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TRENTE. LE CONCILE DE PIE IV, XXV « SESSION


c) Le décret de réforme comprend vingt et un chapitres : 1. Règles qui doivent présider à la création des évêques et des cardinaux ; 2. Les synodes provinciaux se réuniront tous les trois ans ; les synodes diocésains, chaque année. Qui doit les convoquer et qui doit y assister ? 3. Règlement pour les prélats en vue des visites canoniques ; 4. À qui et quand incombe le devoir de la prédication ? C’est à l'église paroissiale qu’il faut aller entendre la parole de Dieu. Personne ne prêchera si l'évêque y met obstacle ; 5. Les causes criminelles des évêques seront déférées, les majeures au seul souverain pontife, les mineures au concile provincial ; 6. Le pouvoir de dispenser de certaines irrégularités et suspenses, d’absoudre certains crimes est donné aux évêques ; 7. Avant de distribuer les sacrements aux fidèles, les évêques et les curés en expliqueront la vertu ; c’est au cours de la solennité de la messe que se feront les enseignements sacrés ; 8. Les pécheurs publics devront faire pénitence publiquement, à moins que l'évêque n’en juge autrement ; un pénitencier sera institué dans les églises cathédrales ; 9. Qui doit visiter les églises séculières ne relevant d’aucun diocèse ? 10. Les subordonnés ne pourront suspendre l’exécution de la visite canonique ; 11. Aucun titre honorifique, aucun privilège particulier ne peut prévaloir contre le droit des évêques ; 12. Qualités requises chez ceux qui doivent être promus aux dignités et aux canonicats des églises cathédrales ; ce qu’on leur demande une fois promus ; 13. Comment pourvoir aux besoins des églises cathédrales et paroissiales pauvres ? Les paroisses doivent être exactement délimitées ; 14. On ne doit admettre à la possession d’un bénéfice ou à la distribution des revenus un sujet qui détournerait ces revenus de leur pieuse destination ; 15. Règles pour augmenter les prébendes trop maigres des églises cathédrales et des collégiales insignes ; 16. Pouvoirs du chapitre cathédral pendant la vacance du siège ; 17. Règles concernant la collation et le cumul des bénéfices ; 18. À la vacance d’une église paroissiale, l'évêque désignera un vicaire administrateur jusqu'à ce que cette église soit pourvue d’un curé. De quelle manière et par qui doivent être examinés les clercs nommés à une église paroissiale ? 19. Suppression des mandats de provision et des grâces expectatives, ainsi que des autres faveurs de même genre ; 20. Règles pour traiter les causes relevant du for ecclésiastique ; 21. Déclaration nouvelle concernant la liberté des conciles généraux que les formules nouvellement employées n’ont en quoi que ce soit lésée. Les textes tr. fr. dans Michel, p. 565-584. Enfin la session suivante, qui devait être la dernière, était fixée au jeudi qui suivrait la fête de la Conception de la bienheureuse vierge Marie, 9 décembre.

9° Autour de la XXVe session (3-4 décembre 1563). — Ce succès de la xxive session, malgré les concessions qu’avaient dû faire les légats, remplit de joie Pie IV et le Sacré-Collège, et très particulièrement saint Charles Borromée. Il s’agissait maintenant de terminer l'œuvre. Dès le 12 novembre, le cardinal Morone s’accordait avec le cardinal de Lorraine et les Impériaux, de manière à en finir et le comte de Luna lui-même, qui se voyait isolé, se montra plus conciliant.

Il restait à régler plusieurs points laissés en suspens. Tout d’abord, il avait fallu dépouiller la réforme des princes de sa force coercitive ; on devait tirer un décret convenable des articles de réforme qui n’avaient pas encore été touchés (du 22e au 35e), en restreignant autant que faire se pouvait les abus en matière mixte, de façon à ne pas irriter les princes ; on compléterait la doctrine des sacrements par quelques points secondaires de discipline, notamment le purgatoire, le culte des saints, les reliques, les indulgences, afin de rassurer la conscience des fidèles contre les doutes que les

novateurs avaient suscités contre eux. Le cardinal de Lorraine ne manqua pas deproclamcrlanécessité.pour apurer au concile une publicité officielle, d’une confirmation pontificale de toutes les décisions prises, confirmation qui serait reçue pieusement en assemblée solennelle.

