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    1. TRADITION##


TRADITION. PAPES ET CONCILES

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10° Saint Sixte 111 (432-440). — Dans sa lettre du 17 septembre 433 à Jean d’Antioche, ce pape rappelle l’importance souveraine de la tradition doctrinale conservée dans l’Église romaine : Bealus Peirus apostolus in successoribus suis quod accepit, hoc tradidit. Qui voudrait se séparer d’une doctrine que le Maître a enseignée à Pierre avant tous les autres apôtres ? De cette foi il faut toujours nous pénétrer, afin de mériter de prendre place par la pureté de notre croyance parmi ses successeurs. Epist., vi, n. 5 ; Cav., n. 345.

11° Saint Léon le Grand (440-461). — La doctrine énoncée par Sixte III touchant l’autorité doctrinale de Rome en vertu de la succession apostolique, se retrouve affirmée par saint Léon en plusieurs lettres. Cf. Epist., v, ad episcopos illyricos (12 janvier 444), n.2 ; ix, à Dioscore d’Alexandrie (21 juillet 445), n. 1 (Marc, ayant été disciple de Pierre, il est impossible qu’il ait laissé à Alexandrie des traditions différentes de celles de Rome) ; x, aux évêques de la province de Vienne quillet 445), n. 1 ; xciii, au concile de Chalcédoiue (26 juin 451), n. 1 ; Cav., n. 347, a, b, e. En une autre lettre, Léon insiste sur la doctrine évangélique et apostolique, dont il ne faut pas s’écarter en quoi que ce soit, et sur l’enseignement que « les apôtres et nos pères nous ont donné de la Sainte Écriture ». Epist., lxxxii, ad Julianum (13 avril 451), Cav., n. 129. « Règle apostolique », écrit-il encore à propos de la confession secrète. Epist., clxviii, aux évêques de Campanie (6 mars 459), n. 2, Cav., n. 1224 ; Denz.-Rannw. , n. 145.

12° Le concile de Chalcédoine (451). — Dans son exposition de la foi catholique, le concile déclare « suivre les saints Pères ». Et, à la fin du symbole, il rappelle que telle est la foi des prophètes qui ont annoncé Jésus, de Jésus lui-même qui nous a instruits sur sa propre personne et des Pères (de Constantinople ) qui nous ont laissé ce symbole. Denz.-Bannw., n. 148 ; Cav., n. 690.

13° Saint Simplice (468-483). — Tout comme Léon le Grand, Simplice rappelle la continuité doctrinale qui existe dans l’enseignement des papes, ses prédécesseurs, et l’obligation de s’en tenir aux décisions des anciens conciles. Epist. ad Acacium (9 janvier 476), n. 2 et 3, Cav., n. 213 a ; Denz.-Bannw., n. 159. Cf. Epist. ad Basiliscum Augustum (10 janv. 476), n. 5, Cav., n. 213 b ; Denz.-Bannw., n. 160.

14° Saint Gélase (492-496). — Pour briser un dernier sursaut de l’hérésie pélagienne en Dalmatie, saint Gélase reprend le thème de Simplice : il n’y a pas à revenir sur la condamnation d’une erreur. Ce que nos prédécesseurs ont condamné, doit le demeurer ; leur foi doit nous suffire. S’il reste des points où nous sommes encore ignorants, c’est à eux qu’il faut demander de nous éclairer. Epist. ad Honorium (28 juil.493), n. 2, Cav., n. 214 ; Denz.-Bannw., n. 161. — Dans une autre lettre, il parle de ceux qui ont abandonné la vérité et se sont détournés de la tradition antique de l’Église : les Pères et les savants pontifes ont, en face de chaque hérésie, fixé la vérité d’après renseignement des Écritures et la prédication de ceux qui nous ont précédés. La vérité ainsi fixée doit demeurer sans changement. Epist., xcv, n. 2, 3, de la Collectio Avellana, dans Corpus de Vienne, t. xxxv, p. 369, 370.

L’attribution à Gélase de la célèbre décrétale De recipiendis et non recipiendis libris souffre de graves difficultés. Voir ici, t. vi, col. 1180. La dernière partie du document (vie siècle) constitue un progrès nouveau dans l’usage de l’argument de tradition. Elle indique en effet les documents sur lesquels on doit s’appuyer pour trouver l’enseignement chrétien dans sa pureté : conciles, œuvres des Pères, décrétales des papes, actes des martyrs, vies des Pères du désert, ainsi que les

ouvrages dangereux ou apocryphes qu’il faut rejeter. Denz.-Bannw., n. 164, 165, 166 ; Cav., n. 133.

