Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/716

Cette page n’a pas encore été corrigée

1417 TRENTE (CONC. DE). PREMIERS ESSAIS DE RÉUNION 1418

put compter et qui devint le premier légat-président du concile de Trente, avant d’être élu pape sous le nom de Jules III. Renforcée de trois cardinaux, la commission continua à travailler au mémoire, lequel, après bien des discussions, fut prêt en février 1537.

4. Ce mémoire avait pour titre : Consilium dcleclorum cardinalium S. D. N. Paulo III petente conscriptum et exhibilum. Dans le préambule, la commission s’en prend à l’audace des canonistes romains qui soutenaient que tout était permis au pape selon son bon plaisir et que notamment il pouvait disposer des bénéfices comme de sa propriété. De là tout le mal. On exhortait le pape à donner l’exemple de l’observation des lois et à n’accorder que de très rares dispenses pour des motifs vraiment sérieux. On passait ensuite en revue les principaux abus qui ravageaient l’Église avec leurs remèdes : « La collation des ordres sacrés, dont le haut clergé surtout fait mauvais usage, ne devrait avoir lieu qu’après enquête sérieusement menée, dans chaque diocèse, par trois prélats instruits et de bonnes mœurs. Les bénéfices seront conférés ainsi sûrement à des candidats connus, éprouvés, qui auront pour premier souci de résider, de s’occuper de leur troupeau, de remplir eux-mêmes leurs fonctions. Aucun Italien ne devra recevoir de bénéfice à l’étranger. » Le mémoire stigmatisait les manèges de la curie ou d’ailleurs, qui faisaient pour ainsi dire circuler les bénéfices de main en main : réserves, expectatives, regrès, pensions, etc. Tout cela devait disparaître, ainsi que le cumul des bénéfices. Les ordres religieux devaient être réformés, l’enseignement religieux surveillé, les prédications contrôlées.

Le mémoire dénonçait encore les abus que les légats et nonces se permettaient depuis longtemps, pour faire argent de l’usage de leurs facultés et pouvoirs spirituels. Les pasteurs inférieurs n’étaient pas moins repréheiisibles en extorquant à l’autorité suprême dispenses, indulgences, quêtes, absolutions et remises de vœux. Enfin on demandait au pape de rétablir à Rome un service divin convenable et d’y faire régner la pureté de la vie et des mœurs et l’accord entre les établissements pieux.

Avant que Paul III en eût pu tirer profit, le mémoire fut livré subrepticement à la publicité. Les protestants exploitèrent contre l’Église son contenu. I.e pape dut faire arrêter les copies qui se multipliaient. Le concile semblait compromis et cependant Paul III y pensait toujours, puisqu’il fit rédiger par Contarini un résumé historique des conciles anciens, afin de s’en inspirer : Conciliorum magis illuslrium summa (hiver 15361537).

5. itehec du concile projeté à Manloue.

La guerre entre François I" et Charles-Quint faisait rage. Le nonce Pie da Carpi, sympathique au roi de France, n’avait rien pu obtenir de celui-ci, qui voulait, avant tout, que la question du Milanais fût résolue en sa faveur. En Allemagne, van der Vorst avait reçu le meilleur accueil des princes catholiques et des évêques, mais tous attendaient, pour s’occuper du concile, la fin de la guerre. De leur côté, les protestants, sollicités par le légat, ripostaient par la rédaction dis vingt-trois artieli s de Smalkalde, bous l’inspiration de Luther lui-même (1536). I.’électeur de Saxe se rallia à cette fin de non recevoir. Von der Vont fut traité avec un manque

irds mortifiant. La Ligue de Smalkalde répondit seulement le 2 mars 1537 en repoussant grossièrement l’idée même du concile ; les brefs pontificaux furent retournés au nonce sans même avoir été ouverts, l’astor, t. xi, p. 76.

