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1485 TRENTE (GONC. DE). PROMULGATION ET APPLICATION 1486

absents. De "Venise, du^Ferrier écrivit, le 6, une véhémente protestation contre les actes des xxive et xxve sessions, comme attentatoires aux privilèges de la couronne et aux franchises gallicanes, notamment le transfert à Rome des causes criminelles et autres procès graves contre les évoques, le titre d’évêque de l’Église universelle donné au pape, etc. Pour l’ambassadeur, « tout cela suffisait pour que le concile et son œuvre fussent tenus pour non avenus dans le royaume ». Cf. Ehscs, Der Schlussakt des Konzils von Trient (Gorresgessellschaft), Cologne, 1914.

V. Promulgation et application des décrets. — 1° Pie IV confirme purement et simplement les décrets.

— Les légats quittèrent Trente le 6 décembre. Hosius et Navagero rentrèrent directement dans leurs diocèses (Varmie et Vérone) : c’était d’un bel exemple. Les deux principaux présidents, Morone et Simonetta, étaient à Rome le 15. Ils réclamèrent immédiatement la confirmation indispensable et Pie IV les appela à la préparer en une congrégation où il leur adjoignit les cardinaux Cicada, Vitelli et Borromée. Il leur donna pour auxiliaires les anciens canonistes du concile. Le dataire du pape, Alciati, évêque de Civitate, membre de droit de cette assemblée, y représentait les intérêts de la curie. La confirmation du concile ne se fit pas sans difficulté. Les curiaux, que les décisions appauvrissaient, multiplièrent les résistances. Voir les détails dans Pastor, tr. fr., t. xv, p. 329. Mais Morone et Simonetta parvinrent peu à peu à les réduire. Ce ne fut que le 26 janvier que la congrégation put déposer son rapport et que Morone présenta sa requête pour la confirmation. Le vieux cardinal de Trente, Madruzzi, proposait un délai pour permettre d’attendre l’assentiment des souverains ; les cardinaux Alexandrin (Ghislieri, le futur Pie V) et Cicada soulevèrent des difficultés concernant les absolutions que de simples évêques pouvaient donner dans des causes jusque là pontificales. Pie IV ne se laissa pas ébranler et, prenant la parole, déclara solennellement qu’il confirmait les décrets sans en excepter aucun. Le cardinal chancelier, Alexandre Farnèse, fit dresser immédiatement le procès-verbal de la requête et de la confirmation et le même jour fut rédigée la bulle Benedictus Deus et Pater, qui mettait le sceau à l’œuvre du concile. En plus de la signature de Pie, " évêque de l’Église catholique », elle reçut celle de tous les cardinaux de curie, moins celle de Madruzzi. Sur l’histoire de la confirmation du concile, cf. Ehses, Der Schlussakt des Konzils von Trient, Gôrresgesellschaft, 1914, p. 43 sq.

Par la bulle Benedictus Deus, Pie IV non seulement confirmait le concile, mais il en communiquait les décisions aux évêques de la chrétienté, pour qu’ils les fissent exécuter sous les peines du droit. Une recommandation spéciale était adressée à l’empereur et aux princes dont les ambassadeurs avaient pris part à l’assemblée. Si quelques difficultés devaient surgir ou révéler des points obscurs, le pape se réservait de les faire disparaître ; mais on devait s’adresser à lui seul, comme dans le cas où une adaptation s’avérerait utile aux nécessités particulières de certains pays. La bulle, datée du 26 janvier, ne fut publiée que cinq mois plus tard. Pie IV y ajouta deux autres actes. Le premier est la bulle Sicut ad sacrorum (18 juillet 1564) expliquant le retard apporté à la publication de la bulle précédente et ajoutant, pour couper court à toute équivoque, que l’obligation des décrets courait à partir du 1° mai précédent. Le second est la bulle In principis apostolorum (17 février 1565) révoquant tous les privilèges qui allaient à l’cncontre des décisions conciliaires, notamment ceux qui avaient été extorqués depuis le 1° mai 1564.

2° Compléments apportés à l’œuvre du concile. — 1. La Congrégation du Concile.

