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1425 TRENTE (CONC. DE). CONVOCATION PUIS SUSPENSION 1426

arrivé le 18 août ; le pape y fit son entrée le 8 septembre. Les conférences commencèrent dès le lendemain et durèrent dix jours. La prise de Buda par les Turcs jeta quelque indécision dans ces conseils. L’attitude hostile de François I er ne permettait toujours pas d’organiser un concile. Le pape et l’empereur s’engagèrent donc simplement à resserrer la ligue des catholiques allemands et Paul III consentit à augmenter le subside promis pour aider à la lutte contre les Turcs.

Rentré à Rome (fin octobre), le pape chargeait Morone, avec l’aide de prédicateurs choisis surtout chez les jésuites, d'évangéliser l’Allemagne. Contarini poussait à la réunion du concile, mais pas en Allemagne et pas même à Trente. Le 17 décembre, Pau ! III priait Charles-Quint et, malgré sa mauvaise volonté, François I er de lui envoyer leurs cardinaux pour préparer, avec lui, le concile en consistoire. Mais, sans attendre leur venue, le pape fit décider le 3 janvier 1542 la convocation du concile pour la Pentecôte suivante, 28 mai. En Allemagne, Morone trouvait une réelle bonne volonté chez les uns et il s’efforçait de la créer chez les autres. La question principale à régler était de déterminer le lieu du concile : les noms de Mantoue, Ferrare, Plaisance, Bologne étaient retenus par la curie romaine. Au consistoire du 15 mars la majorité des cardinaux se prononça pour Trente, bien que le pape ait aussi suggéré Cambrai. Le 23 mars, Morone proposa ces diverses localités à la diète qui se tenait alors à Spire : Trente plaisait davantage. Malgré l’opposition des Français, le pape trancha en faveur de Trente : le concile s’ouvrirait le 15 août. Sadolet fut chargé de rédiger un projet de bulle qui fut lu le 22 mai.

6. Huile de convocation et opposition de ChartesQuint.

François I er s'étant plaint, la promulgation de la bulle fut reculée. Mais, le 21 juin, Paul III se décidait : la bulle Initio nostri convoquait le concile à Trente pour le 1 er novembre 1542. Cette bulle retraçait l’historique des derniers incidents, le pape tenant à faire la chrétienté juge de la cause entre lui et les princes d’Europe. On la trouve en tête de toutes les éditions des Acta. Un appel formel était adressé aux évêques d’Allemagne : étaient invités tous ceux qui, constitués en dignité dans l'Église, avaient rfro ; 7 ou privilège de siéger et d’exprimer une opinion décisive, sententias dicendi. Un tel manifeste engageait l’honneur du pape ; il ne pouvait plus reculer. Mais il lui fallait obtenir l’acquiescement de Charles-Quint et de François I". Député vers celui-ci, Sadolet n’en reçut qu’une fin de non recevoir. Celui-là renvoya purement et simplement Contarini I

Malgré tout, le pape prépara le concile. Le 18 septembre, il désignait deux commissaires pour procéder aux préparatifs. L’un des deux commissaires, San Fclicc, évêque de La Cava, qui devait assister au concile jusqu'à la fin, trouva une aide empressée près de l'évêque de Trente, le cardinal (encore in petto) Christophe Madruzzi. Mais il eut à lutter contre l’inertie des habitants et engagea une correspondance avec Larnèse, pour le prier de stimuler la torpeur des bourgeois. Conc. Trid., t. iv, p. 261-293. Au début d’octobre, les légats n'étalent pas encore nommés. Vu la guerre qui sévissait, ! < pape estimait qu’il fallait temporiser. linfin, le 12 octobre, il désigna l’art io, l’oie et Morone, celui-ci récemment promu cardinal. Les légats se mirent en route les 26 el 28 octobre. Leur nomination et leur départ furent signifiés à l’empereur. Quant au roi de France, sa mauvaise volonté était notoire. Le

18 octobre, Charles-Quint nomma ses ambassadeurs : simple manœuvre. Le choix des sujet', était par luimême Inquiétant. Autour de Granvelle, qu< Iques com"ii fils Antoine Perrenot, éêque d’Arras, le marquis d’Aguilar, ambassadeur impérial à Rome et Hurtado de Mcudoza.

