Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/729

Cette page n’a pas encore été corrigée
1443
1444
TRENTE. LE CONCILE DE JULES III (1551)


lendemain et le surlendemain, la congrégation générale discuta le dernier projet des Pères théologiens : les erreurs sur l’ordre et sur l’exlrême-onction. Ils n'étaient plus que vingt-six Pères et pourtant, le 29, Massarelli leur transmettait encore huit erreurs sur la messe ; leur examen, par les théologiens mineurs, au nombre de plus de soixante-dix, se prolongea du 2 au 22 août. Entre temps, les prélats revenaient sur l’ordre et l’extrême-onction, et Massarelli préparait les préliminaires pour le mariage et ses abus. Le 12 août, del Monte reprenait avec les canonistes les abus sur les sacrements en général. Plus tard encore (5 octobre), l’assemblée entreprit la question des vœux ; le 12, théologiens et canonistes s’entendaient pour insérer la question des mariages clandestins dans les chapitres de réforme. En même temps, le débat sur le mariage se poursuivait et, du 7 au 22, les Pères revinrent à la dernière rédaction sur les abus des sacrements en général. À partir du 21 novembre, trois congrégations générales travaillèrent à arrêter des conclusions définitives pour les travaux des dix derniers mois. Le 24, del Monte chargeait quatre prélats de fixer les abus sur la pénitence ; les théologiens inférieurs discutaient des points secondaires se rattachant plus ou moins à la discipline des sacrements, à la messe, aux indulgences, au purgatoire, aux vœux. Le 28, l’enquête sur les abus de l’ordre était terminée et une commission commença à s’occuper de la réforme des réguliers. Ces détails dans le Diaire de Massarelli, Conc. Trid., t. i, p. 674-724.

Ce travail n’a pas été stérile. Sans doute, aucune décision n’a été prise à Bologne. Mais le concile y a préparé une abondante provision de matériaux de théologie et de discipline sur les sacrements qui n’avaient pas encore été touchés par ses déclarations et définitions antérieures. Des spécialistes les avaient patiemment élaborés ; le secrétaire en fit un recueil qu’il conserva pour la suite du concile et dont les congrégations postérieures surent tirer profit.

4. Paul III congédie le concile.

La prorogation sine die du concile (13 septembre) invoquait, entre autres motifs, la venue de douze évêques français, promis par Henri II, successeur de François I er. Deux seulement étaient arrivés le 9 avec l’ambassadeur de France, Claude d’Urfé. Les autres n’arrivèrent que du 19 au 29. Des complications surgissaient en Haute-Italie à propos des duchés de Parme et Plaisance. De son côté, Charles-Quint exigeait le retour du concile à Trente ; des ecclésiastiques allemands adressaient au pape une supplique en ce sens. La diète d’Augsbourg préoccupait la curie romaine. Voir Paul III, t.xii, col. 16-17. Et, tandis que le roi de France manifestait sa bienveillance en envoyant ses évêques dont plusieurs cardinaux, l’empereur envoyait son ambassadeur Mendoza sommer le pape de renvoyer promptement le concile à Trente (14 décembre). Ce retour fut accepté, mais subordonné à cinq conditions : 1. Les Pères de Trente devaient d’abord rejoindre Bologne ; 2. Il n’y aurait aucune innovation au règlement ; 3. Ce qui avait été décidé ne serait pas remis en question ; 4. L’assemblée resterait maîtresse de son ordre du jour. 5. Enfin elle resterait toujours libre de décider sa suppression, sa conclusion ou son transfert. Diaire de Massarelli, Conc. Trid., t. i, p. 727-728.