Du côté du duc de Mantoue, Paul III trouva fort

peu d’empressement. Frédéric Gonzague formula da telles exigences concernant une garni on estimée né*

ire pour la sauvegarde du concile, que le pape

décida qu’il ne convenait pas de s’y prêter. Le concile fut prorogé au 1 er novembre : simple formalité, car le souci du concile n’existait que dans l’esprit du souverain pontife. Quand l’évêque de Segni vint à Mantoue de la part du pape pour congédier les Pères qui devaient s’y être déjà rendus, il n’en trouva aucun.

Nouvelles tentatives pour un concile à Vicence.


1. Premières tractations de Paul III.

Les succès militaires des Turcs contribuèrent à regrouper les forces chrétiennes. En attendant que le concile pût être repris, Paul III insistait pour la réforme de l’Église romaine. Une nouvelle commission fut déléguée pour la réforme des bureaux de la curie ; mais l’entente ne fut pas toujours parfaite. Contarini, Caraffa, Aléandre et le maître du Sacré-Palais, Badia, rédigèrent un mémoire pour réglementer les taxes en ne tenant compte que des frais d’expédition évalués d’une manière rigoureuse, consilium quatuor deleclorum a Paulo III super reformatione romanæ Ecclesiee. Simonetta et Ghinucci voulaient sauver les taxes, estimant qu’il était suffisant d’empêcher les officiers de la daterie d’en fixer le taux à leur gré. Le général des servîtes, Denys Laurerio, bien que partisan d’une réforme, répondit en ce sens au mémoire de Contarini : Defensio compositionum. La controverse devait encore s’aggraver pendant le voyage du pape à Nice. Sur les détails de cette aggravation du conflit, voir Pastor, t. xi, p. 150 sq. ; Richard, p. 107. Contarini ne céda pas et publia un nouveau mémoire : De potestate pontificis in compositionibus, dont on trouve déjà le texte dans Le Plat, Monum. ad hist. conc. Trid… amplissima collectio, t. ii, p. 608. Cf. Dittrich, Kardinal Contarini, p. 384. Sur les théories des curialistes, voir Imbart de La Tour, Les origines de la Réforme, Paris, 1909, t. ii, p. 57.

L’ouverture du concile restait fixée au 1 er novembre. Le nonce Jean Guidiccioni, accrédité près de l’empereur, s’efforça de faire agréer, par Charles-Quint, le choix d’une ville autre que Mantoue : Vérone ou Padoue, dans le territoire de la république de Venise ou, à leur défaut, Bologne ou Plaisance dans les États pontificaux. Charles-Quint s’en remit au choix de son frère Ferdinand, roi des Romains. Ferdinand indiqua (mars 1537) au nonce Morone, Trente, sa ville favorite, ou bien, à défaut de Trente, Udine, si Venise y consentait. Mais le concile n’aurait lieu que si le pape, abandonnant l’attitude de neutralité, soutenait l’empereur contre le roi de France. Celui-ci fut plus catégorique : au nonce Philibert Fcrreri il déclarait tout net que le concile n’aurait pas lieu tant que durerait la guerre. Le pape, sans se décourager, entreprit de nouvelles démarches pour réconcilier les adversaires : missions du cardinal Jæobazzi à Barcelone, auprès de Charles-Quint (15 janvier 1538), de Morone auprès du roi des Romains, du cardinal Pie da Carpi auprès de François I er. Cf. Richard, p. 91-94 ; Pastor, t. xi, p. 84-87.

Le 29 août 1537, Paul III avait sollicité de Venise l’hospitalité pour le futur concile. Après l’évacuation de Corfou par les Turcs, le doge proposa Yicencc. Le 5 janvier 1538, le pape députait deux nonces pour y faire les préparatifs d’installation. Mais la population montra si peu d’empressement qu’on pouvait se demander comment il serait possible de loger les membres du concile et les légats du Saint-Siège.

2. La congrégation préparatoire du concile.

Paul III s’adressa à la congrégation qui, en avril 1536, avait collaboré à la première bulle de convocation. Les membre ! forent portés à neuf (7 janvier 1538). Le cardinal de l’rani, Dominique Cupis, et l’évêque de Sabine, Laurent (.ampegio, gardaient la présidence ; il furent renforcés par les partisans les plus décides de ! forme : Ghinucci, Simonetta, Contarini, Laralla. Sado