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TRENTE (CONCILE DE). APPLICATION DES DÉCRETS


les travaux, qui ne reprirent qu’avec Pie V. Ce pontife nomma une commission qui devait mener à bien le double travail. Bréviaire et missel furent bientôt imprimés et déclarés obligatoires par bulles, le premier, le 16 juillet 1568 ; le second, le 14 juillet 1570, pour toutes les Églises ne possédant pas une liturgie propre remontant à plus de deux cents ans. Voir Pie V, t.xii, col. 1650-1651 et, dans le Dict. d’arch. chrét. et de liturgie, art. Missel romain, t. xi, col. 1486-1487.

6. Le calendrier et le martyrologe.

La refonte des offices devait entraîner la réforme du calendrier et la révision du martyrologe. Sur la réforme du calendrier, voir Grégoire XIII, t. vi, col. 1812. On corrigera, dans cet article, un lapsus. Ce n’est pas le concile de Nicée qui « décréta » que le lendemain du 4 octobre 1582 serait le 15 octobre ; mais cette suppression fut faite en conformité avec le décret du concile de Nicée de 325, qui fixait l'équinoxe de printemps uniformément au 21 mars. Quant au martyrologe, Grégoire XIII en confia la révision au savant cardinal Sirleti, qui s’entoura lui-même de douze érudits. Ces savants compulsèrent nombre de manuscrits des bibliothèques de Rome, les martyrologes d’Usuard, de Florus, d’Abon, de Bède, les ménologes grecs, les Dialogues de saint Grégoire le Grand, etc. Au fond, les martyrologes cités se rattachent tous à Bède. Voir Dict. d’archéologie chrét. et de liturgie, art. Martyrologe, t. x, col. 2600 ; cf. Pastor, t. xix, p. 231 sq.

7. La profession de foi de Pie IV.

Dans ses dernières sessions, le concile avait prescrit, à tous ceux qui enseignent ou jouissent d’une charge ou d’un bénéfice, de faire une profession de foi publique et de jurer obéissance à l'Église romaine. Sess. xxiv, De reform., c. i et xii ; sess. xxv, De reform., c. i. Deux bulles, In sacrosancta et Injunctum nobis, toutes deux du 13 novembre 1564, imposèrent la nouvelle formule, à laquelle Pie IV a attaché son nom. Pour les détails et pour les modifications apportées par Pie IX et Pie X, voir Pie IV, col. 1640-1641 ; sur la valeur dogmatique de cette profession de foi, voir Symboles, t. xiv, col. 2938.

Application des décrets en Italie.

1. À la cour

pontificale. — La réforme ne pouvait réussir que si le pape commençait par lui-même ; Pie IV et son saint neveu, Charles Borromée, prêchèrent d’exemple. De ce dernier, l’ambassadeur vénitien Soranzo écrit, en 1565, « qu’il fait plus de bien à la cour romaine par sa seule personne que par tous les décrets réunis du concile de Trente ». Cf. Pastor, t. xvi, p. 19. Dès juin 1564, Pie IV retranchait quatre cents officiers ou serviteurs de sa maison, soit une économie de 20 000 ducats ; Borromée congédiait quatre-vingts personnes laïques et à peu près autant de clercs. Il supprima ses écuries et, à la mort du pape, se consacra tout entier à son diocèse de Milan qui était resté quatre-vingts ans sans voir d’archevêque. Les cardinaux, appauvris par le nouvel état de choses, eurent bien vite un train de vie plus conforme à leur situation ecclésiastique. Une réglementation plus stricte du conclave fut promulguée. La dernière promotion faite par Pie IV (12 mars 1565) fut une récompense pour les bons serviteurs du concile ; c'était d’un excellent augure pour l'élection du prochain pontife. La résidence, pour laquelle on avait si âprement discuté au concile, fut le sujet sur lequel le pape insista fréquemment, du 1 er mars 1564 au 5 mai 1565, dans des brefs, discours, sanctions, mesures de tout genre. Sans doute, quelques concessions furent nécessaires, par exemple proroger la dispense de résidence jusqu’au 1 er octobre ; mais finalement seuls les nonces et les gouverneurs des États de l'Église purent jouir de la dispense.

