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TRADITION. PÈRES GRECS DU IVe SIÈCLE


d’autre but que de fournir l’ancre à laquelle se fixe la loi. Orat., iii, n. 58, col. 445 A.

La foi authentique de l’Église apparaît dans l’unanimité même des évoques qui la confessent. De syn., n. 2, 5, 9, col. 684 A, 688 C, 693 D. Si le concile de Nicée a dit la vérité, c’est qu’il est l’Église même, qui l’emporte sur les sectes dissidentes, comme le tout l’emporte sur quelque partie. Epist. ad Afros, n. 2, col. 1032 C. Les vrais chrétiens ne déchirent pas la tunique du Christ ; ils mangent la Pâque du Seigneur dans une seule maison, l’Église universelle. Episl. heort., v, 4, col. 1382 AB ; Tomus ad Antiochenos, n. 8, col. 805 B.

Enfin Athanase note que, pour sauvegarder la vérité traditionnelle, les Pères de Nicée ont été contraints, par la malignité et la subtile impiété des ariens, d’employer des expressions que l’Écriture ne contient pas, mais qui en expriment plus clairement le sens. Cf. De décret., n. 32, col. 473 D-476 B. Cf. n. 24, col. 457 B. C’est reconnaître implicitement l’autorité d’un magistère infaillible dans l’Église.

3. Didyme d’Alexandrie († 395) n’a fait qu’une allusion lointaine à l’argument de tradition. Aucun concile n’a été cité par lui. Toutefois, au début du De Spiritu sancto, il écrit, en parlant des hérétiques : « Ils profèrent au sujet de l’Esprit-Saint des assertions qui ne se lisent pas dans les Écritures et qui n’ont été employées par aucun des anciens écrivains ecclésiastiques. » Op. cit., n., P. G., t. xxxix, col. 1033 C.

4. Saint Cyrille de Jérusalem († 386). — Ce Père s’est placé à un point de vue qui justifie, dans une large mesure, certaines expressions paraissant exclure l’argument de tradition. Voir plus haut, col. 1277. Cyrille ne rejette pas pour autant la tradition, comme source de doctrine ou de pratiques. S’il n’en professe pas explicitement l’existence, il la suppose néanmoins.

Dans la V catéchèse mystagogique, il dit que le Christ a transmis à ses disciples le « Notre Père », -rrçv z’yPrp éyo[i£v êxelvRV ftv ô YJo>-rr, p TCapéSwxe toïç otxetotç aÙTOù y.<xtir l ta.lç, . Cal. myst., v, n. 11, P. G., t. xxxiii, col. 1117. Un peu auparavant, il parle des louanges divines que nous ont transmises les séraphins, tt)v TcapaSoŒïoav rçp.îv èx tcôv Œpaçlp. ŒoXoyîav Xsyo(zev. Ibid., n. 6, col. 1113. Plus loin, ayant décrit la manière de communier, il conclut la catéchèse en exhortant ses auditeurs à retenir l’enseignement transmis, v.v.-.zyz-z ra’JTaç xapaSoCTEiç àcnûXouç. Ibid., n. 23, col. 1125 B. Ce ne sont là sans doute que des formules, encore qu’elles soient indicatives d’une doctrine. Mais il y a mieux : Cyrille n’hésite pas à affirmer qu’il appartient à l’Église de transmettre aux fidèles la doctrine révélée, tt)v Û7t6 tîjç’ExxXr ( aîa< ; vuvt coi 7tapT.StSojxévi, v, laquelle s’appuie sur l’Écriture. Cal., , n. 12, col. 520 B. Et, comme il est impossible à tous de lire la sainte Écriture, l’Église nous résume toute la foi en brèves professions, xo tcôv Sôyii-ot -rijç 7Ûo-teo)Ç 7tepiXa(i, 6âvo[Aev. Col. 521 A. Ainsi, tout en rattachant primordialement à l’Écriture notre foi, il faut néanmoins se tenir très fermement aux traditions présentement reçues. xpctTEÏv t-/c --/paSôaetç âç vjv 71apaXa[x.6<iveTE. Col. 521 A. (/est ainsi quc l’Église catholique nous a transmis, comme un article de foi. la croyance en un Esprit-Saint, r.’/zkh’<, Lz bi tjj ttitteoç iizoï.yyzXi’x tt’.gte’Je’.v zc, ev ayiov Ilveùp-a. Cal., xvii, n. 3, col. 969 C. La croyance en la résurrection des corps est appelée (XEya Tr, < ; k~(Wc, xaOoXixîjç’ExxXtJOUXÇ -7.ç, i.y{z’Kl’l kccI 8 v, fi. 1.1 si l’Église est

dénommée catholique, c’est précisément parce qu’elle doit proposer tous lis dogmes -i la connaissance des

hommes, d’une façon universelle ci sin-erreur. Cal.. xviii, n. 23, col. 1 ' > 1 1 Ali. Aussi, pour se prémunir contre l’hérésie qui abuse des Ê< ritures pat d< l sélec lions arbitraire, ou des Interprétations loi.

