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TRENTE. LE CONCILE DE PIE IV, XXV* SESSION


établis selon les prescriptions du Saint-Siège, pour terminer rapidement, avec les évêques, les causes pendantes ; 11. Certaines locations de biens ecclésiastiques sont interdites ; quelques-unes même déjà faites sont déclarées sans valeur ; 12. La dîme doit être payée, ceux qui s’en emparent seront excommuniés et l’on doit subvenir aux besoins des recteurs d'églises pauvres ; 13. La quarte funéraire due aux églises cathédrales ou paroissiales ; 14. Gomment procéder à l'égard des clercs concubinaires ; 15. Les fils illégitimes des clercs doivent être écartés de certains bénéfices ; 16. Les bénéfices comportant charge d'âmes ne peuvent être transformés en bénéfices simples ; à celui à qui a été transféré une charge d'âmes doit être assigné un revenu suffisant ; les vicairies doivent cesser et la charge revenir aux titulaires ; 17. Les évêques devront faire respecter leur dignité par la gravité de leurs mœurs ; ils ne doivent pas faire preuve d’une servilité indigne à l'égard des ministres royaux, des gouverneurs ou des barons ; 18. Les canons de l'Église seront observés avec exactitude et, s’il faut parfois en dispenser, ce ne sera qu’en connaissance parfaite des raisons et gratuitement ; 19. Le duel sera puni de peines très graves ; 20. Exhortations et prières adressées aux princes touchant les droits de l'Église ; 21. Les droits et prérogatives du Saint-Siège sont formellement réservés en toutes les décisions conciliaires arrêtées sous Paul III, sous Jules III et sous Pie IV.

b) Deuxième journée, 4 décembre 1563. — À la dernière heure, plusieurs Pères revinrent à la charge pour demander que le décret sur les indulgences fût maintenu. Une majorité se dessina en ce sens, et Morone céda, bien qu’il ne fût pas d’avis. Il fit donc dresser un nouveau texte et, à l’instigation du comte de Luna, l'évêque de Salamanque vint apporter des objections : lui et quelques autres réclamèrent la suppression d’un passage interdisant de taxer les indulgences et toute tentative d’en suspendre les bulles. Conc. Trid., t. ix, p. 1106 et 1107. C'était, on le devine aisément, une démarche politique pour maintenir en Espagne la « bulle de la Croisade ». Les légats convoquèrent, à 8 heures du matin, le concile en congrégation générale et exposèrent le cas. Ce fut encore le cardinal de Lorraine qui fit maintenir le texte prohibant pravos quæstus omnes pro his ( indulgentiis) consequendis.

a. — Le premier décret admis à la session supplémentaire, ouverte à 9 heures, fut donc le décret sur les indulgences, dont on a donné ici l’essentiel à Indulgences, t. vii, col. 1620. Mais à ce décret s’ajoutaient quelques actes, que les Pères avaient recommandés comme pouvant être utiles à la mise en pratique du concile.

b. — Un second décret inculquait aux pasteurs le maintien de l’abstinence, des jeunes et fêtes établis par les conciles antérieurs : de delectu ciborum, jejuniis et diebus festis.

c. — Un troisième décret mentionnait le fameux Index des livres prohibés, dont le concile s'était occupé depuis sa reprise sous Pie IV, à la suite des travaux mis en train sous Paul IV. La commission désignée par le concile n’avait pu mener à bonne fin son entreprise : il convenait donc de renvoyer le travail au pape et à sa congrégation permanente de l’Index. De même, on renvoyait au pape le projet de catéchisme et la refonte du bréviaire et du missel, dont quelques commissaires s'étaient occupés au cours du concile, mais d’une manière très superficielle et hâtive : de indice librorum, et catechismo, breviario et missali.

d. — Un quatrième texte revêtait la forme d’une déclaration, par laquelle le concile affirmait avoir toujours respecté le rang et la préséance que les souverains revendiquaient d’après les traditions anciennes, et

avoir déterminé en ce sens la place réservée aux ambassadeurs : de loco oratorum.

