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TRENTE. LE CONCILE DE PAUL III, 1 1 1 « SESSION


même cérémonial que le 13 décembre. Une Admonitio ad Patres, que lut le secrétaire, rappelait aux Pères comment ils devaient exercer avec fidélité leurs fonctions d’interprètes de la parole du Saint-Esprit, de défenseurs des droits de l'Église et de la vérité. Le décret qu’on publia dans cette session forme le préambule des Acta. C’est le décret De modo Vivendi et atiis in concilio servandis, qui, à lui seul, constitue le contenu officiel de la deuxième session. Conc. Trid., t. I, p. 367 ; t. iv, p. 554-555. La formule du début : Sacrosancta Tridentina synodus in Spiritu sancto légitime ccngregata, in ea præsidenlibus eisdem apostolicee Sedis legatis, sera reproduite dans les sessions suivantes. Le décret contient le règlement proposé aux Pères et aux fidèles de la ville. Ceux-ci ont le devoir de prier pour le concile, de se comporter chrétiennement. Ceux-là et les autres membres de l’assemblée devront célébrer la messe ou y assister chaque dimanche au moins, jeûner le vendredi, pratiquer dans leur tenue et celle de leur maison, eux et leurs commensaux, la sévérité, le bon ordre et la dignité qui répondent à la situation. Des prières périodiques sont prescrites pour le succès du concile. L’assemblée déclare ne rien vouloir innover au préjudice de n’importe qui ; mais la question des procureurs restait encore sans solution.

La lecture de l' Admonitio et du Décret étant terminée, les simples clercs et les fidèles sortirent de l'Église. Il ne resta au chœur, assis, que les Pères, au nombre de quarante (quatre cardinaux, quatre archevêques, vingt-six évêques, cinq généraux d’ordre et les trois abbés comptant pour un) ; près d’eux, tête découverte, les représentants de l’empereur, du roi des Romains et du roi de Portugal ; enfin, mais debout, trente-neuf théologiens et six canonistes. Les décrets furent officiellement adoptés ; neuf Pères apportèrent cependant une réserve sur l’omission de la formule : universalem Ecelesiam reprœsenlans. Voir la liste dans Prat, Histoire duconcilede Trente, Bruxelles, 1854, p. 125, notel ; un seul italien, Fiesole. D’ailleurs, la réclamation devait revenir périodiquement. Le célébrant du jour, l'évêque deCastellamare, lut le bref du 17 avril 1545, refusant le vote aux procureurs d'évêques. Après le chant du Te Deum, on se sépara. On avait perdu du temps à batailler sur une formule dangereuse, au sujet de laquelle, le 21 janvier, le pape adressait des reproches aux légats, parce qu’ils ne l’avaient pas arrêtée assez fermement.

3. Méthode de travail finalement adoptée.

L’on se disputa encore sur la malencontreuse formule, dont certains ne voulaient pas démordre. Mais tout s’apaisa. L'évêque de Jæn venait d'être nommé cardinal et d’en recevoir les insignes. De nouveaux définiteurs se présentaient et le président crut possible d’aborder la grave question qui divisait le pape et l’empereur. Soucieux de maintenir l’unité de doctrine de l'Église, Paul III avait instamment recommandé que le concile confirmât, par de nouveaux décrets, les dogmes rejetés par les novateurs. Les Pères devaient d’ailleurs procéder lentement, donner aux protestants le temps de venir s’expliquer, discuter avec eux bénigne, patienter, paterne, comme disait le général des augustins, Seripando, dans la conférence du 18 janvier. L’empereur avait tracé un programme sensiblement différent : d’urgence, il fallait rétablir la paix dans l'Église et le concile devait être une sorte de colloque international afin d’obtenir des protestants des résultats heureux pour la concorde et l’orthodoxie. L'œuvre proprement conciliaire serait la réforme des mœurs dont les protestants faisaient leur affaire capitale : et c’est par là qu’on devait commencer.

