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WISEMAN. L’ARCHEVÊQUE


et étendre son influence, il fallait relever le niveau intellectuel des catholiques anglais, les rapprocher de | la vie sociale et intellectuelle de leurs compatriotes. |

2. Efforts pour le relèvement de l’Église catholique. — Il entreprit lui-même d’éclairer les esprits par des publications, comme cette apologie où sa science historique et son dévouement à la papauté se reflètent dans les souvenirs qu’il rapporte sur les quatre premiers papes du xixe siècle, Pie VII, Léon XII, Pie VIII, Grégoire XVI : Recollections of the last four Popes, Londres, 1858. Auparavant il avait publié quatre conférences sur les concordats : Four advent Lectures on Concordats, Londres, 1854. Son grand instrument d’action et de propagande sera toujours pour Wiseman les conférences dans les grandes villes sur les questions littéraires et artistiques, réunions qui de fait attirèrent des milliers d’auditeurs. Il voulait montrer aux protestants « que nous pouvons aussi bien qu’eux donner au public un régal intellectuel et que nous ne nous intéressons pas moins qu’ils ne le font au progrès du peuple ». Ward, Life of Wiseman, t. ii, p. 51. Dans ces Lectures il touche aux sujets les plus divers : alors qu’on était encore en pleine agitation antipapiste, il fait à Bath une conférence sur la vie religieuse dans les couvents de femmes, pour répondre aux odieuses calomnies répandues par des prétendues religieuses désabusées, sur l’ « éducation des pauvres, la guerre de Crimée, les dernières fouilles à Rome, la manière de former et d’organiser une galerie nationale de peinture, etc. » E. Dimnet, op. cit., p. 69. C’est ainsi qu’il fait aux marchands de Liverpool une conférence sur le commerce et l’art : The Highways of paceful commerce hâve been the Highways of Art, et une aux artisans de Manchester sur le dessin dans l’industrie : On the connection between the arts of design and the arts of production, publiées en volume en 1854. À la Royal Institution, il traite, le 30 janvier 1863, des Points of contact between science and arts. D’un autre genre, mais tendant au même but, est le roman historique qu’il publia en 1854 et qui, traduit en plusieurs langues, eut une très grande diffusion : Fabiola ou l’Église des catacombes..

Pour l’aider dans son œuvre spirituelle, il avait appelé, alors qu’il était coadjuteur du vicaire apostolique du Centre, plusieurs congrégations religieuses. Elles ne lui donnèrent pas pleine satisfaction, faisant appel à leurs constitutions pour refuser la charge des missions populaires qu’il leur proposait. Les oratoriens eux-mêmes, dont il avait suivi la formation et attendu le retour avec impatience, revinrent d’Italie parfaits religieux, mais avec une règle trop ancienne pour convenir à ses projets. C’est alors qu’il encouragea II. -E. Manning, nouveau converti qui cherchait sa voie, à créer la congrégation des oblats de Saint-Charles (voir ici Manning, t. ix, col. 1899 sq.). Ceux-ci se plieront mieux aux désirs de l’archevêque, mais ils rencontreront parfois dans l’entourage du cardinal une opposition à laquelle celui-ci ne s’attendait pas.

3. Wiseman et les convertis d’Oxford.

Depuis longtemps Wiseman avait compris le parti que l’on pouvait tirer des nouveaux convertis grâce à leur sérieuse formation dans les universités anglaises. Il nomma, en 1851, W.-G. Ward professeur de théologie au collège Saint-Edmond, au grand scandale de l’ancien clergé, ému de voir un laïque marié enseigner les sciences sacrées ; il fait nommer Oaklcy chanoine de Westminster : il accorde tout son appui au P. I-’abcr, supérieur de l’Oratoire de Londres qui devait ranimer chez les catholiques anglais les anciennes pratiques de dévotion et Imprimer une nouvelle direction a la vie spirituelle. Lorsque Manning abjura, le 6 avril 1851, l’archevêque comprit quelle influence pouvait exercer sur les catholiques et les anglicans l’ancien BJ( In

