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TESTAMENT (ANCIEN ET NOUVEAU)


vocation d’Abraham, l’apparition de Dieu à Moïse dans le buisson ardent sont deux faits capitaux de l’Ancien Testament ; la mort de Jésus-Christ est le fait central du Nouveau ».

Enfin cette histoire de l’une et de l’autre économie est consignée en deux groupes de livres que l’on désigne eux aussi sous le nom d’Ancien et de Nouveau Testament. On parle du texte, du canon, des versions, de l’interprétation de l’Ancien et du Nouveau Testament. L’Ancien Testament est l’ensemble des livres inspirés et canoniques antérieurs à Jésus-Christ ; le Nouveau l’ensemble des écrits inspirés et canoniques postérieurs à Jésus-Christ.

I. Le mot « Testament » et la réalité. II. L’Ancien Testament (col. 186). III. Le Nouveau Testament (col. 190).

I. Le mot « Testament » et la réalité. — Il est intéressant de voir comment le mot SiaOyjxYj (testamentum ) qui, dans la langue classique et le grec hellénistique, signifie, le plus ordinairement « expression des dernières volontés », en est venu, dans le langage scripturaire et ecclésiastique, à l’acception courante d’ « économie de salut ».

A vrai dire le sens premier n’est pas entièrement inconnu dans l’Écriture. Cf. Gal., iii, 15 : « Le testament en bonne forme d’un homme, nul ne peut le casser ou le modifier. » Et Hebr., ix, 16 : « Là où il y a testament, il est nécessaire (pour qu’il soit exécutoire) qu’intervienne la mort du testateur. » Ce sens ne se rencontre d’ailleurs que dans les écrits néo-testamentaires, car l’Ancienne Loi ne connaissait guère le droit de tester.

Pour l’ordinaire, le sens du mot 8ta07jxrj dans la langue du Nouveau Testament est le même que celui de 8t, a07]xï] dans les Septante. Or, chez ces derniers, il est, dans l’immense majorité des cas, la traduction du mot hébreu berit, dont il importe de rechercher dès lors la signification exacte.

On s’exposerait à de graves contre-sens en traduisant uniformément le terme hébraïque par « alliance ». C’est quelquefois exact : David et Jonathas font entre eux un « pacte », une « alliance », qui renforce leur mutuelle amitié et la met plus spécialement sous la protection de Jahvé. I Reg., xviii, 3 ; xx, 8 ; xxiii, 18. Ainsi avaient fait jadis Jacob et Laban, tant en leur nom personnel qu’en celui de leurs ayantscause, Gen., xxxi, 44-54, où l’on remarquera, d’ailleurs, que Jahvé intervient au contrat, comme garant de son exécution.

Mais, le plus ordinairement, le berit, la 8ta07]X7) dont parlent les textes scripturaires désigne un pacte d’un genre assez spécial : celui qui met en rapport l’homme et la divinité. Cf. Gen., xv, 18 : pacte entre Jahvé et Abraham, scellé par un rite sacrificiel d’un genre très particulier, ibid., 8-Il et 17 ; cf. Jer., xxxiv, 18 sq. Il va de soi que, dans un pacte de ce genre, il n’y a plus, comme dans le cas précédent, égalité entre les contractants : la personnalité transcendante qui intervient fait que l’alliance ainsi conclue entre Dieu et les hommes ne signifie rien de plus, mais aussi rien de moins, que la détermination formelle d’une situation qui déjà existait en droit. Le fait pour l’homme d’accepter sa dépendance par rapport à la divinité ne change rien à la réalité primitive de cette dépendance. Il reste pourtant qu’il y a, de la part de l’homme, une acceptation solennelle d’un état de fait, laquelle renforce les liens qui l’unissaient à Dieu, et que cette acceptation lui donne une sorte de droit à une bienveillance spéciale de la divinité. Étudier à ce point de vue les termes de la SkxGyjxt] conclue au Sinaï, Ex., xix, 5 sq. ; xxiv, 4-11, voir surtout ꝟ. 8 et comparer xxxiv, 10 ; étudier aussi le pacte conclu, à Sichem, par le peuple d’Israël à l’instigation de Josué. Jos., xxiv, 1-28.

