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WIMPHELING (JACQUES)


il a le goût du style, de la pureté du langage. Il connaît les ouvrages de Laurent Valla, le célèbre humaniste italien. Il en résume les préceptes dans un écrit qu’il intitule : Eleganliarum medulla (1493). L’historien Janssen assure qu’il doit à l’influence de Jean de Dalberg, curateur de l’université de Heidelberg, puis évêque de Worms, la première idée de son ouvrage Isidoneus germanicus, qui est de 1496. Depuis 1487, il avait hérité de la cure de son oncle, à Soulz, il en percevait les revenus, tout en se faisant remplacer, selon l’usage fâcheux du temps, par un vicaire. Il songeait alors à se retirer, avec quelques amis, en quelque solitude de la Forêt-Noire. Mais le projet n’eut pas de suite. À l’appel de l’électeur palatin Philippe, il accepta de revenir à Heidelberg, en 1498, en qualité de professeur de rhétorique à l’université. Ses premières leçons portèrent sur les lettres de saint Jérôme et les poèmes de Prudence. Plusieurs de ses plus importants ouvrages datent de cette période. En 1501, toujours désireux de solitude, avec son ami, le chanoine Christophe d’Utenheim, il quitta Heidelberg pour Strasbourg. Mais son ami venait d’être nommé coadjuteur de l’évêque de Bâle. Sur les conseils de Geiler de Kaisersberg, il resta à Strasbourg. Juste à ce moment, Sébastien Brant venait se fixer aussi dans cette ville. Autour des trois personnages, Geiler, Wimpheling et Brant, animés du plus pur zèle pour la réforme chrétienne, se groupèrent de jeunes disciples. On sait qu’à la même date des groupes réformistes étaient à l’œuvre à Paris, à Londres, en Espagne. Mais la tâche était partout immense et, sauf en Espagne, où un Ximénès de Cisneros pouvait user d’une puissante influence politique, les nobles efforts d’un Standonck, d’un Lefèvre d’Étaples, d’un Mombaër, d’un Colet, d’un Thomas More, parallèles à ceux des trois Strasbourgeois, devaient rester en grande partie inefficaces.

Nous ne suivrons pas plus loin les détails de la vie de Wimpheling. Les grands événements de son existence sont désormais ses ouvrages. Disons seulement qu’il vécut surtout à Strasbourg, à Bàle, Fribourgen-Brisgau, Heidelberg, jusqu’en 1515, date à laquelle il se fixa dans sa ville natale, où il demeura, sauf quelques voyages plus ou moins prolongés, jusqu’à sa mort, le 17 novembre 1528.

IL Œuvres. — 1° De la période du séjour à Spire.

— Laudes Ecclesiæ Spirensis (1486) et peut-être Epislola de miseriis curalorum et plebanorum ; vers le même temps : De nuntio angelico (1494) et De Iriplici candore Mariée (1492), deux écrits qui témoignent, avec l’office de la Compassion de Marie, cité plus haut, de sa grande dévotion à la Vierge. Mais c’est surtout l’œuvre pédagogique do Wimpheling qui est intéressante. On a vu qu’à Spire, déjà, il composait un abrégé des Élégances de Valla et rédigeait un Guide du jeune Allemand sous le titre un peu recherché de Isidoneus germanicus (EtuoSoç véoç, nouveau chemin ) (1496). L’auteur y expose pour la première fois son idéal pédagogique. Il est franchement hostile aux vaines subtilités de la scolastique décadente. Il préconise une et iule de la grammaire et des lettres latines, afin de mettre le jeune étudiant en mesure de lire les saints Pères et les meilleurs passages des auteurs païens. Toutefois, il met l’accent sur les valeurs suprêmes de la vie : la parole de Dieu, la doctrine du salut, la connaissance intime du Christ et de son Évangile.