diacre de Chichester. En quelques semaines, du 29 avril au 15 juin, il lui conféra tous les ordres de la tonsure au presbytérat. Il le dirigea ensuite sur Rome pour y compléter ses études théologiques et, au bout de trois années, il obtint de Pie IX, qui aurait voulu le garder à Rome, qu’il revînt exercer son apostolat en Angleterre. Malgré les différences de tempérament qui séparaient Wiseman de Manning, l’archevêque de Westminster donna de plus en plus sa confiance au nouveau converti qui devint son conseiller écouté, surtout après le départ d’Errington.

Les relations de Wiseman avec Newman ne furent pas toujours cordiales, au moins en apparence. Pour aider Newman à vaincre la résistance que lui opposaient les évêques irlandais dans l’organisation de l’université de Dublin, il voulut le faire nommer évêquè in partibus. Le projet d’abord bien accueilli à Rome n’eut pas de suite, on ne sait pour quels motifs. Après l’échec de la création de l’université de Dublin, Newman avait eu l’intention de fonder à Oxford un couvent de l’Oratoire pour la protection des jeunes catholiques qui venaient suivre les cours de la célèbre université. Wiseman, qui avait été d’abord favorable au projet, se laissa circonvenir par Manning et une délibération des évêques du 13 décembre 1864 se déclara opposée à la fréquentation de l’université d’Oxford par les catholiques. C’était un acte de défiance contre Newman, que celui-ci sentit douloureusement. Cf. Thureau-Dangin, op. cit., t. ii, p. 373-380.

4. Conflit avec Errington.

En 1856, Wiseman avait senti le besoin de se faire aider dans le gouvernement de son diocèse et de se décharger sur un auxiliaire de la partie administrative qui lui était à charge. Il obtint de Rome comme coadjuteur avec future succession Mgr Errington, alors évêque de Plymouth. Wiseman et Errington s’étaient connus à Ushaw, puis au Collège anglais, où Wiseman devenu recteur avait pris Errington comme vice-recteur ; arrivé à Oscott, Wiseman avait nommé son ami préfet des études au séminaire. Malgré ces liens d’amitié, les deux prélats ne purent longtemps s’entendre. Errington avait accepté d’être le coadjuteur de Wiseman à condition que celui-ci ne réformerait jamais ses décisions quand il lui aurait permis d’en donner. Tous deux poursuivaient le même but, mais leurs moyens divergeaient : l’archevêque voulait infuser à son clergé et à ses diocésains l’esprit romain et introduire les dévotions romaines ; le coadjuteur, profondément et exclusivement anglais, entendait s’en tenir à la législation ecclésiastique existante et aux usages du clergé anglais.

Le conflit éclata à propos des oblats de Saint-Charles. Deux oblats avaient été nommés par l’archevêque professeurs au séminaire Saint-Edmond, où Ward enseignait déjà la théologie. L’esprit très romain des nouveaux professeurs déplaisait au clergé. Le chapitre profita du droit d’inspection sur les séminaires que lui avait donné le premier synode d’Oscott, pour intervenir, exiger de Manning qu’il lui soumît les points de sa règle concernant les séminaires. Manning communiqua sa règle aux chanoines, mais leur refusa le droit de porter sur elle un jugement canonique. Le chapitre passa outre et exclut du séminaire les prêtres de Saint-Charles. Errington, qui avait déjà contraint Ward à se retirer, se rangea du côté du chapitre.

Wiseman et Manning partirent pour Rome, soutenir l’appel que l’archevêque avait fait contre la décl lion du chapitre. Errington se défendit devant la Congrégation de la Propagande. On lui donna raison pour le fond ; niais Wiseman ri Manning avaient su

convaincre Pie l que toute collaboration était deve-