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TENTATION — TERILL (ANTOINE)


impossible (par exemple, tentations internes contre la chasteté), quand la simple diversion avec désaveu paraît plus fructueuse, ce qui sera fréquent dans des tentations obsédantes contre la foi, la charité, etc.

D’une manière générale la résistance contre les tentations doit être d’autant plus active et, si c’est possible, d’autant plus directe que le péril du consentement est plus grand et plus proche, c’est lui qui constitue la raison et établit la mesure de la lutte contre la tentation.

A ces règles de la théologie morale, dont les formules varient quant à l’expression suivant les auteurs, l’ascétique ajoute des conseils abondants sur la manière générale et particulière dont l’âme doit mener le combat spirituel contre les tentations ; nous ne pouvons que renvoyer à ses ouvrages, dont quelques-uns seront indiqués en fin de la note bibliographique.

Nous nous contenterons de donner l’indication de quelques ouvrages, où sont traitées avec plus de détails ou de clarté les deux questions spéciales, étudiées dans cet article ; en certains d’entre eux on trouverait aussi des indications pour une étude générale de la tentation.

I. Tentation de Dieu.

Dictionnaire de la Bible, art. Tentation (Lesêtre) ; S. Thomas, Sum. theol., IP-II », q. xcvn ; Suarez, De religione, tract, iii, t. I, c. n et iii, Vives, t. xiii, p. 443 sq. ; Lessius, De justifia, t. II, c. xlv ; Laymann, Theol. mor., t. IV, tr. x, c. v ; S. Alphonse, Theol. mor., t. IV, n. 29-32 ; Ballerini-Palmieri, Op. theol. mor., tr. vi, sect. i, dub. 1, 2e éd., t. ii, p. 262 sq. ; Muller, Theol. mor., 5e éd., t. ii, p. 261 sq. ; Priimmer, Man. theol. mor., 2e éd., t. ii, n. 526 sq. ; Merkelbach, Sum. theol. mor., 2e éd., t. ii, p. 777 sq.

II. Tentation et péché.

S. Thomas, Sum. theol., I », q. exiv ; I a -II" >, q. lxxv et q. lxxx ; III », q. xli ; De malo, q. iii, a. 3 ; Suarez, De Deo creatore, I, De angelis, t. VIII, c. xvin et xix, t. ii, p. 1067 sq. ; Noldin, Sum. theol. mor., De principiis, 7e éd., n. 320 sq. ; Merkelbach, Sum. theol. mor., 2e éd., t. i, n. 481 sq.

Et nous ajouterons quelques livres de doctrine spirituelle sur la psychologie et l’ascétique de la tentation : S. François de Sales, Vie dévote, IVe part., c. in-x ; Kodriguez, Pratique de la perfection, IIe part., 3e tr. ; W. Faber, Progrès de la vie spirituelle, c. xvi ; Mgr Gay, Vie et vertus chrétiennes, t. i, tr. vin ; Ribet, L’ascétique, c. x ; P. de Smedt, Notre vie surnaturelle, IIIe part., c. ni ; Dom Lehodey, Le saint abandon, p. 332-343 ; Ad. Tanquerey, Précis de théol. ascét., t. ii, c. v. Signalons enfin pour l’excellente présentation en langage courant de la doctrine théologique : Mgr d’Hulst, Carême de 1894. Retraite pascale sur les tentations.

R. Brouillard.

    1. TEPE (Bernard)##


TEPE (Bernard), théologien contemporain. — Né le 17 octobre 1833, près de Lindern (Oldenbourg), il entra dans la Compagnie de Jésus en 1861 et enseigna pendant longtemps la théologie au collège Saint-Bennon, dans la ville de Saint-Asaph (pays de Galles). Il rentra, en 1902, à Walkenbourg, où il mourut le 24 décembre 1904. De son enseignement théologique il reste : Institutions theologise in usum scholarum, 4 vol., Paris, 1894-1896 ; Institutiones theologise moralis generalis, 2 vol., Paris, 1899, deux ouvrages qui mériteraient de devenir classiques.

Buchberger, Lexikon fur Théologie, t. ix, col. 1049.

