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TRANSFORMISME. EXPOSÉ


loin sur cette « critique » philosophique du transformisme, mais il fallait dès l’abord signaler cette divergence d’interprétation. L’adhésion au transformisme même intégral se concilie de fait, chez bon nombre de naturalistes, avec la profession du spiritualisme et du théisme ; elle accompagne, chez d’autres, le monisme matérialiste le plus radical. Mais il nous paraît que, dans l’un et l’autre cas, les doctrines métaphysiques sont sans action décisive sur les convictions scientifiques et inversement. Ceci est, à la vérité, quelque chose d’assez récent ; aux dernières décades du xixe siècle il est incontestable que plusieurs naturalistes se sont fait de l’évolution une arme contre les doctrines philosophiques qui sont à la base de la foi chrétienne ; non moins incontestable aussi que des vulgarisateurs, plus ou moins informés, ont fait à la doctrine transformiste une large publicité dans l’intention à peine dissimulée de battre en brèche le christianisme ou même le théisme. Et cette attitude, nettement antiscientifique, aide à comprendre la réaction qui s’est, dès l’abord, manifestée dans les milieux religieux à l’endroit du transformisme. Cette défiance s’atténue à la vérité, mais elle n’a pas encore entièrement disparu.

État actuel de la doctrine transformiste.

1. L’exposé

des preuves que les naturalistes apportent à l’appui de la doctrine transformiste demanderait, pour être fait de manière scientifique des développements qui ne seraient pas à leur place ici. On en trouvera l’exposé dans les ouvrages proprement techniques mentionnés à la bibliographie. Mieux vaut essayer d’en faire comprendre l’agencement.

a) La preuve directe de la vérité du transformisme consisterait, de toute évidence, à saisir sur le fait la naissance d’une forme nouvelle à partir d’une forme différente. Ce serait ensuite le cas de répéter ab aclu ad posse valet conseculio. On s’est donc mis à étudier les variations lentes que peuvent produire sur telle espèce animale ou végétale déterminée des variations très profondes dans le régime, le climat, les conditions générales de vie. Que ces variations aboutissent souvent à des modifications considérables et transmissibles, cela est incontestable. La formation des races et des variétés est un fait très anciennement connu. Mais que de ces variations sortent en fin de compte des espèces nouvelles, au sens précis du mot, c’est ce que l’on a toujours pu contester. Les variétés ainsi créées soit parla nature, soit par l’art de l’éleveur, dès que cessent d’agir les causes qui leur ont donné naissance, ne tardent pas à revenir au type spécifique primitif. On ne peut donc considérer comme absolument démontrée la formation d’espèces nouvelles par variations lentes. Au contraire un assez grand nombre de faits bien établis montrent que des transformations discontinues ont lieu dans la nature ; qu’on les appelle saltations, « mutations », peu importe ; l’intérêt est que l’on ait pu voir, dans des conditions favorables.se con itituei de toutes pièces une espèce nouvelle à partir d’une espèce antérieure bien caractérisée. Pour se cantonner dans le monde végétal, dans celui des infiniment petits, ou encore dans celui des insectes, ces observations ne laissent pas d’avoir leur prix. Elles expliquent le repain (le faveur qu’a rencontré, en ces derniirs temps, la théorie des » mutations ». En tout état de cause, il serait prudent, à l’heure actuelle, de ne pas répéter trop facilement l’aphorisme ancien des flxistes que « l’on n’a jamais constaté l’apparition d’une espèce nouvelle à partir d’une espèce antérieure ».

b) Praires indirectes. — Si la preuve directe du transformisme ne se laisse pas fournir sans de sérieuses difficultés, il existe, par contre, pour appuyer la doctrine, un faisceau de preuves indirectes, dont chacune

peut-être serait incapable d’entraîner la conviction mais dont l’assemblage donne une grande impression de force. Le transformisme supposé vrai, voici que trouvent une. explication simple et obvie des faits de nature très diverse, pour lesquels, dans l’hypothèse du fixisme, on ne découvre que des raisons très différentes les unes des autres ou peu plausibles. C’est le cas, ici comme dans les sciences mathématiques, de donner la préférence à la solution élégante, qui, en une seule formule, rend raison de toutes les parties du problème. En bref, l’hypothèse transformiste étant admise, trouvent une explication : a. Les ressemblances étroites que constatent, entre espèces voisines, l’anatomie et la physiologie comparées : que la nageoire d’un cétacé ressemble au membre antérieur d’un memmifère terrestre, à cela rien d’étonnant, si l’un et l’autre dérivent d’une espèce antérieure qui possédait déjà un membre analogue. — b. La présence d’organes rudimentaires, qui existaient plus développés dans les ascendants et ne paraissent plus guère aujourd’hui que les vestiges, les témoins d’organes disparus ; à un certain nombre de ces organes rudimentaires

— rudimentaires d’ailleurs ne voulant pas dire inutiles — il est difficile de ne pas reconnaître un caractère régressif. — c. Le développement embryonnaire. Sans doute nul biologiste ne voudrait plus prendre à son compte, sans de sérieux aménagements, la fameuse « loi biogénétique fondamentale », énoncée par Hæckel et suivant laquelle « l’ontogenèse récapitule la phylogénèse », ce qui n vient à dire que l’individu, dans son développement embryonnaire, passe par les div. > formes des espèces qui l’ont précédé. Pour faire admettre cette loi, Hæckel n’a pas reculé devant certains procédés qui ont été sévèn nvnt jugés, y compris des « truquages » de dessins. Mai.-, il n’empêche que, nonobstant la valeur très approximative de la loi en question, les embryons des diverses espèces liassent par une série de stades qui s’expliquent au mieux si l’on admet que l’espèce considérée est ûlîc d’autres espèces dont le souvenir subsiste, pourrait-on dire, dans les formes successives que prend l’embryon. — d. La continuité remarquable des séries paléonlologiques, qui permet d’établir, au moins en gros, la filiation des espèces récentes en remontant plus ou moins haut dans l’histoire de la vie. A. Gaudry pouvait écrire, il y a cinquante ans. trois gros volumes où il étudiait les « enchaînements du monde animal dans les temps géologiques ». Si un certain nombre des « formes de passage » qu’il proposait entre les genres, les familles, voire les embranchements n’apparaissent nullement évidentes à beaucoup de naturalistes, par contre nombre d’espèces fossiles ont été découvertes depuis, qui assurent une reconstitution plus exacte des arbres généalogiques, du plujlum comme l’on dit, d’espèces soit disparues, soit encore existantes. Le progrès est continu dans ce sens et il est bien rare que la découverte d’un nouveau fossile n’apporte pas un confirmatur à la doctrine. À l’heure présente c’est la paléontologie surtout qui donne à la doctrine transformiste son plus sûr appui. Tour un pa léontologiste ayant une claire vue du développement de la vie dans L’immensité des temps géologiques, ce développement serait proprement Impensable s : nis la doctrine de la « descendance ». Cf. oi-desi n. col. 1366. Que si, abandonnant la considération » cnble « h la faune et de la flore, on n’applique à l’étude du peuplement de telle région donnée) soit terrestre, soit marine, on constate, avec plus de preclsion encore, que le transformisme rend mieux eompte qui ! ’fixisme des particularité* de la distribution dt s i pèces. Sur di s continents IsoléV l< "if- à autr<

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