DICT. DB Tlll’.'ii. C i liol..

fidèles doivent rester attachés à la sainte Église catholique, en laquelle ils ont été baptisés. Cal., xviii, n. 14 et 26, col. 1032 BC et 1048 AB. Si l’on admet ces prémisses, il faut admettre également ce qui en est la conclusion logique, à savoir que l’Église doit non seulement transmettre les Écritures, mais encore en expliquer, en préciser, en proposer le sens exact. Au point de vue de la discipline et des pratiques, on a dit, t. iii, col. 2559, comment l’auteur des Catéchèses fait reposer sur la tradition la connaissance de quantité de pratiques et d’usages, dont il justifie ainsi la légitimité dans l’Église. De ces considérations, il appert que Cyrille de Jérusalem n’a pas enseigné que l’Écriture soit la seule règle de foi. Cf. A. Denetïe, Der Traditionsbegriff, Munster-en-W., 1932, p. 43-44.

5. Les Pères cappadociens.

a) Saint Basile. — C’est à coup sûr chez saint Basile qu’on trouve la doctrine la plus nette et la plus développée. Le concile de Trente a cité de lui un texte célèbre, mais dont la portée, même au concile, a été discutée. De Spiritu sancto, n. 66, P. G., t. xxxii, col. 188 sq. En voici les passages principaux : « Des doctrines et des institutions gardées dans l’Église, les unes sont consignées dans les Saintes Lettres, les antres nous viennent de la tradition des apôtres qui nous est transmise dans les mystères. Toutes deux ont la même valeur pour la piété, et personne ne contredira les dernières, s’il a la moindre connaissance des lois de l’Église. Car, si nous attaquions ce qui n’est pas écrit, mais seulement pratiqué, nous répudierions l’Évangile, et cela dans ses principales parties, ou plutôt nous réduirions la prédication à n’être plus qu’un mot. »

Et après avoir cité plusieurs pratiques admises sans conteste dans l’Église pour la confection des sacrements, il conclut : « N’est-ce pas là cet enseignement qui n’est point du tout divulgué, mais secret, que nos Pères ont conservé dans un silence paisible, à l’abri de toute curiosité ? Ils comprenaient bien en effet, que la majesté des mystères est protégée par le secret. » Trad. Vacant, dans Éludes théoloyiques sur les constitutions du concile du Vatican, Paris, 1895, p. 369.

Ce texte semblerait indiquer que Basile oppose totalement tradition à document écrit, quel qu’il soit. Cette conception ne répond pas à l’idée catholique de la tradition, les mêmes vérités pouvant parvenir et par l’Écriture et par la tradition, l’enseignement scripturaire et l’enseignement oral se distinguant, non pas nécessairement quant à leur objet, mais essentiellement quant au mode de transmission des vérités. En réalité, saint Basile ne s’en est pas tenu à une conception qui, à son époque, eût été déjà archaïque.

Dans le De Spiritu sancto, en effet. L’argument de tradition, au sens pleinement catholique du mot, est invoqué à chaque page. Dans le texte même où l’opposition entre Écriture et tradition paraît si absolue, Basile écrit expressément qu’ « attaquer ce qui n’est pas écrit », c’est « répudier l’Évangile, et cela dans sis principales parties ». N. 66, col. 188 A. Auparavant il avait déjà déclaré que, dans leur enseignement transmis par la tradition, les Pères n’ont fait que suivre la doctrine de l’Écriture, N. 16, col. 96 A. Tradition et Écriture se complètent donc, tout en se distinguant, Cette impression est renforcée si l’on se reporte aux’H61xâ, régula xii. c. i et n : i Qu’il ne faut pas suivre ii traditions humaines qui nous feraient mépriser les préceptes divins » et i qu’il faut, au contraire, s’alla cher avec soin a tout ce que le Seigneur nous a Irans mis par l’Évangile et par les apôtres ». P. C.. t. xxxi, eoi. 72 1 AB. Enseignement scrlpturaire et enseignement apostolique ont donc, pour Basile, la même Valeur, D’ailleurs, en un autre passage. Basile établit

une équivalence entre mystères de l’Église si tra

ditions des l’êtes - : -r>>~r èn-i. -r TÎJÇ’I IxxXr.ni’ïC i, çi<.n, a^Tou xôiv raxTEpoiv al 7rapa860Et< ;. Ne pas

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