1. Travaux préparatoires.

Une première congrégation générale eut lieu le 15 novembre. Quatorze chapitres de réforme y furent présentés, les treize premiers reproduisaient la série 22-35 du catalogue constitué au cours de l’année par les légats. Le quatorzième était une « exhortation » aux princes — formule toute nouvelle — de respecter les décrets et les canons anciens des conciles, des papes et des empereurs qui avaient fondé les libertés et privilèges ecclésiastiques. Les articles furent discutés et le groupe des réformateurs intransigeants, conduits par l’archevêque de Braga, y fit introduire plus d’un amendement sérieux. La discussion dura six séances, de trois à quatre heures chacune, jusqu’au jeudi 18 novembre. Le texte fut refondu en tenant compte des réclamations et distribué le 22. Cf. Conc. Trid., t. ix, p. 1031-1033. Mais ce n'était pas encore là le dernier projet. Malgré certaines oppositions, Morone résolut d’en finir. Le 2 décembre, en congrégation générale, le secrétaire communiqua un nouveau projet de réforme générale, comprenant les treize articles que la commission avait développés en vingt : les uns expliquant le décret de la session, les autres y ajoutant des détails nouveaux. Morone en justifia les points principaux. Sur certains points, notamment l’exemption des chanoines, quelques Espagnols firent encore opposition. Mais la nouvelle d’une maladie sérieuse du pape, puis d’un mieux sensible dans son état de santé, favorisa finalement l’entente.

Le 20 novembre les Pères avaient reçu un autre projet de réforme concernant les religieux et les moniales. D’abord rédigé en trente chapitres, dont sept pour les religieuses, il fut réduit à vingt et un dont six pour celles-ci. La discussion commença le 23. Ces articles, en général assez superficiels, n’atteignaient pas l’essentiel d’une réforme indispensable. On voulait éviter de réveiller la querelle entre les évêques et les ordres religieux, qui avait abrégé le Ve concile du Latran. Voir t. viii, col. 2672 sq. On ne fit même pas appel aux lumières des généraux d’ordre et la commission prit ses mesures pour que la réforme ne compromît en rien leur autorité. Elle se bornait à renouveler d’anciens règlements, tombés en désuétude, sur les trois vœux, la clôture, l'élection des supérieurs, la visite des couvents et autres devoirs des évêques envers les moines, le contrôle de la prédication et du ministère des religieux en dehors du couvent. L'ébauche ne satisfit pas les Pères ; cependant le concile ne mit pas beaucoup d’empressement à l’amender. Les votes, qui se succédèrent jusqu’au samedi 27, n’ajoutèrent à la réforme projetée que des améliorations de minime importance. Les Pères étaient pressés d’en finir.

Enfin un troisième groupe d’articles de réforme concernait le culte des images, le purgatoire et les indulgences. À l’issue de la congrégation générale du 15, il fut décidé que les théologiens de toutes nations rédigeraient les canons sur ces dogmes et que les Pères les adopteraient par placet. Conc. Trid., t. ix, p. 1017, note 6. Le décret des théologiens mineurs était prêt dès le 30 novembre. On faisait d’ailleurs remarquer que ces matières avaient été déjà traitées dans d’autres conciles et notamment à Florence ; qu’il suffisait donc de les aborder brièvement et en des formules générales, laissant aux évêques le soir de faire le reste. Ibid., p. 1069. Ces « canons ne furent distribués aux Pères que peu avant la réunion plénière. Ibid., t. ii, p. 878. La raison de ce retard est que les légats, pour en finir