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1509 TREUVÉ (SIMON-MICHEL) — TRÉVOUX (MÉMOIRES DE) 1510

    1. TREUVÉ Slmon-Mlohel##


TREUVÉ Slmon-Mlohel, ecclésiastique français (1651-1730). — Né à Noyers, près de Tonnerre, le 8 août 1651, il entra chez les doctrinaires en 1668, mais il les quitta en 1673, après avoir été régent dans leur collège royal de Vitry-le-François ; il devint alors vicaire de Mathieu Feydeau, célèbre janséniste et curé de Vitry, et entra en relation avec Guillaume Le Roy, abbé de Haute-Fontaine et ami de Feydeau ; en 1677, il vint à Époisses, en Bourgogne, situé à quelques lieues de Noyers ; c’est là qu’il entra en relation avec Mme de Sévigné. En 1682, on le trouve à Paris ; il prêche à Saint-Jacques du Haut-Pas et enchante Mme de Sévigné qui le compare et le préfère presque à Bourdaloue ; puis il est vicaire à Saint-André des Arts et entre en relation avec le grand Arnauld, auquel il pose des cas de conscience dans une lettre du 10 août 1684. En 1690, Bossuet, l’évêque de Meaux, le choisit comme son théologal et l’amène dans son diocèse, où il travaille au bréviaire de Meaux. Grand partisan de Port-Royal, il fut, dès le début, opposé à la bulle Unigenitus ; aussi, le successeur de Bossuet, le cardinal de Bissy, l’obligea-t-ii à donner sa démission de théologal, le 9 avril 1711. Treuvé quitta Meaux et revint à Paris, où il se retira sur la paroisse de Saint-Nicolas des Champs ; c’est là qu’il mourut le 22 avril 1730.

Treuvé jouit d’une grande réputation de prédicateur et Ledieu parle souvent de lui dans ses Mémoires, surtout à l’époque où il était théologal de Bossuet. Les écrits qu’il publia eurent du succès ; ils sont tous empreints d’une morale austère, qui porte la marque du jansénisme : Instructions sur les dispositions qu’on doit apporter aux sacrements de pénitence et d’eucharistie, tirées de l’Écriture sainte et des saints Pères et de quelques autres saints auteurs, in-12, Paris, 1676 ; cet ouvrage est dédié à Mme de Longueville et fut très apprécié dans les milieux jansénistes. — Le directeur spirituel pour ceux qui n’en ont point, in-12, Paris, 1696, souvent réimprimé, contient des exagérations de doctrine ; une traduction anglaise, publiée en 1729, fut mise à l’Index par un décret du 18 juillet 1729. — Devoirs des pasteurs par rapport à V instruction qu’ils doivent à leur peuple, in-12, Châlons, 1699. — Discours de piété, 2 vol. in-12, Paris et Lyon, 1696-1697 ; le premier volume, pour l’octave du Saint-Sacrement, est dédié à l’archevêque de Paris. Le second contenant l’explication des mystères et l’éloge des saints que l’Église honore pendant l’Avent, fut publié à Lyon, « pour servir de lecture spirituelle aux personnes qui ne peuvent entendre les instructions publiques. — Lettre à M. Arnauld sur plusieurs cas de conscience. — Prières tirées de l’Écriture sainte et de l’office de l’Église, avec des prières du matin et du soir, une explication des cérémonies de la messe et des prières pour y suivre le prêtre, in-12, Paris et Liège, 1696. — Histoire de Duhamel, docteur de Sorhonne et curé de Saint-Merry, in-12, Paris, 1697. — Discours sur la vie des religieux de La Trappe, in-12, Paris, 1697. — Dissertation sur l’excommunication, in-12, s. 1., 1715 et in-4°, 1726. — Deux retraites de dix jours. — Treuvé a mis en ordre les Cas de conscience de Lamel et Fromageau, 2 vol. in-fol., P iris, 1732. L’encyclopédie de Migne, Les orateurs sacrés, t. xi, col. 901-1292 contient les œuvres di Treuvé dont le Dictionnaire des jansénistes de Patoutllet dit, t. i, p. 441-443, « qu’elles sont remplies d’err -urs ».

