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WESSEL — W E T Z E I’. ( H E N R IJ O S E P H


Cela seul suffit à donner leur sens exact à des affirmations du genre de la suivante : Nos, quod salute coronamur, non ex nostro certamine, sed tua propugnante fit gratia, ut donn tua corones in nubis, non mérita nostra. Tous les familiers de saint Augustin reconnaîtront ici son langage, qui est passé dans [dus d’une formule liturgique, mais il n’y a rien de plus conforme à la théologie catholique que ces expressions de véritable humilité. Pour Wessel, le salut s’opère en nous, mais avec nous. Les trois facultés de notre âme y collaborent : la memoria, parce qu’en elle se grave la notitia ou connaissance des moyens de salut, — Y intelligentia, dans laquelle s’opère le véritable discernement de l’idéal à atteindre (dijudicatio ) qui est l’union à Dieu par l’amour, — et enfin la volunlas, par laquelle l’amour réalise l’idéal entrevu. Encore une fois, tout cela est très augustinien, mais n’est en rien luthérien. Et comme c’est là le centre même des controverses entre le luthéranisme et le catholicisme, il est clair que Wessel est aux antipodes du luthéranisme. Le seul fait d’admettre le libre arbitre, la justification par l’amour dérivant de la foi, et d’ignorer totalement la certitude du salut, suffit à établir un abîme entre la doctrine de Wessel et celle de Luther.

Mais il y a d’autres différences : Luther ne veut connaître que la Bible, comme source de la vérité révélée ; Wessel y joint la Tradition. Luther fait consister la justification dans une imputation tout extérieure des mérites de Jésus-Christ ; Wessel y voit un don intérieur de l’Esprit-Saint qui vient habiter dans l’âme du juste. Luther rejette violemment la messe et la transsubstantiation, Wessel ne repousse ni l’une ni l’autre. Il insiste seulement sur les dispositions du cœur, pour recevoir l’eucharistie, au point de mettre la communion « spirituelle » presque au-dessus de la communion « sacramentelle ». Il parle avec admiration des Pères du désert, de saint Paul l’ermite et de saint Antoine, et il rappelle que, sans pouvoir faire la sainte communion, ils n’en étaient pas moins, par la simple communion de désir et de pensée, de très grands saints. Luther, au surplus, trouvait la doctrine eucharistique de Wessel si éloignée de la sienne qu’il écarta, de l’édition faite par lui de ses œuvres, celles où Wessel parlait de ce sacrement. Il n’y a pas lieu cependant de conclure, comme on l’a fait parfois, à une parenté entre la doctrine eucharistique de Wessel et celle de Zwingli, bien qu’un ami de Wessel, Van Hoen (Honius), ait tiré des ouvrages de Wessel la théorie du pur symbolisme eucharistique qu’il fit adopter avec tant de chaleur par Zwingli.

Terminons ce bref exposé des doctrines de Wessel en disant qu’à l’exemple de Scot il croit que l’incarnation aurait eu lieu même sans le péché de l’homme, simplement parce que l’achèvement de la création et de l’œuvre d’amour de Dieu dans le monde appelait l’Homme-Dieu. L’âme du Christ fut assumée par le Verbe, par pur amour, et elle n’avait d’autre mission que de communiquer l’amour aux autres créatures. Cette conception, si discutable qu’elle puisse être, ne manque pas de grandeur. Il n’y avait tout de même pas de quoi surnommer l’auteur passablement nuageux de la théologie que l’on vient de résumer : lux mundi !

Sources.

Dans l’édition de Weimar des Œuvres de

Luther, t. x b, p. 310-317 ; Magistri Wesseli Gansfortii opéra quæ inveniri potuerunt otnnia, édité par Alb. Hardenberg, à Groningue, in-4°, 1614.

Littérature.

Hardenberg, préface des œuvres de

Wessel, cité ci-dessus : Vita Wesseti ; Effigies et vitæ professorum academiæ Groningæ et Omlandiæ, Groningue, 1654 ; Muurling, Commentatio bistorico-theologica de Wesseli Gansfortii cum vita tum meritis in præparanda sacrorum emendatione, in Belgio septentrionali, Utrecht-sur-le-Rhin,

1831 ; Ullmann, ouvrage cité dans l’article ; Friedrich, ouvrage cité dans l’article ; Nicolas Paulus, dans Der Katholik, 1900, t. i, p. 1 sq. ; Van Hhijn, Wessel Gansfort, Groningue, 1917.