2. Ville et diocèse de Rome.

La réforme s'étendit à la ville et au diocèse. Tout d’abord au clergé. Dès

1564, le cardinal-vicaire, Jacques Saveîli, fit procéder à la visite des églises et du clergé (dont l’oisiveté avait fort relâché la discipline) et, sur la recommandation du cardinal Farnèse, il en chargea les jésuites. En organisant sa « compagnie » saint Ignace lui avait donné une impulsion remarquable. Son œuvre fut reprise et poursuivie par des successeurs (Laynez, saint François de Borgia) non moins remplis de zèle et avec des succès toujours éclatants. A Rome, la pauvreté et le détachement des jésuites contrastaient avec l’attachement du clergé aux richesses et au bien-être. Une coalition se forma bien vite contre les jésuites visiteurs et l'évêque Cesarini (qui d’abord avait été chargé de la visite) fit circuler contre le ministère, les règlements et même la vie privée des religieux deux mémoires accusateurs. Pie IV ordonna une enquête qui les justifia et leur concilia la faveur pontificale. Pastor, t. xvi, p. 26-27. Déjà les jésuites, sous l’inspiration du cardinal Morone, avaient fondé à Rome le Collège germanique, afin de doter l’Allemagne d’un clergé sérieux et instruit. Cf. Steinhuber, Geschichle des Collegium Germanico-Hungaricum in Rom, Fribourg-en-B., 1906. Pie IV voulut aussi avoir son séminaire pour le clergé de Rome. Malgré l’opposition des curés, il le confia aux jésuites qui en acceptèrent la direction temporairement. Ce fut le Séminaire romain, qui s’installa dans le palais que le cardinal Pio da Carpi avait légué à la Compagnie de Jésus. Cf. Carlo Sica, Cenni slorici del pontifïcio seminario romano, Rome, 1914.

Après le clergé, les laïcs. Des règlements dictèrent à la noblesse de Rome une vie plus morale et plus chrétienne. Le port des armes fut interdit, hormis l'épée, insigne des nobles ; le duel fut proscrit, les courtisanes surveillées, les blasphémateurs punis, les mendiants et les vagabonds soumis à un régime de surveillant et de travail qui assurait leur subsistance, l’instruction enfin fournie aux orphelins et aux délaissés.

Aux efforts des jésuites se joignirent ceux de l’Oratoire, fondé par saint Philippe Néri. Ce cercle de jeunes gens et d’hommes faits, de toutes classes, clercs et laïques, attira bien vite l'élite romaine. À l'époque de Pie IV, l’influence oratorienne pénétra ainsi dans la curie où Philippe recruta des auditeurs, bientôt transformés en disciples, d’abord pénitents, ensuite dirigés dans les voies de la perfection. Sur cette transformation de la société romaine par l’Oratoire italien, voir L. Ponnelle-L. Bordet, Saint Philippe et la société romaine de son temps, Paris, 1928, c. v ; cf. Philippins, t.xii, col. 1434.

3. Italie.

L’action personnelle de Pie IV déborda le cadre romain. Son secrétaire Poggiani a rassemblé une série de décisions (d’octobre 1564 à août 1565) adressées au clergé d’Italie et même de la monarchie espagnole pour toutes sortes d’affaires et de cas de conscience : unions de bénéfices, visites de religieux exempts, érections de séminaires, résidence imposée dans les Églises nationales ou régionales, là surtout où les métropolitains négligeaient de la faire respecter en raison de la pauvreté du diocèse.

Les séminaires furent établis en Italie : en 1564, à Rieti par le cardinal Mula ; à Milan, par saint Charles Boromée. Le Collège romain, fondé à Rome par saint Ignace, devait être, dans la pensée du fondateur, un centre de rayonnement d'études et de formation chrétienne non seulement sur l’Italie, mais sur le monde catholique en entier. Voir, d’après les Monumenta Ignatiana, Pastor, t. xvi, p. 32-36. Pie IV veillait aussi à la réforme des ordres religieux : carmes, cisterciens, dominicains, conventuels, franciscains. Cf. Pastor, ibid., p. 38-39. Les synodes provinciaux et diocésains se multiplièrent : Albe (1562), Naples, Ravenne, Côme (1564 et 1565). Dans ses Documenti…, Calenzio