É. Amann.
    1. TERILL ou TERRILL Antoine##


TERILL ou TERRILL Antoine, jésuite anglais (1621-1676). — Il naquit en 1621, d’après Records, et non en 1623 (Sommervogel), à Canford (Dorsetshire) d’un père anglican et d’une mère catholique. Son nom de famille est en fait Bonoille ou Bouille ; à cette époque de persécution, les jésuites anglais usaient volontiers de plusieurs noms. Il avait été élevé dans l’hérésie et fut converti par le P. Thomas Bennett. À quinze ans, il étudia à Saint-Omer et, à dix-neuf ans, commença sa formation ecclésiastique au Collège anglais de Rome. Ordonné prêtre le 16 mars 1647, il entra le 20 juin de la même année chez les

jésuites, au noviciat romain de Saint-André. Il fut quelques années pénitencier à Lorette, puis enseigna la philosophie à Florence, la théologie scolastique à Parme pendant quatre ans et fut envoyé au Collège anglais de Liège ; il y professa la théologie et les mathématiques, y fut directeur des études et enfin recteur, de 1671 à juillet 1674. Il mourut dans cette ville, le Il octobre 1676, au retour d’un voyage à Rome, où il avait représenté sa province à la congrégation des procureurs. De son vivant, le P. Terill fut en grand renom de piété, de science et de prudence ; de toutes parts on le consultait. Lui-même cependant était continuellement assailli d’angoissants scrupules, qui disparurent durant sa dernière maladie.

Divers ouvrages, écrits à Liège, assurent au P. Terill une place considérable dans l’histoire de la théologie morale, particulièrement en ce qui concerne la question, si discutée alors, du probabilisme.

Le premier est intitulé : Fundamentum totius theologise moralis, seu traclatus de conscienlia probabili. In quo, qua ratione, qua authoritale irrefragabili, usus cujusvis opinionis practice probabilis demonslratur esse licitus ; suit une énumération des services que pouvait rendre l’ouvrage : Opus omnibus, qui curam animarum gerunt, apprime utile et pro propriæ conscientiæ securitate singulis propemodum necessarium. In hoc traclatu natura et qualitas practiese probabilitatis fuse explicantur. Modus, quo ex probabili judicio certitudo conscientiæ multiplici via exsurgit, clare exponitur. Errores Jansenii circa ignorantiam invincibilem refutantur. Intentum operis ex Sacra Scriptura, S. canonibus, SS. PP. stabilitur. Quidquid a nimis rigide sentientibus hactenus objectum fuit examinatur, ponderatur et, quia levé invenitur, rejicitur, et quod plus est, licito probabilitatis usui favere convincitur. L’ouvrage parut à Liège en 1668, in-4°, 613 p. ; il était dédié à Roger, comte de Castlemaine, baron de Limerick. Jusqu’alors le probabilisme, à notre connaissance, n’était guère présenté que dans l’introduction des Théologies morales ou comme un de leurs chapitres. Le P. Terill fut un des premiers à lui consacrer un ouvrage spécial et à l’examiner dans toute son ampleur. Le Fundamentum est certainement une des apologies les plus poussées du système. Même ceux qui le critiquent ou le rejettent, cf. ici Probabilisme, t. xiii, col. 526, reconnaissent l’importance de la tentative ; Dôllinger-Reusch déclarent qu’il mérite une attention toute particulière, Gesch. der Moralstreit., 1. 1, p. 48. L’originalité du P. Terill, c’est surtout de s’être efforcé de donner une théorie théologique complète du probabilisme et pour cela d’avoir cherché à montrer comment l’opinion vraiment probable, grâce à l’ignorance invincible et à la science moyenne, s’accorde avec la loi éternelle.

D’après lui, cette loi n’est pas simple ; les déficiences de l’intelligence et de l’action humaine voulues de Dieu obligent à distinguer en elle une loi directe, comprenant les cas où la volonté divine est connue avec certitude et une loi réflexe, à laquelle il faut rapporter les cas où la loi directe est invinciblement ignorée et cù s’exerce la science divine des futurs libres. Par cette dernière, Dieu, prévoyant que l’homme ignorera en toute bonne foi des parties ou des applications de la loi, fait rentrer dans sa loi éternelle les exceptions et les conclusions divergentes ou contraires à la formule générale de la loi. On peut sans doute, à propos de ces vues, parler « des extravagances où verse le probabilisme à prétention doctrinale » (loc. cit., col. 526-527). Pour ceux qui refusent de prendre la science moyenne en considération, il est clair que l’effort du P. Terill ne peut avoir aucune portée.

Disons plutôt que son défaut était d’ajouter aux difficultés propres au probabilisme celles qui venaient d’une question plus délicate encore et plus contro-