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1489 TRENTE (CONCILE DE). RÉCEPTION DANS LES ÉTATS 1490

cite, pour l’Italie, les synodes suivants : 1564 : Parme, Pérouse, Sebenico ; 1565 : Modènc, Naples ; 1567 : Bénévent, Manfredonia, Otrante, Naples, Narni ; 1568 : Ravenne, Luni et Sarzana, Orvieto ; 1569 : Capoue, Urbino, Facnza ; 1570 : Plaisance, Ravenne ; 1571 : Bénévent, Foligno, Lucques ; 1572 : Verceil. Rentré à Milan, saint Charles Borromée ne tint pas moins de onze synodes diocésains et six synodes provinciaux pour promouvoir et faire appliquer dans le nord de l’Italie la réforme tridentine (1565, 1569, 1573, 1576, 1579, 1581). Le coadjuteur d’Aquilée, François Barbaro, réunit en 1596 le synode d’Udine. Deux synodes diocésains à Cividale, en 1602, imposèrent la discipline de Trente aux fidèles de langue allemande et slave soumis à Venise ou à Goritz. Séminaires et synodes se multiplièrent sur tout le territoire. Voir les énumérations dans Pastor, t. xvii, p. 167, note 2 et 169, note 1. Les visites épiscopales aussi : dès 1560, le cardinal Ghislieri visitait son évêché de Mondovi. Caligeri, au nom du cardinal Scotti, visitait le diocèse très négligé de Plaisance ; en 1570, l’évêque de cette ville, Burali, tint un synode réformateur. Pastor, t. xvii, p. 130. D’autres visites furent entreprises en 1564 et 1565 à Pérouse, San Sepolcro, Bitonto, Oria ; mais elles ne commencèrent à devenir plus fréquentes que sous Pie V et Grégoire XIII. Cf. Pastor, t. xvi, p. 37, et t. xvii, p. 169, note 1.

Si saint Pie V, qui a si bien repris l’œuvre de son prédécesseur, a pu réussir dans la plus large mesure possible, il le doit non seulement à sa sainteté personnelle (peut-être un peu trop rigide), mais encore aux voies qui lui avaient été admirablement préparées par Pie IV et saint Charles Borromée. La grande gloire de son pontificat a été de continuer le monument dont celui de Pie IV avait jeté les fondations et d’en faciliter l’achèvement à ses successeurs. Voir Pie V, t. xii, col. 1649-1650.

Réception dans les divers États.

Il aurait été de

l’intérêt bien compris des États étrangers à l’Italie d’accepter purement et simplement les décrets de Trente. Malheureusement, certains gouvernements se persuadèrent que beaucoup de décrets du concile portaient atteinte aux prérogatives légitimes de l’État, tandis qu’en réalité, ils n’atteignaient que les empiétements de celui-ci sur le terrain ecclésiastique.

Parmi les orateurs des princes séculiers représentés au concile, déclarèrent par signature adhérer aux décrets, le 6 décembre 1563, les représentants de l’empereur Ferdinand I er, des rois de Pologne et de Portugal, des ducs de Savoie et de Florence, de la République de Venise et des cantons suisses catholiques. Cf. Theiner, t. U, p. 516 ; Pallavicino, op. cit., I. XXIV, c. vii, n. 14-15, col. 669-670. Les États italiens l’acceptèrent immédiatement : le gouvernement de Lucques obtint même, en récompense, la rose d’or. Le Portugal, lui aussi, ne fit aucune ditllcullé. Le roi de Portugal, Sébastien, écrivit au pape, après la confirmation du concile, une lettre de félicitations et de remerciements, s’engageant à faire appliquer le concile dans son royaume. Cf. Pallavicino, op. cit., t. XXIV, c. ix, n. 15, col. 678-679 ; Pastor, t. xvi, p. 42, note 3. Cependant Pie IV dut envoyer à certains évêques et chapitres des blâmes sévères pour leur peu d’empressement à obéir. Pastor, t. xvii, p. 166, note 5. Par contre le cardinal-Infant, les évêques de Braga et de Colmbre s’efforcèrent de constituer des séminaires, ibid., p. 167, note 2 ; et dis tynodl s s’- tinri ni a Braga (1566, 1592), Evora (1564) et Goa (1560, 1573, 1588). Ibid., p. 169, note 6. Les dates Indiquée* par dams, Séries episcoporum, Rati-bonne, 1873, p. 94-95, 99, 115.

