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TRENTE. LE CONCILE DE PIE IV, XXIII » SESSION


d’une manière sérieuse. Cf. A. Degert, Histoire des séminaires français depuis leur origine, Paris, 1912, 1. 1, p. 11-27. L’esquisse du décret abordée le 10 juillet fut adoptée le 14 : l'évêque de Verdun, Pseaume, en avait été le rapporteur.

Morone s’appliqua également à déblayer le terrain sur lequel on rédigeait les canons de l’ordre. Le 7, une réunion des cardinaux et de trente-six évêques de toute nation, aidés du théologien jésuite Laynez, admit le décret sur la résidence, tel que l’avait préparé le défunt cardinal de Mantoue. Le cardinal de Lorraine lui-même, acquis à la cause romaine, s’y rallia. Dans le 6e canon qui définissait la hiérarchie ecclésiastique, Laynez, sur l’initiative de l’archevêque d’Otrante, fit adopter une formule qui donnait une sorte de satisfaction aux Espagnols. Voir Ordre, t. xi, col. 1354. Toute opposition toutefois n'était pas réduite ; cependant le 9 juillet deux cent-vingt-sept voix approuvèrent globalement les deux décrets, doctrine et réforme, bien que, jusqu’au dernier moment, les Espagnols aient parlé d’exiger l’insertion du droit divin. Morone ne put éviter l’esclandre qu’en remettant à l’ambassadeur espagnol l’engagement écrit que « dans une condamnation générale des hérésies, épilogue nécessaire des décisions du concile, mention serait faite de ceux qui nient que les évoques sont institués de droit divin, aussi bien que de ceux qui contestent le primat et la suprême autorité du pape ». La promesse était conditionnelle, quantum in eis est, et fut réalisée, d’une manière générale, dans un décret final, par lequel le concile constate qu’il a condamné toutes les erreurs de temps, damnavit, analhematizavil et definivit. Les légats ne purent respirer que le 14 juillet, a la congrégation préparatoire. La xxiv » session fut fixée au 16 septembre.

2. La XXIII* session. — Le jeudi 15 juillet, à cinq heures du matin, s’ouvrit la xxme session, avec deux cent trente-cinq Pères, dont six cardinaux, sept généraux d’ordre et six procureurs d'évêques, douze ambassadeurs et cent trente-trois théologiens. L'évêque de Paris, Euslache Du Bellay, chanta la messe du Saint-Esprit. En dépit de quelques légers incidents de préséance, l’adoption des décrets se fit sans grande rumeur. Pour celui de l’ordre, Morone proclama que sept Pères seulement avaient formulé des réserves. Voir la déclaration de l'évêque de Ségovie à Ordre, col. 1354. Au décret de réforme il y eut un peu plus d’opposants : dix-huit sur l’ensemble et onze pour le chapitre de la résidence.

On trouvera à Ordre, après un bref exposé des divers projets, le texte et le commentaire des chapitres doctrinaux, col. 1354-1359, et des canons, col. 13591363, enfin le résumé, des chapitres de réforme, col. 1368-1364. Il est à noter que dans le c. i, sur la résidence, le cardinal de Lorraine avait fait insérer, le 12 juiile l. la clause que les cardinaux y st raient soumis pour les diocèses qu’ils recevraient du pape, s’ils n'étaient pat retenus par leurs fonctions en Curie. L’ordre définitivement adopté est quelque p. u différent de l’ordre du projet : l’appendice du projet devient le e. xvii du décret et l’ordonnance sur ! < s séminains pr< nd place à la suite, e. xvii. Les textes Intégraux "I trad. fr. dans Michel, p. 178-505.

8° Autour de la XX iV session (Il novembre 1563). — A cette session devait être promulgué le décret dogmatique et disciplinaire (Tametsi) sur le mariage. I.i préparation en a ét< à Mariaob, t. ix,

col. 2233-2246. Nous n’y reviendrons pas.

Ce qu’il est nécessaire de retracer ici ce sont toutes |M ililtii nl’i. qui, cette fois encore, retardèrent l'élaboration de ce décret et du décret de reforme qui lui es ! annexé.

