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1515 TRÉVOUX (MÉMOIRES) — TRIBUNAUX ECCLÉSIASTIQUES 1516

taisiste, il aboutit à certaines théories passablement extravagantes : « On doit le regarder comme un des hommes de son siècle qui a eu le plus de vues et le plus d’écarts. » Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. ii, col. 827. Il publia de nombreux ouvrages, en particulier : Traité de physique de la pesanteur universelle des corps, 2 vol., Paris, 1724 ; le système de l’univers s’explique par la pesanteur, qui dépend de deux principes : de la gravité des corps et de l’action des esprits ; Mathématique universelle, Paris, 1728 ; L’optique des couleurs, Paris, 1740. Dans ce dernier ouvrage, dont il avait exposé les principes dans sept articles des Mémoires, août à décembre 1735, il imagine une machine aussi bizarre que compliquée, qu’il appelle clavecin oculaire, grâce à laquelle on pourrait produire, pour l’œil, des altérations et harmonies de couleurs analogues à ce qu’est la musique pour l’oreille ; malgré de longs efforts et de grandes dépenses, il ne réussit jamais à mettre au point sa fameuse machine. Il collabora aux Mémoires pendant une trentaine d’années, à partir de 1720, et y publia plus de 300 comptes rendus et un grand nombre de dissertations originales. — Catrou François. Voir t. ii, col. 2012-2013. Fondateur du journal, il y collabora pendant une douzaine d’années. Ses articles étant tous anonymes, on ne peut pas préciser l’étendue de sa collaboration ; il était fort apprécié comme critique.

— Chahlevolx Pierre-François-Xavier. Né à Saint-Quentin en 1682, il entra dans la Compagnie en 1698. De 1705 à 1709 et de 1717 à 1722, il séjourna en Amérique. En 1722, il est rédacteur aux Mémoires et y collabora pendant vingt-deux ans ; mais on ne connaît que deux de ses articles. Il mourut à la Flèche en 1761, après avoir publié plusieurs ouvrages justement célèbres : Histoire de l’établissement, des progrès et de la décadence du christianisme dans l’Empire du Japon, 3 vol., Rouen, 1715 ; Vie de la Mère Marie de l’Incarnation, Paris, 1724 ; Histoire de Saint-Domingue, 2 vol., Paris, 1730-1731 ; Histoire et description générale du Japon, 2 vol., Paris, 1736 ; Histoire et description générale de la Nouvelle-France, 3 vol., Paris, 1745 ; Histoire du Paraguaꝟ. 3 vol., Paris, 1756. À chacun de ces ouvrages, les Mémoires consacrent un article. — Hardouin Jean, voir t. vi, col. 2042-2046. Il fut associé à la rédaction des Mémoires depuis leurs débuts jusqu’en 1729, date de sa mort. De très nombreuses dissertations, sur l’Écriture sainte, la patrologie, l’histoire, la numismatique, témoignent de son immense érudition, mais aussi de son esprit aventureux et paradoxal. A propos de son mémoire, Explication du taurobole et du criobole (octobre 1726), les PP. de Backer notent : « On dirait que le P. Hardouin a donné cette explication pour prouver jusqu’où il pouvait se jouer de la crédulité de ses lecteurs » (Bibl. des écrivains de la Comp-de Jésus, t. i, p. 381). — Merlin Charles, voir t. x, col. 786-787. Il publia dans les Mémoires, de 1735 et 1739, de nombreuses dissertations sur l’Écriture-Sainte, la patrologie, la mythologie et l’histoire, et sans doute d’autres articles ou comptes rendus anonymes. — Souciet Etienne. NéàBourgesen 1671, il entra dans la Compagnie en 1690. Il mourut à Paris en 1744. Grâce à la réputation que lui valait sa vaste érudition, grâce à sa charge de bibliothécaire du collège Louis-Ie-Grand, il avait des relations amicales avec les plus grands savants de tous les pays d’Europe. Il collabora en particulier avec les Bollandistes et leur envoya de nombreux mémoires. Son ouvrage Recueil de dissertations, contenant un Abrégé de chronologie… (Paris, 1727) contient cinq dissertations contre la chronologie de M. Newton. Il rédigea et publia des Observations mathématiques, astronomiques, géographiques… tirées des anciens livres chinois ou faits nouvellement aux Indes et à la Chine par les Pères de la Compagnie de

