Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/649

Cette page n’a pas encore été corrigée

1283

    1. TRADITION##


TRADITION. PÈRES GRECS DU IV* SIÈCLE

1284

les accepter, c’est rejeter les oracles du Saint-Esprit et préférer une opinion personnelle aux doctrines de l’Évangile. Epist., cclxi, n. 3, t. xxxii, col. 972 BC.

Fort de ce principe de la tradition, qu’il appuie sur I Cor., xi, 2 et II Thess., ii, 14, Basile justifie l’adoration due au Saint-Esprit à l’égal du Père et du Fils par l’usage traditionnel de l’Église. C’est, affirme-t-il, demeurer dans l’ordre apostolique que de s’attacher aux traditions non écrites, à7toarfoXi.xov 8s olj.a.i, xal tô toùç àYpâcpoiç TOxpaSôaeoi rcapafiévew. De Sp. Sancto, n. 71, col. 200 B. Et, pour mieux exprimer la vénération due à l’antiquité des dogmes, il la compare à la blanche chevelure de la vieillesse. Id., ibid., C. L’antiquité de la tradition, les usages constants de l’Église sont une garantie de la vérité qui s’en dégage. N. 16, col. 96 A. La formule baptismale (invocation à la Trinité) suffit à elle seule à prouver que le Saint-Esprit ne doit en rien être séparé du Père et du Fils. N. 26, 28, 67, 71, col. 113 A, 117 A, 193 AB, 200 BC.

Ainsi donc, il est bien établi que nos doctrines courantes sur le Saint-Esprit doivent être à la fois celles que nous recueillons des Écritures et celles que la tradition non écrite des Pères nous a laissées. N. 22, col. 108 A. C’est pourquoi, dans les controverses, il faudrait faire appel et aux Écritures et aux traditions apostoliques ; mais ni les unes ni les autres ne peuvent agir sur les esprits imbus d’idées juives ou païennes. N. 77, col. 213 C.

Ces textes expliquent pourquoi Basile s’élève à plusieurs reprises contre ceux qui demandent à grands cris des textes tirés de l’Écriture et ne font aucun cas du témoignage écrit des Pères. N. 25, col. 112 C. C’est le but de tous les adversaires de la vraie foi de combattre les traditions apostoliques. Ibid. ; cf. n. 16, col. 93 D-96 A. Et, pour trahir la foi, il suffit, estimet-il, de ne pas recevoir quelque point des vérités oralement transmises. De flde, n. 1, t. xxxi, col. 677 BC. Voir également Contra sabellianos et Arium et anomseos, hom. xxiv, n. 6, ibid., col. 612 B. Et Basile lui-même n’a pas d’autre ambition que de transmettre à ses auditeurs l’enseignement qu’il a reçu simplement et sans détours. Ibid., n. 5, col. 608 C.

On trouve chez saint Basile, comme expressions équivalentes, outre la formule classique TOxpàSoaiç twv TOXTépwv déjà citée plusieurs fois, d’autres formules moins courantes : TrapâSoaiç t^ç TÛcn : zu>ç, Epist., cxxv, P. G., t. xxxii, col. 524 ; TOXTpixal TuapaSéasiç, Epist., ccxliii, n. 2, ibid., col. 904 C ; twoç StSa^ç ôv TOxpeXâêo^ev, De Spir. sancto, n. 26, col. 113 A ; à7TOo-roXi.xT) rozpâSoaiç, n. 25, col. 112 C. Dans ï’Adv. Eunomium, TCapàSociç a comme équivalent xocvwv, règle (de la foi), t. I, n. 4, P. G., t. xxix, col. 509 C.

On doit reconnaître cependant que ces déclarations, si nettes en faveur de la tradition, sont insuffisantes en ce qui concerne le magistère de l’Église, organe de cette tradition.

b) Saint Grégoire de Nazianze. — Grégoire de Nazianze, on l’a fait remarquer, a clairement vu le progrès dogmatique qui s’impose à certaines vérités et explique de cette manière la manifestation progressive et relativement récente de la divinité du Saint-Esprit. Voir Dogme, t. iv, col. 1624-1625. Sous-jacentes à ce progrès existent donc dans l’Église des vérités non contenues ou tout au moins non clairement exprimées dans l’Écriture et qui sont la condition même du progrès des formules dogmatiques. Pour bien comprendre le passage signalé aux col. 161-164 de la P. G., t. xxxvi, il faut se reporter au n. 5 de ce discours (Orcrt., xxxi). Grégoire y précise qu’il parlera plus loin des « dogmes non écrits », col. 145 BC. Au n. 23, il se demande si les expressions àYévvTjxoç (non engendré) et avap^oç (sans principe) doivent être rejetées parce