L. Cristiani.


WESSENBERG (Ignace-Henri von), théologien allemand, 1 774-1 860. — Ignace-Henri von Wessenberg naquit à Dresde le 4 novembre 1774. Il fit ses études à Dillingen où il fut l’élève de Sailer, voir ce mot, t. xiv, col. 750. Entré dans la carrière ecclésiastique, il devint successivement chanoine, vicaire général de Constance, puis coadjuteur de l’évêque de ce diocèse (1815) ; élu vicaire capitulaire de Constance en 1817, il vit son élection cassée par le Saint-Siège. Les attaques dont il fut l’objet obligèrent Wessenberg à renoncer, en 1827, à ses diverses fonctions. Il mourut à Constance le 9 août 1860. Wessenberg fut un théoricien tantôt insidieux, tantôt brutal, du libéralisme anti-romain. Ses écrits sont des œuvres de combat contre la primauté romaine, la spiritualité mystique, les dévotions populaires, le culte liturgique. Son action a été considérable dans les milieux ecclésiastiques de l’Allemagne du Sud. Plus tard, les vieux-catholiques et les modernistes ont certainement subi son influence. Les ouvrages de Wessenberg sont : Die Stellung des rômischen Stuhls gegenùber dem Geiste des XIX. Jahrhunderts oder Belrachtungen ùber seine neuesten Hirtenbriefe, mis à l’Index par décret du 17 septembre 1833 ; — Die grossen Kirchenversammlungen des xv. und XVI. Jahrhunderts, mit einleitender Uebersichl der frûheren Kirchengeschichte kritisch dargestellt, Constance, 1840, 4 vol., in-8° ;

— Die Bisthums-Synode und die Erfordernisse und Bedingungen einer heilsamen Herstellung derselben, von dem Verfasser des Werkes : Die grossen Kirchenversammlungen des xv. und XVI. Jahrhunderts, mis à l’Index par décret du 25 octobre 1841 ; — Golt und die Welt oder das Verhàltniss aller Dinge zu einander und zu Gott, 1857, 2 vol.

Beck, Freiherr I. H. von Wessenberg, sein Leben und Wirken, zugleich ein Deitrag zur Geschichte der neueren Zeit, auf Grundlage handschriftlicher Aufzeichnungen Wessenbergs, Fribourg, 1862 (Index, décret du Il juin 1866) ; Rosch, Das religiôse Leben in Hohenzollern unter dem Einflusse des Wessenbergianismus 1800-1850, Cologne, 1908 ; Allgemeine deutsche Biographie, t. xlii, p. 147-157 ; Reusch, Index der verbotenen Bûcher, t. ii, p. 1081 ; Schulte, Geschichte der Quellen und Literatur des canonischen Rechls, t. iii, p. 317 ; Freiburger Diôzesan-Archiv, 1927, p. 370 ; Die Religion in Geschichte und Gegenwart, t. v, col. 1880 ; Catholic Encyclopedia (NewYork), t. xv, p. 590-591 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. v, col. 132 ; Roskovany, Romanus Pontifex primas, passim ; cf. Dictionnaire apologétique, t. iv, col. 687.

J. Mercier.


WETZER Henri-Joseph, orientaliste allemand et co-directeur avec Welte du Kirchenlexicon (18011853). — Né à Anzefahr (Hesse électorale) le 19 mars 1801, il commença ses études au collège de Marbourg, et les poursuivit aux facultés de philosophie et de théologie de la même ville. Son attention se portait, d’ailleurs, vers la philologie orientale (hébreu et arabe), plutôt que vers la théologie, à laquelle il devait finalement renoncer ; rentré dans le monde, il se mariait en 1831. Entre temps, il avait fréquenté les universités de Tubingue et de Fribourg, fait à Paris un séjour de dix-huit mois, pendant lequel il fut l’élève de Quatremère et de Sacy. Il rapporta de Paris les matériaux d’une édition de l’écrivain arabe AI Makriz, dont il publia en 1828 VHistoria Coptorum christianorum in JEggpto, texte arabe et traduction latine, qui lui ouvrit les portes de l’université de Fribourg, où il devenait, en 1828, professeur suppléant et en 1830 professeur ordinaire de philologie orientale. À cet enseignement il ajouta d’ailleurs celui de l’herméneu-