Jésus, Paris, 1729. Dopuis 1708, ou déjà plus tôt, il collabora aux Mémoires, dont il fut, à partir de 1720, un des rédacteurs attitrés. Les articles que nous connaissons et qui intéressent la théologie se retrouvent en partie dans son ouvrage (anonyme), Recueil de dissertations critiques sur les endroits difficiles de l’Écriture-Sainte. .., Paris, 1715. — De Tournemine René-Joseph : voir ci-dessus, col. 1244. Directeur du journal de la fin de 1701 à 1719, il en fut le principal animateur et lui donna, jusque peu de temps avant sa mort (1739), de très nombreux articles. — De Vitry Edouard. Né à Châlons-sur-Marne en 1666, il entra dans la Compagnie en 1682. Il enseigna à Cæn successivement la philosophie, les mathématiques, l’Écriture-Sainte et la théologie. Pendant un séjour de plusieurs années à Cambrai, il vécut dans l’intimité de Fénelon, qui en fit son théologien. En 1717, il fut appelé à Rome en qualité de réviseur des livres publiés par les membres de son ordre. Il y mourut en 1730. Nous connaissons de lui un assez grand nombre de dissertations publiées dans les Mémoires, de 1711 à 1729, en particulier sur des sujets de patrologie : Clément d’Alexandrie (août 1716 et mars 1717), saint Jérôme quin 1717 et décembre 1718), saint Paulin (septembre 1717), saint Augustin (septembre 1717), Théophile d’Alexandrie (janvier 1719).

Notons, pour terminer, que le Dictionnaire universel français et latin, connu sous le nom de Dictionnaire de Trévoux (l re édition en 1704), n’est pas, comme on l’a dit souvent, l’œuvre des journalistes de Trévoux : ainsi l’ont déclaré les Mémoires à plusieurs reprises, tant pour la 1™ édition que pour celle de 1721. D’après les Mémoires (addition à avril 1704), le duc du Maine avait dressé le plan du Dictionnaire et le P. Bouhours y avait travaillé. Il est certain cependant que le P. Souciet a eu une grande part à l’édition de 1721 ; « mais il ne voulut point l’avouer parce qu’on y inséra certaines choses qu’il désapprouvait ». Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. vii, col. 1397.

Certains attribuèrent également aux rédacteurs des Mémoires le Mercure de Trévoux (à partir de 1708), imprimé dans la même imprimerie et mis en vente à la même librairie. Les rédacteurs des Mémoires déclarèrent à plusieurs reprises qu’ils n’y avaient aucune part. Dumas, p. 53, note.

P.-A. Alletz (avocat), L’esprit des Journalistes de Trévoux, 4 vol., Paris, 1771 : choix de comptes rendus et de quelques dissertations originales des Mémoires ; abbé Grosier, Les Mémoires d’une Société célèbre, 3 vol., Paris, 1790 : choix de dissertations parues dans les Mémoires ; P. C. Sommervogel, S. J., Essai historique sur les Mémoires de Trévoux, 101 pages, en tête de sa Table méthodique des Mémoires de Trévoux (1701-1776), 3 vol., Paris, 1864-1865 ; du même : Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. viii, col. 227-229 ; Gustave Dumas, Histoire du Journal de Trévoux depuis 1701 jusqu’en 1762, Paris, 1936.

J.-P. Grausem.

    1. TRIBUNAUX ECCLÉSIASTIQUES##


TRIBUNAUX ECCLÉSIASTIQUES. —

I. Généralités. II. Tribunaux de première instance, col. 1518. III. Tribunaux de deuxième instance, col. 1520. IV. Tribunaux du Saint-Siège, col. 1520.

I. Généralités.

1° Le mot tribunal désignait chez les Romains le lieu du forum, élevé et bien en vue, d’où le préteur, assis sur la chaise curule, instruisait les procès et rendait la justice. Par extension on l’a entendu également de l’ensemble des personnes qui sont appelées à porter le jugement ou à y collaborer. C’est dans ce sens qu’il est usité aujourd’hui dans le droit de l’Église. L’existence de tribunaux dans la société ecclésiastique est le corollaire logique et nécessaire du pouvoir judiciaire dont le Christ a dotée celleci. Voir Procès ecclésiastiques, t. xiii, col. 623 sq.

2° Seules les affaires proprement contentieuses, tant par leur nature que par la volonté des plaideurs, ainsi