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avec l’aide et l’encouragement de Wiseman que N’ewman fonda, en 1847, à Birmingham, la première maison de l’Oratoire. Cette nouvelle société jouera un rôle important dans l’exécution du programme religieux que s’était tracé Wiseman.

D’autres congrégations religieuses furent appelées par Wiseman en Angleterre en 1849-1850, afin d’organiser des exercices spirituels pour le clergé, d’avoir sous la main des missionnaires pour réveiller la vie religieuse chez les catholiques.

Un événement important fait ressortir le redressement de l’Église catholique en Angleterre à la fin de cette période de la vie de Wiseman : la consécration, en 1848, de la cathédrale Saint-George à Southwark, construite par l’architecte Pugin : c’était la plus grande église érigée par les catholiques à Londres depuis la Réforme. Wiseman procéda à cette cérémonie, entouré de quatorze évoques, dont ceux de Trêves, de Luxembourg et de Liège, et de deux cent quarante prêtres.

IV. L’archevêque de Westminster (1850-1865).

— À la suite de l’émancipation de 1829, grâce à l’action de Wiseman et aux conversions de plus en plus nombreuses issues du mouvement d’Oxford, le nombre des catholiques s’était considérablement accru ; le régime des pays de mission ne répondait plus aux besoins actuels ni à la situation qu’avait acquise l’Église catholique en Angleterre ; on sentait le besoin d’une hiérarchie épiscopale régulière, pour donner plus de dignité et plus d’influence à l’Église catholique de ce pays.

Le rétablissement de la hiérarchie.

1. Le bref

universalis ECCLESi^E du 29 septembre 1850. — Le rétablissement de la hiérarchie en Angleterre fut un acte unilatéral : il n’y avait pas de relations diplomatiques normales entre la cour de Saint-James et la Curie pontificale. Cela explique en partie l’opposition que soulèvera le bref de Pie IX. Un bill rétablissant une représentation officielle des deux gouvernements à Rome et à Londres avait cependant été voté dans les deux chambres et pourvu de la sanction royale, le 4 septembre 1848, mais un amendement s’opposant à ce que toute personne dans les saints ordres soit reçue en Angleterre comme représentant du pape rendit le bill inacceptable. Au cours des débats, sir Robert Inglis demanda au premier ministre, lord J. Russell, s’il avait entendu parler d’un projet du pape de diviser l’Angleterre en diocèses et de nommer un archevêque de Westminster et s’il avait donné son assentiment à un tel projet. Le ministre répondit qu’il ne connaissait rien d’un tel projet du pape et ne donnerait pas son approbation à la formation de tels diocèses dans les domaines de la reine. F.-W. Cornish, A History of the English Church in the XIX. Centunj, t. i, p. 340. Cependant le même John Russell avait déclaré en 1845 au Parlement qu’il « serait absurde et puéril » de faire des histoires au sujet de titres identiques.

La question du rétablissement de la hiérarchie avait été soumise au Saint-Siège en 1847 par Wiseman, agissant au nom des vicaires apostoliques. La Quarterly Review de décembre 1847 dévoilait l’intention du pape de créer en Angleterre des évêchés territoriaux. « On affirme que les documents concernant la réorganisation de l’Angleterre catholique romaine ont été montrés par le pape lui-même à lord Minto (beau-frère de lord J. Russell, envoyé en mission politique en 1847 auprès des cours italiennes) et que lord Minto donna quelque sorte d’assurance que le gouvernement anglais ne ferait pas d’objection au projet. » F.-W. Cornish, op. cit., t. i, p. 341. Si ce renseignement est exact, on ne comprend plus l’attitude de lord Russell après la publication du bref.

La question était résolue en 1848 (après l’intervention de Mgr Ullathorne, vicaire apostolique du district de l’Ouest), mais la fuite’du pape à Gaëte retarda la mise à exécution. En juillet 1850, Wiseman est appelé à Rome. Il avait été informé, fin 1849, par le cardinal Antonelli, qu’il serait fait cardinal au prochain consistoire. Avant de partir, il passa chez le premier ministre et parut avoir compris de la conversation qu’il eut avec lui que le gouvernement ne s’opposerait pas à l’établissement d’une hiérarchie romaine en Angleterre, si la cour pontificale décidait de prendre une telle mesure. Cf. F.-W. Cornish. op. cit., t. i, p. 342.

Wiseman partit, croyant laisser l’Angleterre pour toujours, condamné à des chaînes dorées, et abandonner tout espoir de travailler à la conversion de son pays ; mais beaucoup de ceux qui avaient été témoins de son action et de son influence dans ses deux vicariats apostoliques étaient intervenus auprès du Saint-Siège et Pie IX avait décidé, tout en le nommant cardinal, de le renvoyer dans son pays comme archevêque de Westminster. C’est ce qu’apprit Wiseman en arrivant à Rome, en septembre 1850. Il était bien l’homme capable de faire passer dans la pratique avec succès le plan pontifical et de faciliter l’adaptation au nouveau régime : il avait déjà préparé la voie en fusionnant les éléments anciens et figés dans leur attitude des catholiques de naissance a, vec les éléments nouveaux et progressistes des convertis de l’anglicanisme.

Le 29 septembre 1850 paraissait le bref Universalis Ecclesiæ. Les huit vicariats apostoliques étaient supprimés et remplacés par un archevêché et douze sièges épiscopaux. Les districts qui leur étaient assignés étaient délimités d’après le comtés et ils portaient des titres territoriaux ; mais ces titres sont soigneusement choisis pour ne pas concorder avec ceux des évêques anglicans. Les motifs invoqués sont le nombre croissant des catholiques, la suppression des obstacles à l’expansion de la foi, le désir général du clergé et des laïques exprimé dans des pétitions. « Le moment est venu où devait être restaurée en Angleterre cette forme de gouvernement ecclésiastique qui prévaut en tout pays. » Le lendemain 30 septembre, en consistoire secret, Wiseman était créé cardinal-prêtre ; le 3 octobre, en consistoire public, il recevait le chapeau rouge et on lui assignait pour titre l’église Sainte-Pudentienne. Dans ce même consistoire public, il demandait et recevait des mains du pape le pallium.

2. La réaction contre V « agression papale ». — Le 7 octobre, Wisemann annonça aux catholiques anglais cet événement important dans une lettre pastorale écrite Hors la Porte Flaminienne. Il y laisse éclater sa joie, parlant des bénédictions versées sur l’Angleterre « qui voit restauré son véritable gouvernement hiérarchique en communion avec le siège de Pierre », et qui « a retrouvé son orbite dans le firmament religieux d’où sa lumière avait longtemps disparu ».

Dès que le bref pontifical fut connu à Londres, il provoqua un accès furieux d’antipapisme. La lettre pastorale, lue dans les églises et publiée par les journaux, porta au comble l’indignation. L’excitation atteignit toutes les classes du pays ; elle n’atteignit pas seulement les catholiques, mais aussi les partisans du mouvement d’Oxford. La reine, dans sa réponse à une adresse de l’épiscopat dit à ses évêques : « Vous pouvez vous reposer sur ma détermination de soutenir également les droits de ma couronne et l’indépendance de mon peuple contre toute agression et empiétement d’une puissance étrangère. » F.-W. Cornish, op. cit., t. i, p. 346. Lord J. Russell, qui paraît bien avoir eu connaissance de l’acte