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TRENTE. LE CONCILE DE PIE IV, XXIe SESSION


duisait ses divergences avec Simonetta à de simples détails. Le collège des légats se justifia pareillement. Cf. SuSla, p. 150-153. Si quelque diversité d’opinions existait entre eux, il y avait parfaite entente et bonne volonté de servir Sa Sainteté. Seripando s'était déjà justifié personnellement.

Mais l’intervention de Pie IV avait souverainement déplu aux partisans du droit divin et, plus que jamais, les Espagnols s’entêtèrent à en demander la définition. Certains évêques étaient indignés des rapports défavorables portés à Rome contre eux : ce fut à grand' peine qu’on empêcha Guerrero, archevêque de Grenade, et la majorité des évêques d’Espagne d'élever une protestation solennelle à ce sujet. Les affaires s’embrouillèrent davantage encore quand, le 18 mai, se présenta l’ambassadeur français de Lansac, qui ne faisait pas de mystère qu’il venait défendre le droit divin des évêques et s’opposer à la continuation des travaux du concile. En ceci, il rejoignait les Impériaux et, avec eux, les agents français exigeaient, par égard pour les calvinistes, en pleine guerre civile, qu’on recommençât tout et qu’on remît les débats au jour où le concile serait vraiment général. SuSta, p. 157-158 ; 162-163 ; 176-177. À leur avis, il fallait convoquer la reine d’Angleterre ; le 26 mai, ils avertirent qu’au cas où le concile continuerait, ils partiraient immédiatement. Le nonce Delfino confirmait cette décision et, surenchérissant, le cardinal de Trente ajoutait qu’en ce cas il ne répondait plus de la sécurité du concile. Ibid., p. 164-165, 166. Devant ces difficultés, les légats songèrent à gagner du temps et décidèrent de proroger la session avec une simple déclaration ajournant tout décret à la xxie session qui se tiendrait en juillet. Les Espagnols acceptèrent et Lansac ne s’opposa plus à la continuation des travaux, pourvu qu’on retardât le plus possible les définitions. Le pape se rendit compte qu’il valait mieux laisser le concile courir sa fortune au milieu de ces complications. Ayant obtenu du marquis de Pescara de reporter à plus tard la déclaration sur la « continuation » du concile, les légats n’avaient plus d’obstacle à la tenue de la xxe session. Le 4 juin, sous la présidence de Seripando, Mantoue étant malade, en présence de cent-soixante-sept Pères, vingt-huit théologiens et onze ambassadeurs, fut lu le décret de prorogation qui, à lui seul, faisait toute la matière de la session. La session suivante, fixée au 16 juillet, aborderait tant le dogme que la réforme. Des réserves furent faites, demandant encore la définition du droit divin de la résidence et une déclaration immédiate de la « continuation » du concile. Une voix de majorité contre ces réserves sauva la situation.

3° Autour de la xxie session (16 juillet 1562). — 1. Continuation et apaisement des difficultés.

Dès la congrégation générale du 6 juin, le cardinal de Mantoue, qui avait repris la présidence, tenta de remettre en marche les travaux prévus pour la xxie session : les article ! laissés sur l’eucharistie et les chapitres de réforme. Mais déjà les oppositions et les divisions reparaissaient ; la défini ! ion du principe de la résidence était rem ko en question par l’arohevéque d (ir. 1 1 celui de Braga, snut< nus p ; ir la majorité H. s Espagnols et même par l’archevêque de Prague. L’archevêque de Raguse précisa la position des défenseurs du droit divin : « La définit ion sollicitée ne préjadlcle en rien à l’autorité du pape ; personne ne révoque en doute le pouvoir qu’il a de disposer des é celles et des bénéfices : le concile devrait même lancer un ana-Lbème <ontre ceux qui le limiteraient. Une telle, définition, jointe ail sacrement de l’ordre, ferait, avec les arlii les de réforme, une matière suffisante pour la

mi-mte ». Cône Trtd. t. viii, p. 536-537. Trenti et un évêques, partisan* du droit divin, soutenus p : ir i. i an. adn èr< ni au Salnl Pars an mémoln i n