e. — Enfin, une dernière déclaration de l’assemblée invitait les princes chrétiens à mettre en œuvre leur autorité et leurs ressources pour faire respecter et observer les décrets conciliaires sur toute l'étendue de leur territoire. Quant aux difficultés, obscurités et, en général, ce qui aurait besoin d’explication ou de complément, le concile s’en remettait au pape son chef, de même que pour l’interprétation et la mise en pratique ; dût Sa Sainteté, si elle le jugeait nécessaire, convoquer pour cela des conciles locaux dans chaque royaume ou province. C’c^t de cette indication qu’est née la S. C. du Concile. Voir plus loin. L’adoption de ces actes à la session officielle fut faite sans difficulté. Vingt Pères toutefois réclamèrent le rétablissement dans le décret sur les indulgences, du passage prohibeatur suspensio indulgentiarum, qui, le matin même, en avait disparu à la requête de l'évêque de Salamanque.

Morone rappela que certains définiteurs — le cardinal de Lorraine était à leur tête — avaient exprimé le vœu que l’assemblée confirmât toutes ses décisions antérieures. Les Pères avaient été sondés et gagnés à cette idée et la précaution leur semblait avoir beaucoup d’importance. Ce fut un long défilé de lectures. L'évêque de Catane, du haut de l’ambon, répéta les décrets dogmatiques en entier et le début des décrets disciplinaires. Après chaque lecture, les prélats s'écriaient : Placell Placetl Les Français revêtaient ainsi eux-mêmes le concile de Jules III du caractère d’universalité : De recitandis decretis concilii sub Paulo III et Julio III in sessione. Tous ces actes de la xxve session, texte latin et tr. fr. avec commentaire des passages dogmatiques, dans Michel, p. 587-633.

Il ne s’agissait plus que d’enregistrer l’acte de clôture dressé vingt-quatre heures auparavant. On pouvait redouter quelque incartade des Espagnols. Il n’en fut rien. Les Pères furent unanimes et Morone déclara que, si le concile y consentait, les légats solliciteraient eux-mêmes de Sa Sainteté la confirmation des actes du concile. L’archevêque de Grenade seul fit observer que la confirmation n'était pas nécessaire.

Après cette dernière proclamation, Morone congédia les Pères : Post actas Deo gratias, ite in pace. Tous répondirent : Amen. Et le cardinal de Lorraine se dressa de sa place et lança d’une voix forte onze acclamations par manière de mercis, vœux ou souhaits. ad multos annos. Et les Pères de les répéter sous diverses formes abrégées. Elles s’adressaient aux trois papes qui avaient dirigé le concile, aux empereurs Charles-Quint et Ferdinand, aux légats, aux cardinaux et ambassadeurs présents, aux membres du concile. Trois dernières acclamations ajoutaient aux souhaits pour le succès des décisions prises l’engagement d’y travailler par tous les moyens. La dernière renouvelait l’anathème contre les hérétiques qui refuseraient de s’y soumettre.

L'évêque de Catane rappela que les Pères ne devaient pas s'éloigner avant d’avoir souscrit propria manu le texte des décrets rédigés par les notaires. Puis Morone entonna le Te Deum. Le lendemain, les définiteurs se pressèrent au secrétariat pour la signature : Ego N. episcopus (diocèse) definiens subscripsi, au nombre de 255 : six cardinaux, vingt-huit archevêques, cent soixante-dix-neuf évêques, vingt-sept procureurs avec mandat légitime de trente-neuf autres, sept abbés et huit généraux d’ordre. Conc. Trid., t. ix, p. 1111-1120. La signature des ambassadeurs fut plus difficile à obtenir. De Luna n’acceptait de signer que sous la réserve de l’assentiment de Philippe II, ce que les légats refusèrent d’admettre. Les autres signèrent, voir plus loin, col. 1489, à l’exception des Français