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TRANSFORMISME — TRANSSUBSTANTIATION


catholiques, qui avaient envisagé comme plausible l’hypothèse de la formation du corps de l’homme à partir d’un organisme animal. Sans remonter à l’affaire Saint-George Mivart, il signale la rétractation imposée en 1895 au P. Leroy, pour son livre L’évolution restreinte…, le fait que le P. Zahm dut retirer du commerce le livre Evolution and Dogma, dont une traduction italienne avait paru à Sienne, en 1896, la déclaration demandée en 1898 à Mgr Bonomclli, évêque de Crémone. Cf. Civiltà cattolica, série XVII, t. iv, 1898, p. 362 (affaire Bonomelli) et t. v, 1899 (affaire Leroy). À ces manifestations déjà anciennes, on ne saurait accorder une véritable importance doctrinale. Il est très certain que longtemps l’Église a fait grise mine à une doctrine qui, par ses premières origines, surtout par l’utilisation anti chrétienne qu’en avaient faites quelques-uns de ses tenants, apparaissait comme battant en brèche quelques points essentiels de l’enseignement catholique ou même simplement théiste. Les aménagements apportés par les savants, parmi lesquels figurent des ecclésiastiques de marque, par les philosophes aussi aux primitives idées ne rendent-ils pas nécessaire une reprise en considération du problème ? C’est ce que souhaitent à l’heure présente plusieurs théologiens et beaucoup de savants.

Plusieurs des questions touchées ici ont été traitées, de manière plus ou moins exhaustive aux articles Hexaméron, t. vi, col. 2325 sq. ; Péché originel, t.xii, voir surtout col. 569 sq. ; Polygénisme, t.xii, col. 2520. Ce dernier article donnera, du point de vue technique, une documentation considérable ; il faut le lire pour comprendre plusieurs des développements donnés ici.

Comme exposés d’ensemble de la question : bonne monographie de P. -M. Périer, Le transformisme, l’origine de l’homme et le dogme catholique, Paris, 1938 ; article de P. de Sinéty, Transformisme, dans Diction, apol., t. iv, col. 1793-1848. Ces deux travaux donnent une bibliographie considérable qu’il est superflu de répéter ici ; nous ne signalerons donc que les principaux ouvrages.

Exposé général.

H. Colin, De la matière à la vie, Paris,

1926 ; M. Caullery, L’évolution en biologie, aspects actuels du problème ; du même, Le problème de l’évolution, 1931 ; J. Rostand, État présent du transformisme, 1931 ; M. Boule, Les hommes fossiles. Éléments de paléontologie humaine, Paris, 1923 ; L. Cuénot, La genèse des espèces animales, 1921, 1932 ; du même, Invention et finalité en biologie, Paris, 1941 ; L. Cuénot-Gagnebin-Thompson-Vialleton-Dalbiez, Le transformisme ; G. Goury, Origine et évolution de l’homme, Paris, 1927 ; P. Rivet, L’évolution en biologie. L’espèce humaine ; F.-M. Bergounioux et A. Glory, Les premiers hommes, Toulouse, 1943, manuelcommode d’anthropologie préhistorique.

Discussion des idées.

Vialleton, L’origine des êtres

vivants. L’illusion transformiste, 1929 ; du même, Membres et ceintures des vertébrés tétrapodes. Critique morphologique du transformisme, 1924 ; en tous ces ouvrages, Vialleton se montre l’adversaire du transformisme intégral, du point de vue strictement scientifique ; H. de Dorlodot, Le darwinisme au point de vue de l’orthodoxie catholique, Bruxelles, 1921, se montre conciliateur. Sur la crise du transformisme on consultera avec des réserves une petite brochure de P. Descoqs, S. J., Autour de la crise du transformisme, Paris, 1944 ; nous hésitons à signaler G. Salet et L. Lafont, L’évolution régressive, Paris, 1943 ; pour justes que soient certaines critiques faites au transformisme, elles ne sauraient faire oublier l’absurdité foncière de l’hypothèse de travail des auteurs.