La date du 1 er novembre, fixée pour l’ouverture du concile, se passa sans qu’un seul évêque parût à Trente. Les légats n’arrivèrent que le 22 et n’en trouvèrent guère plus. Les évêques allemands attendaient que le pape se mît en route. La diète convoquée à Nurenberg avait pour tous plus d’attrait. Seul, San Felice montrait de l’optimisme et, dans ses lettres à Farnèse, indiquait que le pape ferait bien de donner l’exemple, d’envoyer à Trente les évêques de la curie et de faire pression sur les Italiens. Paul III temporisait toujours ; Granvelle et son fils n’arrivèrent que le 8 janvier 1543. Ils firent constater leur présence aux légats et partirent pour la diète. La comédie était jouée.

Paul III se décida enfin pour une action énergique. Cervini fut chargé de secouer la paresse des évêques italiens. Des appels pressants furent envoyés dans toutes les directions et le pontife prit lui-même le chemin de Bologne pour se rapprocher de Trente. Otto von Truchsess, évêque nommé d’Augsbourg, fut accrédité à la diète, mais sans le titre de légat ou même de nonce. Arrivé à Nurenberg le 22 mars, il y trouva peu de monde. L’absence de l’empereur condamnait la diète à l’impuissance : discussions sans fin, résultat nul. Les luthériens protestèrent à nouveau contre le concile. Les évêques songeaient si peu au concile qu’ils n'élevèrent même pas une contre-protestation. Quelques-uns cependant, qui avaient engagé leur parole, se mirent en route pour Trente. C'étaient, du côté allemand, l'évêque de Hildesheim, le coadjuteur de Mayence, l'évêque d’Eichstœtt, pourvu d’une délégation de son voisin de Wurtzbourg. Les évêques d’Espagne brillaient par leur absence. Les étrangers étaient représentés par le seul Richard Pâte, évêque de "Worcester, échappé à la persécution d’Henri VIII. Quelques italiens étaient arrivés entre le 10 mars et le 4 avril : Thomas Campegio de Feltre, Cornélius Mussi de Bertinoro, Jacques Cauco de Corcyre et Jacques Giacomelli de Belcastro, enfin le franciscain Denys Zanettini de Chiron. En tout douze prélats et quatre procureurs I

Paul III se demanda si, vu le petit nombre d'évêques, il ne valait pas mieux suspendre le concile. Il fut décidé qu’on attendrait la venue de l’empereur qui accepta une nouvelle entrevue avec le pape et cette entrevue eut lieu du 21 au 25 juin à Bussetlo entre Parme et Plaisance. Tout se passa en beaux discours et quand Charles-Quint passa par Trente, les 2-5 juillet, il n’obligea même pas à y demeurer les évêques espagnols de sa suite.

7. Suspension du concile.

Consultés, les Pères avaient opté pour le statu quo ; le consistoire du G juillet 1543 décréta cependant la suspension du concile. Le bref de congé fut signifié aux prélats le 25 juillet, mais la bulle de suspension ne fut publiée que le 19 septembre.

Charles-Quint en profita pour marquer plus fortement son hostilité à l'égard du pape. Mais les attaques qu’il dirigea alors ouvertement contre Paul III lui aliénèrent les quelques cardinaux qui lui restaient encore favorables. François I er s’empressa d’exploiter les fautes de son adversaire et chercha à compromettre le pape aux yeux des Impériaux. Charles Quint s’efforçait de discréditer à Rome le roi de France. Cf. Richard, op. cit., p. 183-185. Une légation du cardinal Farnèse près des deux souverains échoua complètement. L’empereur annonça qu’il réglerait 'os affaires

d’Allemagne sans le pape et se rendit à la diète d<- Spire

Convoquée pour le printemps (1544), en l’abseuee du « concile général, chrétien et libre. Il rappela même ion ambassadeur de Home, qui partit le 22 mai 1514, sans même prendre congé ni laisser de remplaçant.

l'.uil I 1 I, profondément blessé, ne VOUlUl pas cependant se départir de sa neutralité. Morone fut envoyé à