En Pologne également les nouvelles lois ecclésiastiques furent reçues sans grande difficulté, malgré le progrès qu’y faisaient les nouveautés religieuses et la

nonchalance du roi Sigismond-Auguste. Grâce à Hosius et à Commendone qui avait remplacé, comme nonce, le trop habile Bongiovanni, le roi déclara accepter les décrets du concile de Trente (7 août 1564). Au consistoire du 6 octobre suivant, Pie IV décerna de grands éloges au roi de Pologne pour son acceptation. Tout en proposant l’assentiment de la Diète (qui ne se produisit qu’en janvier 1565 à Petrikan et ne fut obtenu qu’en libérant la noblesse de la juridiction ecclésiastique), Commendone et Hosius unirent leurs efforts pour faire triompher la réferme catholique. Un synode se tint en 1565 à Ermland ; d’autres synodes provinciaux eurent lieu à Petrikan (1555, 1578). à Varsovie (1561), à Gnesen (1628, 1642). Gams, op. cit., p. 348. Les jésuites furent introduits, qui établirent aussitôt des collèges, centres de restauration catholique (Braunsberg, Vilna et Pultusk) ; un séminaire fut projeté à Poznan. Cf. Pastor, t. xvi, p. 72-81. A Cracovie, le cardinal-archevêque Georges Radziwil érigea séminaire et hospices (1591). Gams, op. cit., p. 350.

En Dalmatie, Gams indique différents synodes : Sebenic (1564, 1602, 1604, 1611, 1614, 1618, 1623, 1626, 1687) ; Spalato (1587) ; Zara (1577). Op. cit., p. 419, 421, 426. Scutari, en Albanie, eut deux synodes provinciaux (1678, 1682). Id., p. 418.

La signature de l’Espagne n’avait pas été acceptée à Trente par les légats, parce qu’elle comportait une réserve inadmissible, voir ci-dessus, col. 1484. Philippe II se décida à rectifier la fausse position adoptée par son ambassadeur, en recevant pour ses États les décrets du concile (19 juillet 1564) mais avec cette clause « sous réserve de mes droits royaux ». Voir, pour plus de détails, Pastor, t. xvi, p. 260-261. De nombreux conciles provinciaux ou synodes diocésains attestent d’ailleurs la volonté d’appliquer les réformes. On se souviendra en parcourant l’énumération de ces syrodes qn’à cette époque l’Artois, la Flandre, la Belgique, les Pays-Bas, la Franche-Comté relevaient de l’Espagne : 1564, Haarlem ; 1565, Cambrai, Compostelle, Grenade, Saragossc, Tolède, Valence, Utrccht, Salamanque et, dans les possessions lointaines d’Amérique, Mexico ; 1567, Cambrai, Lima ; 1568, Utrecht ; 1570, Malines, Arras, Leuwarden, Namur, Ruremonde, Salamanque ; 1571, Besançon, Bruges, Bois-le-Duc, Gand, Haarlem, Siguenza ; 1572, Grenade, Malaga, Séville ; 1574, Malines ; 1582, Tolède, Lima (trois autres synodes à Lima, 1591, 1601, 1772). A Tarragonc, de 1564 à 1757, il n’y eut pas moins de trente-neuf synodes. A Mexico, le synode de 1565 avait été préparé par le synode de 1555 et fut suivi de deux autres assemblée s analogues, 1585, 1771. Gams, op. cit., p. 2. On note quelques fondations de séminaires : Modonedes et Tarragonc (1570). Le concile de Malines (1570), demandant des séminaires, se lu urla à il s difficultés, en raison des convicts déjà existant. Cf. Pastor, t. xvii, p. 169, note 1 ; p. 167, note 2. Sur l’introduction des décrets aux Pays-Bas, voir H. Pirenne, Histoire de Belgique, Bruxelles, 1932. t. iv, p. 411, 480 ; F. Villocx, Introduction des décrets du concile de Trente dans les Pays-Bas et la Principauté de Liège, Louvain, 1929.

L’acceptation du concile ne fut pas si simple en Suisse, en Allemagne et en France.

1. En Suisse.

Ici, malgré toutes leurs assurances d’obéissance, les cantons suisses ne se hâtèrent pas de prêter la main à l’exécution des décrets. Le cardinal de Constance, Marc Sittich Altæmps, avait expliqué que l’Église attendait l’appui du bras séculier pour empêcher les prêtres d’obtenir, contre leur évêque, l’appui des magistratures civiles. Tous les efforts de l’ii I V pour obtenir un engagement formel sur ce point restèrent vains. I.cs cinq cantons catholiques voulaient d’abord voir comment agiraient les autres puissances