absolution, ne retient absolument que la contrition, le reste lui paraissant plus ou moins laissé à la conscience ou au goût de chacun. C’est pourquoi l’on trouve, parmi les propositions condamnées à Constance, la suivante : Si homo fuerit débite contritus, omnis confessio e.vterior est sibi super flua et inutilis. N. 7.

Comme erreurs accessoires de Wyclif, en cette matière, nous signalerons les suivantes : la distinction entre le péché mortel et le péché véniel n’est pas garantie par l’Écriture. De blasphemia, p. 169. La distinction des t péchés réservés » n’est qu’une « fourberie nouvelle de la Curie romaine >. Ce n’est pas l’absolution du prêtre qui donne la rémission du péché, mais seulement celle de Dieu, proposition qui semble faire une distinction entre l’absolution du prêtre et celle de Dieu, alors que le prêtre n’absout qu’au nom de Dieu. Le secret de la confession n’est pas nécessaire, puisque le péché sera toujours révélé au jugement dernier. Dans bien des cas, au contraire, la révélation du péché entendu au confessionnal serait pour le bien du pénitent. Sous le couvert du secret de la confession, beaucoup de péchés graves restent impunis, et le sacrement de l’eucharistie est profané. Le prêtre devrait faire à son pénitent trois remontrances, mais la quatrième fois, abandonner le relaps, et, si cela était nécessaire, révéler son péché. De blasphemia, p. 164-167.

Le sacrement de l’ordre. yclif a également traité le sacrement de l’ordre comme si, pratiquement, il ne conférait aucun pouvoir spécial. C’est ainsi qu’il n’admet pas qu’il soit absolument nécessaire pour consacrer l’eucharistie, pour confesser et absoudre, VOin pour confirmer. Dans son Dr cucluiristia et son Dr Bcclula, il avait insisté sur les fonctions sacramentelles du prêtre..Mais dans les derniers temps de i vie, peut-être parce qu’il trouvait difficilement des prêtres pour entrer dans son groupe des « pauvres prêcheurs », ou parce qu’il prévoyait que dans l’avenir les évêques n’ordonneraient pas ses disciples avérés, il proclamait que, dans certaines circonstances, un laïque même peut consacrer l’eucharistie. Trialogus, p. 280. Pour la confession, il dit de même que ce n’est pas le prêtre, « en levant la main sur la tête du pénitent », mais bien « le chagrin du cœur », qui obtient l’absolution de Dieu, et que, par suite, l’absolution pourrait être donnée même par un laïque. English Works, p. 333. Au sujet de la confirmation, il déclare : « Je ne vois pas qu’en général ce sacrement soit nécessaire au salut, ni qu’il soit spécialement réservé aux évêques. » Trialogus, p. 294. On n’est donc pas surpris d’apprendre que Purvey, son secrétaire et continuateur, enseignait que le laïque même peut donner la confirmation. La proposition 28 condamnée à Constance résume ces diverses affirmations : Confirmatio juvenum, clericorum ordinatio, locorum consecrotio reservantur papæ et episcopis propter riipidilafem lucri temporalis et honoris.

On remarquera, en terminant cet exposé forcément limité, que Wyclif a constamment accusé le haut clergé de son temps de rapacité et de simonie. On trouverait dans les écrits très orthodoxes de sainte Brigitte ou de sainte Catherine de Sienne, toutes deux contemporaines de Wyclif, des peintures non moins rudes et sévères que les siennes sur les abus qui désolaient alors l’Église, mais ces grandes saintes n’éprouvaient pas pour cela le besoin maladif de s’en prendre au dogme de l’Église. Elles savaient que, si Jésus-Christ n’a pas promis à ses représentants autorisés sur la terre l’impeccabilité, il leur a garanti du moins, sous certaines conditions, l’indéfectibilité et l’infaillibilité. Wyclif a vu les choses beaucoup trop en noir. Il a accusé, à tort et à travers, l’Église non seulement d’avoir laissé les abus envahir le sanctuaire, mais d’être tombée dans les plus graves erreurs. Il est significatif que, parmi les propositions condamnées à Constance, sous le nom de cet universitaire intransi géant et dogmatique, on ait pu ranger la suivante : Universitates, sludia, collegia, graduationes et magisleria in iisdem sunt vana gentilitate inlroducla ; tantuni prosunt Ecclesiæ sicut diabolus. N. 29. Il en était donc venu, dans les derniers temps de sa vie, alors qu’il était retiré dans sa cure et voyait se fermer devant lui son ancienne université d’Oxford, à renier tout son passé d’étudiant et de professeur, à rejeter comme une vanité païenne l’immense effort scientifique, philosophique et théologique de son temps, pour ne plus voir que la prédication faite au peuple par des pauvres prêtres ignorants et rustiques, chargés de rabâcher en son nom des tracts soi-disant tirés de l’Évangile. Il faut dire toutefois que la vie privée de Wyclif resta toujours austère, qu’il fut un véritable ancêtre du puritanisme, et qu’il maintint jusqu’au bout la supériorité de la virginité sur le mariage. Même quand il lui arriva de préconiser le mariage pour ses prêtres, il avait soin d’ajouter que ce genre de mariage n’était point exclusif de la virginité. .Mais il ne parlait de ce mariage que comme d’une possibilité. De veritate Scriptunr, t. ii, p, 163.


III. Les continuateurs de Wyclu in Asm iu.e. —

Celui qui avait tant déclamé (’entre les ordres religieux avait en réalité institué une confié rie que l’on pouvait considérer comme une sorte d’ordre religieux, sans 1rs vœux habituels les pauvres prêtres f poor prirsts). On les avait surnomnu les tollards, d’un nom qui avait été attribué, antérieu renient, aux Paya-Bas, aux Alexiens, puis au ghards. Voir l’art. Loli.aiids, t. ix, col. 910 iq. Le sens de ee mot fut du reste diversement expliqué. Il paraît avoir signifié : les marmotteurs. parce que les lollards susdits marmottaient ou chantaient tout bas, au cours de leurs pérégrinations, des pi latines. Par un Jeu de mot facile, on affecta parfois de faire venir le mot du latin hlium. Ivraie. On disait