Le 13 janvier le légat-président avait rappelé les trois points pour lesquels le concile avait été convoqué : le dogme, la réforme des mœurs, la paix de l'Église ;

il en ajoutait un quatrième : accélérer la venue des Pères, semoncer les négligents et, au besoin, les menacer. Une commission fut nommée à cet effet, comprenant un Français, l’archevêque d’Aix, un Italien, l'évêque de Feltre, un Espagnol, l'évêque d’Astorga, avec des pouvoirs pour six mois. Le 18 janvier, del Monte faisait observer que la paix générale était affaire à traiter entre le pape et l’empereur. Restait le programme : dogme ou discipline. Le cardinal de Trente et Seripando appuyaient la thèse impériale : d’abord la réforme disciplinaire. On prierait les luthériens de venir au concile et on y recevrait leur abjuration. Programme bien illusoire, du moins quant aux avances à faire aux protestants et, de fait, la majorité du concile se prononça contre la proposition de Madruzzi. Le cardinal Pacheco demanda qu’une commission de théologiens préparât les matériaux de doctrine, afin que le concile pût en décider d’abord, après avoir toutefois prié, par lettres collectives, l’empereur et le roi de France d’envoyer au plus tôt leurs ambassadeurs et leurs évêques. L’archevêque d’Aix se rallia à ce point de vue, qui permettait de temporiser.

Le 22 janvier, les légats proposèrent une solution moyenne. Sous la poussée de la cour romaine, ils allèrent au plus pressé et préconisèrent l’institution de commissaires qui s’occuperaient en même temps, les uns de la doctrine, les autres de la réforme. Madruzzi revint à la charge et plaida avec éloquence la cause de la priorité pour la réforme. Mais del Monte maintint le programme arrêté : dogme et discipline simultanément, avec priorité pour le dogme. L’assemblée était divisée ; mais sur un bruit de couloir qui laissait entrevoir la menace d’un concile national, le cardinal Pacheco se rallia à l’avis du bureau et entraîna la majorité. En fin de séance, les légats annoncèrent qu’ils feraient préparer les deux décrets qu’on mènerait de front à la session suivante.

A la réunion du 26 janvier, les légats proposèrent donc un essai de règlement : les Pères, répartis en trois bureaux, délibéreraient sous la présidence d’un légat. Ils pourraient d’ailleurs, de bureau à bureau, se communiquer le résultat de leurs délibérations et mettre ainsi en commun des conclusions susceptibles de se transformer en projets de décret. La proposition fut votée par 27 Pères sur 39 votants. Et, après quelques réticences que dissipa bien vite la respectueuse fermeté des légats, le pape approuva la décision.

4° Troisième session (4 février 1546). — Les légats auraient voulu reculer la session prévue pour le 4 février, craignant à juste titre qu’elle ne fût une session vide. Mais les Pères y tenaient et il fallut la préparer. On se rallia à une proposition de l'évêque de Fano, Pierre Bertano, dont l’autorité grandissait chaque jour : renouveler en préambule des travaux conciliaires la profession de foi du I er concile de Nicée à l’exemple de plusieurs anciens conciles.

Des discussions surgirent à propos des lettres à écrire aux princes : la question de primauté fut agitée. Habilement, les légats glissèrent l’avis de s’en remettre au pape. Puis, quand il s’agit de partager, en vue des travaux, les Pères en trois sections, plus habilement encore les légats s’en remirent à l’assemblée et l’on procéda par tirage au sort, entre les Pères de même rang dans la hiérarchie et répartis selon l’ancienneté. Conc. Trid., t. iv, p. 575. Tout fut convenu pour la session officielle comme on l’avait préparée, mais on jugea prudent de ne pas promulguer le décret sur le règlement de travail en partie double : on se contenterait de l’appliquer. Malgré de nouveaux efforts tentés par les légats pour ajourner ladite session, l’assemblée maintint la date du 4 février et les présidents n’insistèrent plus.

La troisième session fut donc célébrée le jeudi 4 fé-