Michaud, Biographie uniuersellr, t. xi.m, p. 134 ; Richard et Giraud, lliblinthèque sacrée, t. xxv, p. 289-290 ; Feller, Biographie universelle, t. vtn, p. 198 ; Nouvelle* ecclésiastiques du 4 man 1730, p. 3 ; Labellc, Nécrologe (les plu* célèbres appelant* et apposant* à ta bulle Unigenitus, p. 446-452 ; C.orrepontlajre tir Bossuet, M. Urbain nt Lr-vesrpie, t. IX, p’" 1-99 ; E. Griselle, Bourdaloue, histoire critique de tapré dication, t. n ; Eugène Barbier, Le théologal de Bossuet, Simon-Michel Treuvé, in-8°, Dijon, 1904.

J. Carreyre.

    1. TRÉVOUX (MÉMOIRES OU JOURNAL##


TRÉVOUX (MÉMOIRES OU JOURNAL. DE),

célèbre publication périodique des jésuites du collège Louis-le-Grand (1701-1762).

I. Histoire.

En 1682, Louis XIV donna à son fils naturel, le duc du Maine, la petite principauté des Dombes comme État libre et indépendant. Désireux de favoriser les sciences, le duc créa en 1695 à Trévoux, capitale de la principauté, une imprimerie importante. Quelques années plus tard, il invita les jésuites à y faire imprimer, sous ses auspices, un journal (au sens du xviir 8 siècle) rendant compte des publications importantes et des événements intéressants dans le domaine scientifique et littéraire. C’est cette publication qu’on désigne d’ordinaire sous le nom de Mémoires ou de Journal de Trévoux. Nous en résumons brièvement l’histoire d’après les études du P. Sommervogel et du P. G. Dumas (voir la bibliographie).

1° Les Mémoires à Trévoux (1701-1731) et à Lyon (1731-1733). — Nous ignorons si le projet de la fondation du journal émanait du prince ou si la première idée vint des jésuites. On a attribué à ces derniers le dessein de faire concurrence au Journal des Savants (fondé en 1665) ou de combattre l’Académie des Inscriptions qu’ils auraient jugée trop téméraire et janséniste. Cette dernière suggestion n’est certainement pas fondée : le P. Sommervogel établit qu’au moins seize pensionnaires ou associés de l’Académie ont collaboré aux Mémoires. Si les jésuites eurent l’idée d’un nouveau journal, ce fut sans aucun doute dans le but de rendre service aux savants et de défendre les doctrines de l’Église contre le protestantisme et le jansénisme. Quoi qu’il en soit, l’initiative fut laissée au duc. Les Mémoires de Trévoux écrivent en février 1722 : « Le grand cours des journaux hérétiques fit naître à Mgr le duc du Maine l’idée d’un journal où l’on eût principalement en vue la défense de la religion. »

La rédaction du nouveau journal fut confiée au célèbre collège Louis-le-Grand à Paris, dont la vaste bibliothèque facilitait le travail. Quatre rédacteurs attitrés furent désignés. La direction fut assurée d’abord, semble-t-il, par le P. Catrou, puis, à partir de la fin de 1701, par le P. Tournemine. À côté de ces deux Pères, les PP. Hardouin, Despineul et Buffier figurent parmi les premiers collaborateurs. Les rédacteurs n’ont jamais résidé à Trévoux. La distance qui séparait la rédaction de l’imprimerie devait être dans la suite une cause, constante de retards, de fautes d’impression et d’autres ennuis.

Le journal commença à paraître en mars 1701 (numéro de janvier-février). Il avait comme titre : Mémoires pour l’histoire des sciences et des beaux arts. Recueillis par l’ordre de son Altesse Sérénissime Monseigneur le Prince Souverain de Dombes. A Trévoux, de l’imprimerie de S. A. S. Et se vendent à Paris, chez Etienne Ganeau, libraire… De format petit in-12. il parut d’abord tous les deux mois, puis, à partir de 1702, tous les mois. À partir de cette même année, les armes du duc du Haine figurent sous le titre.

La Préface du premier cahier indique nettement le but de la publication. Le journal donnera des comptes rendus de tous les livres écrits en France ou à l’étranger et intéressant les sciences. Il acceptera également des mémoires nu communications sur « tout ce qui peut contribuer à satisfaire la curiosité des gens de lettrée ». Dans les premières années, les « extraits » ou comptes rendm des livres pouvaient être faits par les BUteun eux-mêmes ; à partir de 1712 Cependant, on exclut les auteurs, afin d’assurer aux extraits une