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TRENTE. LE CONCILE DE PIE IV, XVII* SESSION


de Pologne, les princes de Transylvanie, de Moldavie, de Valachie ; le 1 er août il demandait aux princes italiens de favoriser le voyage de leurs évêques. Sauf chez les Italiens, ces démarches eurent peu de succès. En Suisse toutefois et au Portugal, l’appel fut entendu. Une tournée de Commendone dans l’Allemagne du Nord, une de Delfino dans l’Allemagne du Sud n’aboutirent pas à. un grand résultat. Sauf près de Marguerite d’Autriche à Bruxelles et du duc de Bavière, Delfino ne reçut guère d’encouragement. Après quinze mois de courses, Commendone écrivait aux légats en son nom et au nom de son collègue : qu’il n’y avait pas à compter sur un concours sérieux des Allemands. D’ailleurs les Allemands ne croyaient qu’à demi à un concile ; ils se réservaient. Sur la mission des deux nonces, voir Pastor, t. xv, p. 185-206. Les lettres de Commendone dans Ehses, Ein pâpstlicher Nunlius am Rhein vor 350 Jahren, extrait de Gôrresgesselschajt, Cologne, 1917.

En France, le colloque de Poissy retenait les évêques. Le pape avait désigné un légat, Hippolyte d’Esté, cardinal de Ferrare, pour y paraître accompagné d’un brillant état-major de théologiens. Ouvert le 9 octobre seulement, le fameux colloque devait échouer le 26, grâce surtout à la solide argumentation du jésuite Laynez. La reine mère favorisant ouvertement les huguenots, la légation était vouée à l’insuccès. N’importe ! Pie IV se passerait de la France : il se bornera à ne pas mécontenter Catherine de Médicis et fera, avant tout, travailler le concile.

Premiers travaux et sessions vides.

1. Les débats.

— Au mois de juillet 1561, le concile ne comptait guère que des Italiens et, sur les quatre légats, deux seulement Gonzague et Seripando étaient présents. Hosius arriva le 20 août. Simonetta n’était pas encore parti le 20 septembre. Peu à peu, sous la pression du pape, les Italiens vinrent au nombre de plus de trente et, les unités s’ajoutant aux unités, l’assemblée, fin novembre, comptait plus de cent déflniteurs, chiffre qui n’avait jamais été atteint. Pour remplacer Puteo, Pie IV nomma légat le cardinal Altæmps (Marc Sittich von Hohenems), évêque de Constance, son neveu. Ce prélat n’était guère à la hauteur de sa fonction ; mais, appartenant à la nation allemande par son évêché et sa famille, il pouvait servir d’heureux trait d’union. C’est alors que furent désignés, voir ci-dessus, les ambassadeurs impériaux : l’évêque de Vienne, l’archevêque de Prague, Brus von Muglitz, et le laïc Sigismond de Thun, d’une vieille famille tyrolienne allemande, auxquels Ferdinand adjoignit, en tant que roi de Hongrie, George Draskoviè, évêque de Fûnfkirchen.

Simonetta arriva le 9 décembre apportant les documents pontificaux à l’adresse du concile : la bulle réservant au Sacré-Collège l’élection du pape en cas de vacance durant les travaux du concile ; la bulle autorisant les légats à transférer le concile en cas de nécessité ; la bulle et la copie d’un bref antérieur promettant au roi d’Espagne de déclarer ultérieurement la « continuation » du concile ; enfin la copie des bulles interdisant aux évêques non allemands de se faire représenter par des procureurs. Simonetta apportait en outre des instructions détaillées sur la marche à suivre : achever la doctrine des sacrements et les décrets de réforme générale. Le bureau devait se montrer impitoyable contre toute proposition tendant à affirmer la supériorité du concile sur le pape. Enfin Pie IV insistait sur la nécessité de reprendre immédiatement les travaux. Dans un post-scriptum de sa main, le souverain pontife affirmait son intention de terminer promptement l’entreprise et ajoutait : « Nous désirons, comme homme d’honneur, comme bon chrétien, et comme pape soucieux de son devoir, que toute l’attention de l’assemblée s’attache au service de Dieu, de la foi, de