Le plus déterminé des partisans de l’évolutionnisme parmi les catholiques est le R. P. Teilhard de Chardin, S. J. ; parmi les nombreux articles où il a exposé ses idées, signalons : l’art. Homme du Diction, apol., IVe part. : L’homme devant les enseignements de l’Église et de la philosophie spiritualiste, t. ii, 1904, col. 501 sq. ; Les hommes fossiles, dans Études, mars 1921, p. 510 sq., compte rendu sympathique du livre de M. Boule ci-dessus mentionné ; Comment se pose aujourd’hui la question du transformisme, dans Études, juin 1921, p. 524-548 ; Le paradoxe transformiste, dans Rev. des quest. scienlif., 1925, p. 53-80 ; Que penser du transformisme ? ibid., 1930, p. 90-98 ; La paléontologie et l’apparition de l’homme, dans lïev. de philosophie, t. xxx, 1923, p. 144-173 ; d’ordre plus technique une étude sur le Sinanthropus Pekinensis, dans Rev. des quest. scienlif., juillet 1930, p. 5-16.

Discussion théologique.

- E.-C. Messenger, Evolution

and theology. The problem of Man’s origine, Londres, 1930, catholique et transformiste ; J. Paquier, La création et l’évolution, Paris, 1932, sympathique au transformisme ; B. Barlmami, Die Schopfung, Paderboni, 1931 ; H. Junker, Die biblische Urgeschichte in ihrer Bedeutung als Grundlage der ali-test. Offenbarung, Bonn, 1932. Sur ces divers ouvrages, J. Gross, Le problème des origines dans la lliéologie récente, dans Rev. des se. rel., t. xiii, 1933, p. 38-65 ; du même, Transformisme et théologie, ibid., t. xꝟ. 1940, p. 184-196.

É. Amann.


TRANSSUBSTANTIATION. —

Cet article a simplement pour but de dégager l’exposé dogmatique et théologique de la transsubstantiation, de l’étude générale publiée sur l’eucharistie, t. v, col. 9891368. Sorte de répertoire schématique, il n’accueillera que les explications complémentaires indispensables.
I. L’Écriture.
II. La tradition patristique et scolastique (col. 1396).
III. Les documents pontificaux et conciliaires en face des erreurs (col. 1398).
IV. Les controverses théologiques (col. 1399).

I. L’Écriture. —

Le dogme de la transsubstantiation, proposé en dehors de tout système métaphysique et à la seule lumière de la philosophia perennis, voir t. v, col. 1349 sq., répond à la manière obvie de comprendre les paroles de l’institution, col. 1043 sq. Si l’Église déclare « que, par la consécration du pain et du viii, se produit une conversion de toute la substance du pain en la substance du corps du Christ, Notre-Seigneur, et de toute la substance du vin en la substance de son sang », c’est « parce que Jésus-Christ notre rédempteur a dit que ce qu’il offrait sous l’espèce du pain était véritablement son corps ». Conc. Trid., sess. xiii, c. iv, Denz.-Bamvw., n. 877.

Ce sens obvie résulte, disent les auteurs, de deux considérations : 1° les paroles de l’institution affirment l’identité du sujet : « ceci » et de l’attribut « mon corps » par la copule « est ». Or cette identité ne saurait être affirmée si la substance du pain demeurait. D’autre part, les apparences extérieures ne furent pas modifiées aux yeux des apôtres. Nous avons donc ici, exprimé par les paroles de l’institution, le changement du pain au corps sous les espèces demeurées sans modification. 2° Les systèmes hérétiques proposés pour justifier la présence réelle sans recourir à la transsubstantiation — systèmes de la consubstantiation et de l’impanation, pour ne citer que les principaux — ne peuvent se défendre si l’on maintient avec le sens obvie du texte, l’identité du sujet hoc et du prédicat corpus.

Pour le développement des deux aspects de l’argument, voir col. 1035-1039.

II. Tradition patristique et scolastique. —

Dans les considérations générales (col. 1124-1125), on a dit que le dogme de la transsubstantation n’a pas toujours été de la part des Pères l’objet d’un examen spécial et qu’il s’est explicité peu à peu. Le terme « transsubstantiation » n’est venu que relativement tard. Mais les Pères n’ont pas laissé de signaler l’existence d’un changement dans le pain et de le qualifier, car le pain n’est pas par lui-même le corps du Christ.

Dans les trois premiers siècles.


Le dogme du changement du pain au corps et du vin au sang est exprimé d’une manière simple, mais suffisamment claire. Pour Ignace d’Antioche, « l’eucharistie est la chair de notre Sauveur Jésus-Christ ». Smyrn., vii, 1. Voir col. 1127. Chez saint Justin, l’expression est déjà plus nette : « Le pain et le vin ont été eucharisties. » Apol., r, 65, 66, col. 1128. Chez saint Irénée, la formule est presque identique : « Le pain et le vin deviennent l’eucharistie. » Cont. hær., V, ii, 3 ; cf. IV, xviii, col. 1129. Origène ne dit-il pas également que