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WORST (OCTAVE

WYC.LIF

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lat. 1010) et un autre contre les protestants (ibid., 1097). Rentre de Rome, probablement en 1669, il mourut au couvent de Rruges, le 18 ou le 22 novembre 1671.

Denys de Gènes, Bibliotheca… capuccinorum, Gènes, 1680, p. 388-391 ; édit. Bernard de Bologne, Venise, 1747, p. 201-202 ; P. Hildebrand, Een vergcten theologant. Oclavius Worst van Amsterdam, dans Haarlemsche Bijdrayen, t. lvi, 1938, p. 379-397.

P. Hildebrand.


WYCLIF, hérésiarque anglais considéré comme un précurseur du protestantisme (13287-1384). —
I. Vie.
II. Doctrine (col. 3590).
III. Continuateurs en Angleterre (col. 3606).
IV. Rapports entre Wyclif et Jean Hus (col. 3610).

I. Vie. —

Il existe, en dépit des recherches minutieuses des historiens, de nombreuses obscurités sur la vie de ce personnage. Certains points essentiels sont toutefois désormais hors de doute.

John Wyclif — on écrit aussi, mais à tort, Wiclif ou Wiclef — était originaire d’une famille de petite noblesse, qui possédait le « manoir » de Wycliffe-on-Tees, au Yorkshire. Il naquit probablement au château de ses ancêtres ou dans quelque propriété qui en dépendait. La date de sa naissance, généralement fixée vers 1324, est retardée par son dernier biographe, Herbert B. Workmann, jusqu’en 1328. Le Yorkshire, sa patrie, a passé et passe encore pour porter une race énergique et combative. « Sauf erreur de notre part, écrit Workmann, Wyclif avait toutes les caractéristiques de l’homme du Yorkshire, sans oublier une certaine angularilé… Comme beaucoup de ses compatriotes, il se serait volontiers glorifié de son indéniable indépendance de jugement. » Il est curieux d’observer que sa propre famille resta obstinément attachée au catholicisme et cela jusqu’à son extinction, au début du xix c siècle. Et tout le village de Wycliffe demeura une petite oasis catholique au sein de l’anglicanisme ambiant.

Mais Wyclif, bien qu’il soit devenu, en 1353, à la mort de son père, seigneur du manoir ancestral, n’eut en somme que des rapports espacés avec son pays natal. Il devint de bonne heure, d’abord comme étudiant, puis comme professeur, un homme d’Oxford. Et ce fait domine toute son existence.

Études et premiers travaux.

C’est autour

de 1345 que se place l’arrivée de Wyclif à Oxford, alors en pleine prospérité. Il y entre au collège de Balliol et non, comme on l’a parfois prétendu, à celui de Merton ou à celui de la Reine. Ce ne fut pourtant que, douze ou treize ans plus tard, peut-être en 1358, qu’il devint maître de Balliol, grade qu’il ne faut pas confondre avec celui de maître es arts, qu’il ne conquit qu’au printemps de 1361. Pour expliquer la longueur de ce cycle d’études, il faut se rappeler que la pestenoire ravagea terriblement l’Angleterre, à partir de 1349, interrompant les cours et toute la vie universitaire d’Oxford durant près de quatre ans. Les études, reprises en 1353, se trouvèrent de nouveau suspendues par des émeutes, en 1355. Toute cette pic mière partie de la carrière scolastique de Wyclif fut consacrée a la seule philosophie. Son siècle se passionnait autour du problème des universaux. La querelle des ancien » et des modernes, c’est-à-dire la lutte entre les thomistes et sentistes d’une part (réalistes) et les occamistes mi nominalistes d’autre part remplissait de son fracas toutes les universités de In chrétienté. Wvciif v prit une pari prépondérante et, à l’heure même où triomphal ! le nominnlisme. il se proclamait réaliste outraneier et intransigeant. Voir plus bas l’exposé de sa doctrine.