Charles-Quint crut intimider le pape en envoyant son fiscal de Castille, Juan de Vargas, flanqué de deux notaires et de cinq témoins, déclarer que, si les Pères ne voulaient encourir la colère de son maître, ils devaient retourner immédiatement à Trente (15 janvier 1548). Mendoza renouvela sa démonstration théâtrale au consistoire du 23 janvier. Paul III et del Monte gardèrent leur calme. Malgré la protestation de certains Pères de Bologne, Paul III voulut arbitrer

le « conflit », qu’avaient fait naître les Pères demeurés à Trente ; il demanda aux prélats de l’une et l’autre ville une délégation de trois membres pour justifier ou non la translation. Charles-Quint entendit alors se passer du pape et régler provisoirement lui-même le statut religieux de l’Allemagne par l’Intérim d’Augsbourg, voir Paul III, t.xii, col. 17. Tout en protestant contre l’Intérim, Paul III chercha à en atténuer les effets et délégua Pighini pour en surveiller l’application. Tout cela dissuadait le pape de rendre sa sentence d’arbitrage. Il prit finalement la décision de décréter la disparition du concile : ce qui fut fait le 13 septembre 1549.

III. Le concile de Jules III.

1° Reprise du concile. — 1. Bulle de convocation. — À la mort de Paal III. le conclave dura plus de deux mois (30 novembre 1549-8 février 1550), pour aboutir à l'élection du cardinal del Monte sous le nom æ Jules III. Aux clauses générales de la capitulation que devaient jurer les cardinaux pour être candidats : réformer l'Église, maintenir la paix générale, extirper l’erreur, le conclave en ajouta une plus précise : reprendre et continuer le concile commencé.

Les premiers actes du nouveau pape furent de détendre la situation entre le Saint-Siège et l’Empire. Voir Jules III, t. viii, col. 1920. Puis il s’appliqua à reprendre le concile : dès le 10 mars il fit part au consistoire de son intention. Jules III commença par envoyer à cet effet un nonce en Allemagne et en France : Pighini fut désigné pour l’Allemagne ; pour la France, le pape fit choix de l'évêque de Corne, Trivulzio, très attaché à la cause des Valois. Henri II commençait à se montrer mécontent de la volte-face du Saint-Siège à l'égard de son adversaire. Les deux nonciatures n’aboutirent à aucun résultat sérieux. L’empereur voulait bien que l’on continuât le concile de Trente à Trente : Pighini acceptait qu’il fût repris de Bologne à Trente. C'était toute la légitimité du transfert à Bologne qui se posait à nouveau.

Jules III lança néanmoins la bulle de convocation Cum ad tollenda, datée du 1 er décembre 1550. Elle admettait, selon la formule chère à l’empereur, que le concile « continuât » à Trente ; mais les matériaux accumulés à Bologne par les soins de Massarelli devaient servir au nouveau concile. L’empereur renouvela son opposition a un transfert possible à Bologne, et, par le recès qui congédiait la diète d’Augsbourg, invita, le 13 février 1551, les États de l’Empire à prendre part au concile. Il promit sa protection, pour que l’assemblée pût rapidement mener son œuvre à bonne fin. Le pape aurait voulu lui-même, pour éviter aux évêques les rigueurs de l’hiver, que tout fût terminé dans l’année.

2. Préliminaires du concile.

La voix publique désignait comme légat au concile le cardinal Cervini qui, sous Paul III, avait fait ses preuves. Mais il se récusa sur sa mauvaise santé. Jules III, dès le début de son pontificat, avait donné toute sa confiance au canoniste Crescenzi, de la congrégation de la réforme. Cette congrégation, présidée par Cervini, Pôle et Morone, travaillait depuis le 18 février pour préparer les matériaux du concile. Jules III ne cessait lui-même d’y travailler avec le cardinal Crescenzi, qu’il préparait ainsi à devenir légat-président du concile, et il lui avait si bien inculqué le programme de Paul III que le futur légat était tout à fait en état de le poursuivre. D’ailleurs, tant pour simplifier la situation et les dépenses que pour mieux assurer le succès du concile, Jules III le désignait comme seul président, lui donnant simplement deux assesseurs, Pighini, archevêque de Siponto, qui connaissait bien les affaires d’Allemagne et Lippomani, coadjuteur de Vérone, formé dans l’intimité de Contarini. Les brefs de nomination furent