1. Multiples difficultés, sans cesse renaissantes, dans

DICT. DE TlUÏor. CATHOL.

les débats conciliaires. — Les difficultés vinrent d’abord des Espagnols et plus précisément de l’ambassadeur, comte de Luna, qui, jusqu'à la dernière heure, continua sa campagne d’obstruction, exigeant une réforme plus complète qui serait étudiée et discutée par nations. Elles vinrent aussi des Français, indisposés par l’attitude des Italiens à l'égard des mariages clandestins. Elles vinrent des princes eux-mêmes, dont le concile voulait poursuivre la réforme. Quarantedeux articles avaient été préparés : communiqués aux ambassadeurs, ils provoquèrent une véritable stupeur ! Comment un concile général pouvait-il oser porter la main sur les prérogatives du pouvoir temporel ? On pouvait d’avance prévoir le sort qui leur était réservé. L’ambassadeur d’Espagne, de Luna, en profita pour insister sur les thèmes qui lui étaient chers et il finit par obtenir des légats que la réforme serait examinée par nations, les évêques étant distribués en quatre bureaux et les Italiens répartis dans les trois derniers. Les légats toutefois se réservaient la dernière décision, ce qui diminuait la portée pratique de la concession. De son côté, l’empereur modifiait singulièrement les bonnes dispositions qu’il avait paru montrer à Morone. L’archevêque de Prague signifia de sa part au concile, le 27 août, de ne pas toucher à la réforme des princes : sur ce point, Ferdinand entendait défendre les intérêts des souverains qui n’avaient pas au concile d’avocats officiels. L’ensemble de la réforme générale était ainsi remis en question. Il fallut remanier le projet de façon à ménager les susceptibilités allemandes. Le travail des évêques, répartis en quatre bureaux, avait sans doute permis de transformer et de préciser les textes ; mais il permit aussi aux ambassadeurs, au comte de Luna en particulier, de manifester leur mauvaise volonté. La collusion des Impériaux et du comte de Luna, le fléchissement de la bonne volonté du cardinal de Lorraine rendaient, sinon impossible, du moins très difficile, le prompt aboutissement des travaux. Le Il septembre, un orage éclata à propos de la réforme : plus de cent prélats déclarèrent aux légats qu’ils ne prendraient plus part à la réforme si elle n'était pas étendue aux princes euxmêmes. Acculés, les légats demandèrent un sursis de trois jours pour attendre les réponses de l’empereur. Jamais la situation du concile n’avait été plus critique. Les légats avaient envisagé l’hypothèse de congédier le concile et avaient déjà demandé au pape un bref en ce sens (28 août). Pie IV le leur promettait, mais, avant d’en user, il fallait, avant tout, éviter la rupture avec les puissances séculières et s’acheminer vers une conclusion honorable.

L’empereur se montra assez condescendant dans ses réponses ; mais le comte de Luna continuait à se jeter en travers des discussions ; il fit même expulser, sans que le concile pût l’entendre, un délégué des chapitres d’Espagne venu à Trente plaider en faveur des exemptions qu’un article du décret de réforme devait supprimer. L’agitation atteignit son comble : les agents français attendirent le départ du cardinal de Lorraine pour Rome (19 septembre) et présentèrent brusquement au concile une violente protestation du gouvernement royal contre les réformes en discussion. Depuis trois cents ans, déclara du Fcrricr, les rois de France ont réclamé une réforme dans toutes les assemblées plénières de l'Église. Et l’assemblée présente n’aboutit qu'à un projet méconnaissant les libertés gallicanes et les prérogatives du roi Très Chrétien I Le concile général n’avait pas autorité pour modifier ou supprimer ces liberté* et c'était auxl ères du conclu à se réformer eux-mêmes : le roi de France les y aiderait. Morone ne reliul l’incident que pour laisser à chaque l'ère la liberté de relever, dans son ootum et selon ^.i » < >u s cience, ce qui lui semblait mériter une réponse, et pour

T. — XV. — 47.