qu’elles ne sont pas contenues dans l’Écriture. Col. 157. Peu importe, conclut-il, il ne faut pas s’attacher aux mots plus qu’aux idées. Mais si l’on constate qu’une expression correspond à l’idée que l’Écriture n’exprime pas ou n’exprime que confusément, mais qui doit en être certainement déduite, aucun sycophante de cette expression ne doit empêcher de s’y rallier. N. 27, col. 164. On comprend en quel sens Grégoire déclare dans la première lettre à Clédonius que notre foi est consignée et dans les écrits, ÈYYpâçcoç, et dans les paroles, àypâcptoç. P. G., t. xxxvii, col. 176 B.

c) Saint Grégoire de Nysse, établissant contre Eunomius la vérité catholique sur la Trinité, en appelle fréquemment à la doctrine, à la foi de l’Église, Contra Eunomium, 1. I et IV, P. G., t. xlv, col. 461 À et 653 B, et note les doctrines hérétiques comme de faux concepts d’opinions. L. XII, col. 957 D. Voulant démontrer l’unique génération du Fils, il déclare qu’il est parfaitement inutile de recourir à des raisonnements et à des arguments : « Il suffit, dit-il, pour démontrer notre affirmation, que nous ayons la tradition des Pères parvenue jusqu’à nous comme une sorte d’héritage qui nous a été transmis par les saints successeurs et héritiers des apôtres. » L. iv, col. 653 CD. Assertion remarquable et dans laquelle Grégoire affirme déjà, non seulement la tradition, source de vérités, mais le magistère vivant, imposant aux fidèles la vérité traditionnellement possédée dans l’Église. Cf. Deneffe, op. cit., p. 45.

6. Saint Épiphane.

L’assertion relevée chez Grégoire de Nysse appartient également à saint Épiphane. « Les paroles divines ne doivent pas être interprétées allégoriquement, mais être reçues dans leur teneur et leur sens obvies, si l’on veut en percevoir la force convaincante. Mais il faut leur ajouter la tradition ; car on ne peut demander à l’Écriture toutes les vérités. Les apôtres nous ont laissé les unes en écrit, èv ypayouc, , les autres en traditions, èv roxpaSôaeai.v. » Hser., lxi, n. 6, P. G., t. xli, col. 1048 B. Et, à l’appui de cette affirmation, il cite saint Paul, I Cor., xi, 2 ; xv, 3, et il continue en rappelant un certain nombre de pratiques reçues des apôtres, par exemple l’interdiction de se marier après avoir fait vœu de virginité, ce qui, en apparence, est contraire à I Cor., vu, 28.

Il s’agit ici, non pas simplement de source, mais encore de règle de vérités à croire. Si Épiphane prend soin d’établir exactement la succession apostolique, principalement pour le siège de Rome, c’est que « par là la vérité est manifestée de façon continue et perpétuelle ». Hser., xxvii, n. 6, col. 372 AB ; 373 B ; cf. xxxi, n. 30, col. 533 A. Cette indication montre que la règle de la foi se trouve, pour Épiphane, dans l’enseignement de l’Église romaine ; mais il ne faut pas oublier l’enseignement de l’Église universelle : la foi qui s’impose est celle de toute l’Église, Ancoralus, n. 120, t. xliii, col. 233 AB, celle des évêques qui gardent entre eux la communion. N. 14, col. 41 B. C’est cette foi, transmise des saints apôtres, qui a été consacrée à Nicée par plus de trois cents dix évêques. Id., n. 119, col. 233 A. Cf. Hser., lxxiii, n. 34, t. xlii, col. 468 A.

Le dogme très vénérable de la prière pour les dé. funts est un de ceux que l’Église a reçus des Pères-Hser. , lxxv, n. 9, t. xlii, col. 516 AB. Quoi de plus opportun et de plus admirable ! Cf. n. 8, col. 513 B. On notera dans le premier de ces textes, une application assez inattendue de Prov., i, 8, où Salomon ferait entendre que le Père nous a instruits par l’Esprit-Saint et par écrit et oralement, 6n èYYpâcpwç ze xal àypâcpcoç SôSacxcv ô ila-ajp. Col. 516 A. Ainsi l’Église a reçu des institutions qu’elle ne peut briser ni supprimer.