En définitive dans un « pacte » de ce genre, le caractère bilatéral est plus ou moins masqué. La Sia07pc7] qui règle les rapports d’Israël avec Dieu est beaucoup moins une « alliance » que l’expression d’une volonté unilatérale de Dieu. C’est Dieu qui impose, au peuple qu’il a choisi, un ensemble de dispositions spéciales, dont les unes proviennent directement de la nature même des choses, dont les autres sont librement surajoutées par la divinité. Aussi, pour les Septante, le mot 8t, aGY)X7) prend-il, en dernier ressort, la signification de « disposition », d’» ordres ». d’ « ordonnances » ; il ne traduit plus seulement berit, mais à l’occasion aussi lôrah, dâbâr (cf. Deut., ix, 5), hôq ; dans les textes poétiques, il vient, en raison du parallélisme, comme équivalent de vôpioç (loi), Tcp6aTayu.a (ordonnance), èvToXaî (commandements), St.xaicou.aTa ou xpîu.aTa qugements). Il est trop clair que, pris ainsi comme synonyme de v6u.oç, le mot StaO/jxï) n’a plus du tout le sens de « pacte », de « traité », d’ « alliance », mais seulement de commandement s’imposant d’autorité. Aussi 81a07 ; x7) sera-t-il surtout employé pour la « loi » du Sinaï ; cf. Ex., xxxiv, 27 ; et surtout Deut., iv, 13 : « Jahvé promulgua sa St, a0Yjxv), qu’il vous ordonna d’observer : (c’est à savoir) les dix paroles (commandements), qu’il écrivit sur les deux tables de pierre. » Ces tables de la loi sont conservées dans le coffret sacré, qui de ce fait s’appelle justement 1’ « arche d’alliance », xiêcÛTOç TTJç Sta0y]X7)ç, nommée dans Ex., xxxi, 7, haàrôn la’edut, l’arche du témoignage, tandis que, Deut., xxxi, 26, elle est appelée’arôn berit Jhvh, l’arche de l’alliance de Jahvé. Ainsi la 8t.a07]xv) n’est rien d’autre, en définitive, que la Loi. Le parallélisme des deux expressions est bien indiqué I Mac, i, 59-60 : « Si l’on trouvait quelque part les livres de la Loi, on les déchirait et on les brûlait. Celui chez qui un « livre de l’alliance » était trouvé… était mis à mort. » Comparer Eccli., xxiv, 22 : « Tout cela, c’est le livre de l’alliance de Dieu, c’est la Loi que Moïse a donnée pour être l’héritage de l’assemblée de Jacob. »

Ne mettons pas, d’ailleurs, sous le mot de Loi un concept exclusivement légaliste. Comprise ainsi, la Loi est sans doute un complexe d’institutions de divers genres, mais ce complexe est ordonné au « salut » du peuple et des individus qui composent celui-ci. Nous voici au concept d’économie de salut. Ce sens est très clair dans Jer., xxxi, 31 sq., où est dénoncée la caducité de la 8ta07)XY) donnée au Sinaï et promise une 81a0yiXY) nouvelle ; celle-ci ne sera plus inscrite sur des tables de pierre ; cette loi, Dieu l’écrira dans les cœurs : « Tous connaîtront Jahvé, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, car, dit Jahvé, je pardonnerai leur iniquité et je ne me souviendrai plus de leur péché. » Par où l’on voit que la nouvelle Sia0r)xr) est quelque chose d’intérieur et de moral, une connaissance et une charité, à la différence de l’ancienne qui réglait surtout des attitudes et des gestes extérieurs.

Les écrits néo-testamentaires recueillent ces sens divers du mot berit, transposé en St, a0Y)XT). Le mot intervient neuf fois dans les épîtres pauliniennes. Dans Rom., ix, 4, le sens de « précepte » est si bien conservé qu’il est question, au pluriel, des StaO^xat ; cf. Lph., il, 12. Mais plus fréquent est le sens d’ « économie de salut » ; dans Rom., xi, 27, la référence est même expresse à la promesse de Jérémie. Cette « économie » est donc une économie nouvelle par rapport à l’ancienne ; l’Apôtre et ses collaborateurs en sont les ministres : Stâxovot xaivvjç Sia0rjx7 ; ç, II Cor., m. 6. Ces deux économies s’opposent jusqu’à un certain point l’une à l’autre : Agar et Sara en sont les deux types figuratifs : aÛTat yâp slatv 8<jo SiaOîjxai, Agar représentant la loi de servitude, Sara la loi de liberté. Gal., iv. 24-26. Enfin, tout comme dans les Machabées, le mot 8ta0y ; x7) désigne le livre même où est inscrite la loi : « durant la