15° Saint Hormisdas (514-523). — « La règle de foi qu’il faut garder et les « constitutions des Pères » dont il ne faut pas s’écarter sont résumées, déclare ce pape, dans l’enseignement du Siège apostolique. En s’attachant à cette foi et en maintenant ces constitutions, on doit, avec les conciles et les papes, condamner et anathématiser les hérétiques. Tel est le thème fondamental du Libellus professionis fidei, annexé à la lettre aux évêques d’Espagne (2 avril 517). Cav., n. 352 ; Denz.-Bannw., n. 171, 172. Au décret pscudo-gélasien, Hormisdas ajoute l’autorité du IIe concile de Constantinople. Denz.-Bannw., n. 173. L’autorité des Pères est également invoquée par Hormisdas, à l’occasion du conflit au sujet des livres de Fauste de Riez. Epist. ad Possessorem, 13 août 520, n. 4, Cav., n. 150.

16° Le IIe concile d’Orange (529). — Dans leur réunion à l’occasion de la dédicace d’une basilique, les évêques avaient en vue de rétablir « la règle de la foi » en ce qui concerne les rapports de la grâce et du libre arbitre. Et c’est « dans les ouvrages des anciens Pères expliquant sur ce sujet la sainte Écriture qu’ils sont allés puiser leurs décrets, afin de rappeler la vraie doctrine à ceux qui s’en écartaient t. Ainsi s’expriment-ils dans le préambule. Leur conclusion se réfère pareillement à la tradition : Sic secundum supra scriptas sanctarum Scripturarum sententias vel antiquorum Patrum definitiones. .. et prædicare debemus et credere… Tradition, Écriture, deux règles de foi invoquées avec la même autorité. Cav., n. 852, 855 ; Denz.-Bannw., n. 174, 199.

17° Le IIe concile de Constantinople (553). — Ce concile mérite une attention particulière : il contient la première déclaration doctrinale sur la valeur dogmatique de la tradition : « Nous confessons retenir et prêcher la foi qui fut donnée dès le début par notre grand Dieu et notre Sauveur Jésus-Christ aux saints apôtres et qui, par ceux-ci, fut prêchée dans le monde entier. C’est cette foi qu’ont professée, exposée et transmise aux Églises les saints Pères, surtout ceux qui se sont réunis dans les quatre saints conciles. Partout et en tout, nous les suivrons. » Préambule, Denz.-Bannw., n. 212. La suite du texte montre qu’il s’agit des conciles de Nicée, de Constantinople, d’Éphèse et de Chalcédoine ; mais elle note aussi avec insistance que ie concile entend faire sienne la doctrine des saints Pères et docteurs de l’Église, Athanase, Hilaire, Basile, Grégoire le théologien, Grégoire de Nysse, Ambroise, Augustin, Théophile (d’Alexandrie), Jean de Constantinople (Chrysostome), Cyrille (d’Alexandrie), Léon et Proclus, ainsi que « les autres saints et orthodoxes Pères, qui ont prêché d’une façon irrépréhensible la vraie foi dans la sainte Église de Dieu jusqu’à la fin de leur vie ». Cav., n. 132. Ce préambule montre comment la valeur doctrinale de la tradition est comprise par les Pères. Le concile retient présentement et transmet à d’autres la foi communiquée à l’origine par Dieu et Jésus-Christ aux apôtres : tradition divine qui devient tradition apostolique par la prédication des apôtres eux-mêmes dans le monde entier. Les anciens Pères ont recueilli cette tradition apostolique et l’ont eux-mêmes transmise aux générations postérieures.

18° Pelage 7° (556-561) ; Pelage II (579-590) ; Saint Grégoire le Grand (590-604). — Si nous réunissons ces trois papes, c’est que leurs déclarations sur l’obligation de conformer sa foi aux décisions des conciles et aux enseignements des Pères, sont inspirées par des circonstances analogues, formulées en termes à peu près semblables et qui sont calquées sur le texte précédemment cité du IIe concile de Constantinople. Cf. Pelage I er, Profession de foi (556), Cav., n. 134 ; Pelage II, Epist., ad ep. Islrise (585), ibid., n. 135 ;