On vient de voir

qu’avant de ratifier le concile, Pie IV avait constitué une congrégation de quelques cardinaux et prélats, chargés de rédiger le rapport préparatoire. Le concile lui-même avait émis le vœu, voir col. 1484, que le pape se chargeât de l’interprétation du concile. Le 2 août 1564, par le molu proprio, « Alias nos nonnullas » (qu’on trouve dans les éditions du concile), Pie IV créa la Congrégation du Concile. Voir Pie IV, t.xii, col. 1643 ; Congrégations romaines, t. iii, col. 1114-1115. Cf. R. Parayre, La sainte Congrégation du Concile. Son histoire, sa procédure, son autorité, Paris, 1897.

2. L’Index.

Le concile s’en était occupé, voir col. 1453. Le principal résultat auquel aboutit la commission présidée par l’archevêque de Prague fut la rédaction de dix règles générales, principes restés depuis en usage, pour juger des livres dangereux et interdits. On les trouve dans les éditions du concile. L’œuvre interrompue par la clôture brusquée du concile fut achevée au début de 1564 par une commission de quatre membres et Pie IV, par la bulle Dominici gregis (14 mars 1564) sanctionna le résultat de ses travaux. Cf. Reusch, Die « Indices librorum prohibilorum » des xvi. Jahrhunderts, Tubingue, 1886, p. 243282 ; Pastor, t. xv, p. 333 sq. Les règles modernes de l’Index ne font qu’adapter à notre époque les dix règles primitives. La Congrégation de l’Index fut fondée par saint Pie V ; voir t.xii, col. 1650 ; Congrégations ROMAINES, t. III, COl. 1112 ; INDEX, t. VII,

col. 1570 sq.

3. Le catéchisme.

Le catéchisme pour l’instruction du peuple avait été une des préoccupations constantes du concile. Voir les détails à Pie IV, col. 1639. C’est seulement en avril 1565 que le « Catéchisme romain » fut achevé, mais il ne parut qu’en 1566 après la mort de Pie IV. Voir aussi Catéchisme, t. ii, col. 1917. Le catéchisme romain fut accueilli partout avec joie ; sa publication avait été précédée de plusieurs ouvrages catéchistiques dus à Pierre Canisius. Voir sur le catéchisme romain et les catéchismes de Canisius, J. Janssen, L’Allemagne et la Réforme, tr. fr., t. iv, Paris, 1895, t. III, c. iv, p. 438 sq.

4. La Vulgate.

En attendant l’article qui lui sera consacré, on se contentera des éléments donnés à Pie IV, col. 1640. On trouve déjà à Bellarmin, t. ii, col. 564 et à Clément VIII, t. iii, col. 84, un épisode intéressant de la révision du texte de la Vulgate dans la Bible dite sixto-clémentine.

5. Le missel et le bréviaire.

Ces livres liturgiques n’avaient pas échappé aux abus qui s’étaient glissés partout. On incriminait surtout des fêtes ou des offices de saints, dont abusait la superstition populaire et qui n’avaient que des approbations insuffisantes. Il y avait donc à supprimer et à réduire. Certaines légendes, au bréviaire, juraient avec la gravité qu’aurait requise ce livre. L’empereur Charles-Quint sollicitait la réduction des offices trop longs, dont les clercs cherchaient à se débarrasser le plus vite possible. Une réforme avait été faite en 1535 par le cardinal espagnol François Quifiones : son « bréviaire de la Croix », abrégé et enrichi de légendes empruntées aux manuscrits de la Vaticane, avait été approuvé par Paul III qui se réservait la faculté d’en permettre l’usage. Jules III l’avait concédé aux jésuites. Mais les protestants anglais s’en étaient servis pour la rédaction du Praycr Book : aussi Paul IV, en 1558, interdit la récitation de ce bréviaire. Il avait d’ailleurs rédigé lui-même un texte abrégé, que les théatlns adoptèrent en 1561. Le concile prit en considération ces deux tentatives en même temps qu’une refonte du missel (1662). Mais ces velléités n’aboutirent pas et, dans la xx" session, le concile dut se contenter de faire appel a Pie IV pour Cette douille entreprise. Voir col. 1483. l’ie IV la confia aux rédacteurs du catéchisme. Mais sa mort suspendit