la religion, au bien général de la chrétienté comme à l’honneur du Saint-Siège. Nous nous sommes donné pour tâcher de rétablir l’unité entre les chrétiens, de façon que, suivant tous ensemble le vrai Dieu, nous nous opposions de toutes nos forces aux incroyants et aux ennemis du nom chrétien. » Pastor, t. xv, p. 220. Enfin, le cardinal de Mantoue, Hercule Gonzague, était définitivement nommé premier légat ; Simonetta en raison de sa situation de dataire et de sa science de canoniste, était chargé de lui servir à l’occasion de guide et au besoin de surveillant. De plus Simonetta devait renseigner la Secrétairerie d’État par une correspondance à part pour les questions plus délicates que le pape traitait avec certaines fractions ou certains membres de l’assemblée.

Gonzague, grand seigneur, et Seripando, bon théologien, mais religieux raidi et trop correct, se complétaient et, de fait, s’entendaient bien. Le rôle de Simonetta était trop délicat pour que, même avec tout le doigté possible (qu’il n’eut pas toujours), le cardinal « surveillant » pût être bien accueilli des autres. Le rôle d’Hosius fut assez effacé et celui d’Altæmps, à part quelques rares circonstances, nul.

Il fallut régler les questions de préséances. Le 31 décembre, un bref de Pie IV apporta une solution à cette épineuse difficulté ; puis la bulle Ad universalis Ecclesim déclara que seuls les prélats présents et non les procureurs des absents avaient voix de définition ; enfin la session d’ouverture fut fixée au 18 janvier 1562, fête de la Chaire de saint Pierre à Borne.

2. La XVIIe session (18 janvier 1562). — Une dizaine de prélats espagnols étaient arrivés depuis quelque temps et leur chef, l’archevêque de Grenade, Pedro Guerrero, se révéla, dès la première heure, comme un théologien intransigeant « plus dur que le marbre ». Il voulait tout d’abord une déclaration officielle, proclamant que le concile « continuait », menaçant les légats, en cas de refus, d’une protestation publique. Cf. J. SuSta, Die romische Kurie und das Konzil von Trient unter PiusIV., 1. 1, p. 112-113. Finalement il fut réglé qu’on éviterait simplement de faire la moindre assertion qui pourrait mettre en doute la continuation. Le 15 janvier se tint la congrégation générale pour l’examen du décret à rendre dans la xviie (l re sous Pie IV) session, fixant les règles que les Pères devraient observer et faire observer autour d’eux, en public et dans leur vie privée. La congrégation préparatoire compta plus de cent Pères. On y donna lecture des actes pontificaux qui devaient être promulgués dans la session du 18, y compris les deux documents datés du 31 décembre, et pour lesquels Pie IV demandait l’approbation du concile. L’archevêque de Grenade protesta contre la formule proponentibus legatis qui semblait apporter une limitation à la liberté et aux droits d’un concile général. Cf. Pallavicino, 1. XV. c. xvi, col. 1027. On fixa ensuite la future xviiie session (2e sous Pie IV) au 26 février, afin de donner le temps d’arriver aux ambassadeurs de France et d’Espagne et aux évêques français. Les présidents proposèrent une ébauche de programme à préciser dans les réunions ultérieures en prenant pour base l’Index de Paul IV. Enfin l’assemblée décida d’accorder aux protestants un sauf-conduit le plus large possible, leur permettant de se présenter en toute sécurité et de soutenir pacifiquement leurs opinions devant le concile.

La reprise du concile, si péniblement préparée depuis deux ans, eut lieu officiellement le 18 janvier devant cent-quatorze déflniteurs et cinquante-trois théologiens. Une seule notabilité laïque dans l’assistance : le duc de Mantoue, Guillaume de Gonzague, venu pour honorer de sa présence la haute dignité de son oncle, le cardinal premier président. On y lut la bulle Ad Ecclesiæ regimen du 30 novembre, le bref des