vue d'établir la légitimité de ce droit, tout en se défendant de vouloir amoindrir les prérogatives du Saint-Siège. Ils réclamaient de plus liberté pleine et entière de présenter et de discuter des motions. Au même moment, l’empereur faisait remettre aux légats, par l’intermédiaire de l’archevêque de Prague, un mémoire sur la réforme in capite et in membris (dont Pie IV avait déjà eu connaissance avant l’arrivée à Rome de Pendazio, voir ci-dessus) avec de nouvelles instances pour faire reprendre en leur entier les discussions dogmatiques, par égard pour les luthériens ; en attendant, le concile s’occuperait uniquement de réforme. Les légats obtinrent que le mémoire de l’empereur ne fût pas présenté au concile et prièrent l’archevêque qui se rendait a Prague d’intervenir auprès de Ferdinand pour qu’il atténuât ses exigences. Susta, p. 190-191. De toutes ces difficultés, il fallait que le pape fût informé. Les légats choisirent, pour être leur interprète auprès de Pie IV, Léonard Marini, archevêque do Lanciano, qui devait également attirer l’attention du pape sur les troubles que causait au concile le problème de la résidence et sur les inquiétudes qu’y semaient les bruits persistants de dissolution. À ces préoccupations s’ajoutaient des difficultés d’ordre matériel que provoquait la venue prochaine des prélats français et allemands. Le transfert du concile semblait désastreux ; sa séparation, avant d’avoir fait quelque chose, plus regrettable encore. Il fallait qu’avant sa dissolution le concile eût réalisé les deux points de son programme : condamnation des hérésies, réforme sérieuse. En ce qui concerne la résidence, les légats proposaient d’en faire discuter le principe par les théologiens mineurs, puis de la décider à la majorité des suffrages ; ou bien, la supposant acquise, d’en régler l’application par un décret. Enfin, l’archevêque devrait justifier près du Saint-Père les légats et le concile sur tous les reproches que la cour de Rome leur faisait et le cardinal de Mantoue affirmait solennellement que tous les membres du concile étaient prêts à faire front, si les Français se permettaient de soulever le doute de Gerson : An concilium sit supra papam. SuSta, p. 185-190.

Le 15 juin, l’archevêque de Lanciano arrivait à Rome. Mais Pie IV avait pris les devante. Dès la deuxième quinzaine de mai, il avait envoyé à Tiente l'évêque de Vintimille, Carlo Visconti, chargé d’instructions qui devaient être tenues secrètes en raison des négociations délicates à poursuivre dans l’Italie du Nord en faveur du gouvernement des Valois : ce qui, indirectement, favoriserait le succès du concile. Visconti devait tout d’abord arrêter le débat sur la résidence, puis ramener la paix et la concorde entre les légats ; il avait de multiples recommandations adaptées aux personnes, aux situations, aux circonstances. Quand il arriva, le 14 juin, la situation était tellement embrouillée qu’il dut aller de l’un à l’autre pour morigéner, discuter, expliquer, servir d’intermédiaire. Les trois légats principaux ne se rencontraient même pas en privé et ne se parlaient que par nécessité de service I

I.e 19 juin, Visconti joignit Mantoue : une explication franche eut lieu. Tout en montrant au cardinal que le pape pouvait se plaindre que, depuis des mois, son concile, convoqué au prix de tant de peines, n’eût encore rien fait, l'évêque de Vintimille sut apaiser le légal. Le 23 juin, tout était remis en question : le jeune cardinal François Gonzaguc informait son oncle que le pape, Influencé par Simonetta, aurait déclaré qu’il remplacerait le premier légat I Sans attendre

confirmation de cea racontars, Mantoue dépêcha à Rome son confldent Antvabene pour renouveler su démission. Il n’y avait d’autre fondement à ce brull qu’un procès entre les Rovère, apparentés sus Gonsa glie, et les Farnese ; el reu (i voulaient éloignai de

Rome le cardinal Clcada, pi Indpal juge du procès. La