2° De la période de Heidelberg (1498-1501). — Trois’* ii -.tes importante* : Philtppteæi Agatharchia (î 198), dédit a l’électeur Philippe t destiné* à l’éducation de son fils, le prince Louis, sont consacré* à l’idéal du prince chrétien, ami des lettres et de la justice : Adolescenlia (1500) est l’œuvre pédagogique mai tresse de Wimpheling. Il y reprend le thème de V Isidoneus, mais avec plus d’ampleur et plus de maturité. Il parle désormais en humaniste réformateur. Les maux de l’Église l’affligent comme les plus nobles de ses contemporains. Il en voit la cause dans les vices de l’éducation, toute consacrée à de vaines études de logique formelle et à d’obscures discussions dialectiques. La réforme de la société chrétienne doit commencer par la réforme de l’éducation, car l’avenir dépend de la jeunesse et de sa bonne formation. Il développe, un peu pêle-mêle, vingt préceptes indispensables à la bonne éducation. Il y a de tout dans cette énumération, de l’excellent et du trivial, du sérieux et du comique, du profond et du naïf, au travers d’innombrables citations des auteurs classiques, des Pères de l’Église, des humanistes contemporains et des pieux personnages du passé. Parmi ses recommandations, il glisse d’intéressants détails de mœurs, des conseils utiles sur l’étude de l’histoire, notamment de celle des saints conciles, et aussi de la géographie.

Il est curieux de noter que Wimpheling a porté son culte du beau latin jusque dans le domaine liturgique. Il publia, en 1499 : De hymnorum et sequentiarum auctoribus generibusque carminum, et, en 1500 : Casligaliones locorum in canlicis ecclesiaslicis et divinis officiis depravatorum.

3° De la période de Strasbourg jusqu’à la mort (15011528). — Il semble que les trois amis que nous avons nommés, Geiler, Brant et Wimpheling, aient fondé une partie de leurs espoirs de réformateurs sur l’étude de l’histoire nationale. Pour le dernier, cela ne peut surprendre. C’était l’une de ses idées principales. Il publia en 1501 un ouvrage consacré à la gloire de son pays et dédié aux conseillers de la ville de Strasbourg : Germania, ad Argenlinenses. L’auteur y dénonce les obscurs complots des Welches, qui voudraient introduire en Alsace l’influence politique française. À l’en croire, il serait faux que l’ancienne Gaule eût pour frontière le Rhin. Elle ne dépassait pas, assure-t-il, la ligne des Vosges. Puis, il développe un plan d’éducation, selon les idées qui lui étaient chères et que ses précédents ouvrages avaient mises en relief. Son plan d’études comporte l’histoire, l’économie domestique et politique, la morale, l’art militaire, l’architecture et l’agriculture. L’ouvrage fut vivement attaqué par Thomas Murner (voir l’art. Murner), un franciscain de beaucoup de verve, qui y vit peut-être une critique du programme éducatif monacal, en vigueur jusque-là. Bien entendu, Wimpheling répliqua vertement, soutenu par ses amis, aux attaques de Murner, dont l’ouvrage fut interdit par le conseil de ville. Peu après, il publiait son Epilome rerum germanicarum qui est considéré comme la première histoire nationale allemande. Il y déploie, il est vrai, plus de patriotisme allemand que de science et d’esprit critique. Sous ce rapport, il est bien inférieur à son compatriote, Beatus Rhenanus, dont l’Histoire d’Allemagne est de 1531 (Rerum germanicarum libri III, Bàle). 41 n’en mérita pas moins le titre de « père de l’histoire germanique », peu après que Robert Gaguin avait mérité celui de « père de l’histoire de France » (1495).

Eli 1505, Wimpheling publie, à Fribourg, un petit ouvrage qui soulève contre lui un redoutable orage. Il s’agit d’un opuscule sur la pureté : De integritate. L’auteur, qui avait peine à vivre et que des intrigues avaient privé de diverses expectatives de bénéfice*, à Strasbourg, avait dû se faire précepteur et accompagner des enfants de bonnes familles strasbourgeoise*

à l’université de Fribourg-en-Brlsgau. Parmi ces

enfants, se trouvait notamment le futur conseiller de ville, Jacques Sturm. ("est à leur intention que le précepteur avait compose son [ivre. Mais il était de