ton et d’autres amenèrent une Reply publiée en 1839.
Pendant l’avent de 1835 et le carême de 1836, durant un séjour à Londres, il donna des conférences, auxquelles assistaient habituellement Gladstone et Brougham, sur les principaux points de doctrine et sur les rites les plus importants de l’Église catholique : Lectures on the principal doctrines and practises of the Catholic Church, Londres, 1844. La solidité de l’exposé, leur caractère populaire, leur modération dans la controverse, attirèrent l’attention générale.
Dans la Revue de Dublin et dans le Catholic Magazine, il publia en 1838-1839 ses dissertations sur les puseyistes : Lectures on the High Church Movement in Oxford. Il y développe le thème que l’Église anglicane est essentiellement schismatique, qu’elle n’a aucun droit à la succession apostolique. Il voit dans les deux schismes donatiste et anglican une telle ressemblance que l’on peut affirmer, pour les raisons qui ont amené l’Église à condamner le donatisme, que le schisme anglican doit être lui aussi condamné, malgré les efforts des tractariens pour effacer les divergences entre l’Église d’Angleterre et celle de Rome. Ces dissertations ébranlèrent la via média de Newman et aidèrent à la conversion de celui-ci.
Les quatre dissertations que Wiseman donna à son retour à Rome en 1837 sur les offices et cérémonies de la semaine sainte, où il montre un sens profond de la liturgie de l’Église, furent éditées à Londres, en 1839, Four Lectures on the Offices and Cérémonies of Holy Week. Quatre autres dissertations, qu’il présenta a l’Académie romaine, sur la stérilité des missions protestantes, le mouvement d’Oxford, saint Grégoire VII et Boniface VIII, parurent ensemble, à Londres, en 1840.
Sur la demande de Léon XII, il avait fait une série de sermons dans l’église du Corso, à l’adresse des résidents anglais. Il les réunit en deux volumes : Sermons on moral subjects and Sermons on our Lord and the B.V. Mary, Dublin, 1864. Ces sermons sont riches en idées excellentes et notamment en images bibliques, mais dépourvus du développement souhaitable ; il y manque la dernière main.
Le souci qu’il avait de la formation spirituelle de ses élèves, dans l’accomplissement de ses fonctions de recteur, se révèle dans les Méditations on the sacred Passion of our Lord, méditations faites à leur intention, mais publiées pour la première fois en 1898.
2° Son influence comme recteur.
Ces premiers
travaux rendirent "Wiseman célèbre et laissaient prévoir une brillante carrière intellectuelle. Mais le contact qu’il eut à Rome avec plusieurs de ses compatriotes, catholiques et anglicans, allait donner une autre direction à son activité et la tourner vers son propre pays, en travaillant au relèvement des catholiques et au rapprochement avec les anglicans.
En 1830, le dernier fils de lord Spencer, né en 1799, curé depuis 1822 d’une paroisse de campagne, se convertit et vint à Rome, au Collège anglais, pour se préparer aux saints ordres. Il suggéra au jeune recteur, son cadet de deux ans, de se livrer à une besogne qu’il jugeait plus pratique que l’étude des manuscrits orientaux et de « prendre en main, comme il convenait à un prêtre, l’œuvre de la mission anglaise ». Ward, Life and time of card. Wiseman, t. i, p. 101.
Quelques années plus tard, en 1833, il recevait à Rome la visite de J.-H. Newman et de R.-H. Froude. Dans ces deux chefs du parti tractarien, Wiseman reconnut des hommes « de tendance catholique et de profonde loyauté ». Ward, op. cit., t. i, p. 118. « A partir de ce jour, écrira-t-il en 1847, je n’ai à aucun moment été ébranlé dans ma conviction qu’une ère nouvelle avait commencé en Angleterre… Je me suis
consacré à ce grand dessein et je n’ai abandonné que dans ce but mes études favorites. » Ward, op. cit., t. i, p. 119.
En même temps, il était entré en relations avec des catholiques progressistes de France, d’Allemagne et d’Italie, qu’on appelait alors les libéraux et qui lui donnèrent une vue plus large de la situation du catholicisme dans le monde : Montalembert, Lacordaire et Lamennais, qui furent quelque temps ses hôtes à Rome, pendant le procès de l’Avenir, cf. Dimnet, op. cit., p. 17, Dôllinger avec qui il resta longtemps en correspondance et qu’il visita à Munich, Rosmini. Il ne restera pas toujours fidèle à ses idées libérales, mais gardera sa sympathie à Montalembert.
Sous ces diverses influences, il va donner à ses efforts une orientation nouvelle : montrer comment l’Église catholique a toujours satisfait et satisfait encore à toutes les aspirations de l’humanité, religieuses, morales, esthétiques, sociales et politiques. Ce programme, il l’appliquera avant tout à son propre pays, dans le but d’y propager la foi catholique et de ramener à l’unité les frères séparés. Sans doute ne nourrissait-il pas les illusions de Spencer qui rêvait d’une Angleterre catholique ; du moins espérait-il arriver à faire tomber les préjugés contre le catholicisme et à libérer l’Église établie et l’esprit anglais du protestantisme.
Il venait alors de sortir d’une crise douloureuse, qui avait duré trois ans. Ses études bibliques l’avaient conduit sur un terrain dangereux, sans aucun guide expérimenté ; les dignités ecclésiastiques dont il avait été revêtu très jeune avaient produit l’isolement autour de lui. De cette épreuve, sa foi sortit victorieuse. Dans les conférences qu’il fit en 1835 sur les rapports des sciences et de la Révélation, il avait développé les deux arguments qui l’aidèrent à dissiper ses doutes. Le premier est celui que Newman reprendra plus tard sous le nom d’argument cumulatif : « La démonstration interne ou externe du christianisme, écrit Wiseman, se compose de nombreuses considérations tellement liées et rivées l’une à l’autre qu’une attaque partielle sur un point retentit sur tout le reste, de telle sorte qu’on est moins recevable à supposer le christianisme faux, à cause d’une objection insoluble, qu’à s’avouer impuissant devant cette objection et à garder cependant sa foi. » Cité par E. Dimnet, op. cit., p. 13 sq. Le second est celui de l’expérience intérieure, décisive pour celui qui a une fois connu l’effet des doctrines chrétiennes, qui y a trouvé la clé des secrets de son être et la solution de tous les problèmes moraux.
Pour réaliser en Angleterre l’action qu’il voulait entreprendre il lui fallait prendre un contact plus intime avec ses compatriotes. À la fin de 1835, laissant la direction du Collège au D r Errington, il quitta Rome pour Londres où, dans la chapelle sarde, puis dans l’église de Moorflelds, il fit des conférences en anglais durant l’avent de 1835 et le carême de 1836. L’effet fut considérable : les auditeurs affluèrent, parmi lesquels un grand nombre de protestants, des hommes instruits, comme Gladstone et lord Brougham. Le but de ces conférences était de combattre les préventions anglaises, non par la controverse, mais par le simple exposé des idées catholiques. C’est ainsi que Wiseman établit le principe d’autorité opposé au jugement privé, qu’il montra dans l’Église catholique l’autorité vivante qui fait défaut dans toute Église séparée. Il aborda ensuite l’exposé des doctrines catholiques, mal comprises ou défigurées par le protestantisme : pénitence, purgatoire, indulgence, invocation des saints, vénération des images et des reliques, transsubstantiation. La clarté de l’exposé, l’apport de preuves appropriées à l’état d’esprit des auditeurs,