Selon l’usage. Wyclif fui récompensé de ses efforts et de ses sucres à l’université par l’octroi d’un héné

flee. Il fut installé recteur ou curé de Fillingham, le 14 mai 1361. II avait dû recevoir les ordres de son archevêque, celui d’York, John Thoresby, mais nous ne savons ni où ni à quelle date. Deux ans plus tard, il obtenait l’autorisation de se faire remplacer par un vicaire et d’aller poursuivre ses études à Oxford. Dans l’intervalle, en 1362, il avait obtenu un second bénéfice, celui d’Aust, qui dépendait de la collégiale de Westbury-on-Trym, non loin de Bristol. Il fut donc ce que l’on appelait alors un « pluraliste » et aussi un « absentéiste », bien qu’il ait été l’un des critiques les plus mordants des abus que ces deux noms rappellent et qui rongeaient alors l’Église.

Commencées en octobre 1363, ses études de théologie furent couronnées en mars 1369 par le titre de bachelier, puis à l’automne de 1372 par celui de docteur que l’on recevait alors au milieu de démonstrations solennelles autant que coûteuses. Dans l’intervalle, le 12 novembre 1368, Wyclif avait échangé sa cure de Fillingham contre celle, plus rapprochée, de Ludgershall et il avait, en octobre 1370, commencé à enseigner la théologie en commentant, selon la coutume, le Livre des Sentences de Pierre Lombard. Si l’on en juge par la parenté des doctrines, ses auteurs préférés furent Robert Grosseteste, le pieux évêque de Lincoln, qui avait enseigné à Oxford de 1205 à 1235, voir ici t. vi, col. 1885 ; Thomas Bradwardine, surnommé le Doctor profundus et qui n’avait quitté sa chaire d’Oxford que pour aller mourir à Lambeth en 1349, comme archevêque-nommé de Cantorbéry, avant d’avoir été intronisé, voir Thomas Bradwardine, ci-dessus, col. 765 ; enfin Richard Fitzralph, connu sous le nom de Doctor armachanus, lui aussi ancien maître d’Oxford et mort à une date récente (1360), voir t. xiii. col. 2667. C’est à Bradwardine que Wyclif semble avoir emprunté sa doctrine de l’universelle nécessité et à Fitzralph celle de la « suzeraineté dérivée de Dieu et conditionnée par l’état de grâce ».

Cependant, les autorités qu’il invoque constamment dans ses écrits sont d’une part celle de la Bible qu’il place au-dessus de tout, comme on le verra plus bas, d’autre part celle de saint Augustin, qui est évidemment pour lui le plus grand docteur du passé et à travers lequel il rejoint Platon, qu’il place bien au-dessus d’Aristote. Ses références et citations sont du reste en général peu exactes et peu précises.

En tant que professeur scolastique, Wyclif ne fut point original. Il se distingua uniquement par la ténacité poussée jusqu’à l’absurde de sa logique réaliste. Un historien anglais des universités médiévales, H. Rashdall. a dit de lui qu’il était peut-être « le plus embrouillé et le plus obscur de toute l’armée scolastique ", ce qui n’est certes pas peu dire ! l’niversities of Europe in the. Middle Ar/rs. 1895, t. ii, p. 541.

C’est au cours de la période que l’on vient de parcourir que Wyclif commença à écrire. Il devait être l’un des auteurs les plus féconds de son temps. Outre des ébauches philosophiques, antérieures à ses études théologiques, il publia en octobre 1370 son De benedielii inrarnatione.

Incursion dans le domaine politique.

Sans

que l’on puisse dire comment la chose se produisit. Wyclif enlra au service de la Couronne, un peu avant la conquête de son doctorat. Il est probable que les idées dont il devait remplir ses ouvrages postérieurs lui él aient déjà Familières, et comme elles étaient favorables au pouvoir civil à la fois dans sa politique envers le pape et dans son attitude envers le clergé

national, l’attention de l’un des plus Importants per

sonnages de l’Étal à cette date, à savoir Jean de

Gand, le troisième Als d’Edouard iii. fut attirée sur

lui. Pour Comprendre le genre (le services que l’on