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1243 TOURNELY (HONORÉ) — TOURNEMINE (RENÉ-JOSEPH DE) 1244

le 26 décembre 1729, regardé comme un des plus habi’es théologiens de son temps.

De 1725 à 1729, Tournely a publié un cours de théologie, qui jouit d’une grande réputation au xviiie siècle. Ce cours comprend 16 volumes, dont le premier porte le titre : Prælectiones theologicæ de gratia Christi, quas in schelis sorbonnicis habuil Honoratus Tournely, 2 vol. in-12, Paris, 1725 (voir Mémoires de Trévoux de juillet 1725, p. 1157-1199 et 1230-1296). Cet ouvrage qui abordait une question vivement débattue souleva d’ardentes polémiques : après avoir attaqué les thèses pélagiennes, Tournely fait l’histoire du jansénisme, qui reproduit les erreurs de Baius, refondues et réduites à un système plus captieux ; il expose longuement les diverses théories sur la grâce suffisante et la grâce efficace. Celle-ci, chez Jansénius, ne doit point son efficacité à la délectation céleste, mais à la faiblesse relative de la concupiscence. : elle l’emporte, parce que la force de la délectation terrestre est moins grande que celle de la délectation céleste. Des lettres anonymes attaquèrent la doctrine de Tournely sur l’équilibre : Lettre à M. Tournely, où l’on montre que l’équilibre qu’il soutient être nécessaire pour la liberté n’est ni moins absurde, ni moins pernicieux que celui qu’il rejette (voir Mémoires de Trévoux de février 1727, p. 384-487) ; Première lettre d’un théologien à l’auteur des deux lettres écrites à M. Tournely, professeur royal de théologie, au sujet de l’équilibre (Mém. de Tr., mars

1727, p. 597-601) ; Seconde lettre d’un théologien pour servir de réponse à la seconde écrite à M. Tournely, au sujet de l’équilibre, in-4°, 1727. Ce sont des réponses aux objections contre l’équilibre estimé nécessaire pour expliquer la liberté (ibid., p. 601-602). — Prælectiones theologicse de Deo et divinis attributis…, 2 vol. in-8°, Paris, 1725 (Mém. de Tr., février 1726, p. 332380, et Journal des savants, mars 1726, p. 86-96). — Prœlectiones theologicæ de Ecclesia Christi…, 2 vol. in-8°, Paris, 1726 (Mém. de Tr., octobre 1726, p. 18211858, et Journal des savants, février 1727, p. 156-172, et mars, p. 384-405) ; Tournely étudie longuement la question du chef de l’Église ; pour l’infaillibilité, il suit la Déclaration du clergé de France de 1682 : le jugement du pape n’est pas irréformable avant le consentement de l’Église ; d’autre part, Tournely rejette, les droits du sacerdoce sur le temporel des princes. — Prælectiones de sacramentis in génère, in-8°, Paris, 1726 (Mém. de Tr., juin 1727, p. 1083-1120, et correction au sujet de l’institution des sacrements en octobre 1727, p. 262-263 ; Journal des savants, septembre 1727, p. 36-49). Tournely attaque les thèses protestantes qui dénaturent les sacrements. — Prælectiones de mysierio Sanclissimæ Trinilatis, in-8°, Paris, 1726 (Mém. de Tr. de septembre 1727, p. 16551694). — Prælectiones de incarnatione Verbi, in-8°, Paris, 1727 (Mém. de Tr., mars 1728, p. 426-458, et Journal des savants, décembre 1727, p. 616-630). — Prœlectiones de sacramentis baptismi et confirmationis, ln-8°, Paris, 1727 (Journal des savants, novembre 1727, p. 409-418, et décembre, p. 630-639). — Prælectiones de peenitentia et extrema unelione, 2 vol. in-8°, Paris,

1728. — Prælectiones de augustissimo eucharistiæ sacramento, 2 vol. in-8°, Paris, 1729 (Mém. de Tr., février 1730, p. 342-354, et mai, p. 782-796, et Journal des savants, septembre 1729, p. 46-55). — Prælectiones de sacramento ordinis, in-8°, Paris, 1729 (Journal des savants, septembre 1730, p. 82-88). — Enfin Tournely mourut en 1729, alors qu’il achevait d’imprimer le Traité du mariage, qui formait le xvie volume de sa théologie (Journal des savants, juillet 1730, p. 381-382, et mai 1731, p. 25-27).

Comme on le voit, Tournely a publié un cours complet de théologie et ce cours eut une très grande réputation ; il eut de nombreuses éditions ; de nombreux

abrégés furent publiés à l’usage des séminaires, ad usum seminariorum et examinis ad gradus theclogicos prœvii contraclæ ; les plus célèbres furent publiés par le sulpicicn Montaigne et le lazariste Collet, à des dates diverses. Les Nouvelles ecclésiastiques du 25 avril 1731 prétendent que l’abrégé théologique à l’usage des séminaires fut imprimé par ordre, jussu, du cardinal de Fleury. Le traité De Deo et divinis attributis fut publié par De La Fosse, in-12, Paris, 1730, et 2 vol. in-12, Paris, 1746, et réédité par Legrand, 1751. Les autres volumes furent publiés par Montaigne, à diverses dates : le Traité des sept sacrements, 2 vol. in-12, Paris, 1729, 1732, 1737, 1742, et Venise, 2 vol. in-12, 1732. L’appendice De censuris a été reproduit dans le Cursus theologicus scholaslico-dogmaticus, in-fol., Cologne, t. iv, p. 345-365. — Le traité De mysterio Sanclissimæ Trinitatis et le De an^ef/s, in-12, Paris, 1732, 1741, 1750. Le traité De angelis est reproduit dans le même Cursus, t. v, p. 1-59. — Le traité De gratia Christi Salvatoris, publié en 1735, in-12, Paris, ne comprend que les onze Dissertations historiques sur les hérésies relatives ù la grâce ; une autre édition de 1738 comprend une partie historique en huit dissertations et une partie dogmatique ; une autre édition en 2 vol. in-12, 1748 et 1755, comprend les huit dissertations historiques auxquelles est ajoutée une dissertation sur le quesnellisme. La partie historique est reproduite dans le Theologiæ cursus completus de Migne, t. x, col. 9-816 ; elle comprend les onze dissertations de l’édition de 1735 et la dissertation sur le quesnellisme des éditions de 1748 et 1755. Ce traité de la grâce est, à juste titre, regardé comme le chef-d’œuvre de Montaigne.

Urbain Robinet, docteur de Sorbonne et vicaire général de Paris, publia un résumé des traités de Tournelꝟ. 2 vol. in-8°, Paris, 1731 ; un ouvrage anonyme fut publié sous ce titre : Mcdulla theologiæ Tournelianæ sive prælectionum theologicarum de gratia Christi, quibus damnata Baii, Jansenii ac Quesnelii dogmata clare et nervose refutantur, 2 vol. in-4°, Cologne, 1735. Mougenot publia une violente attaque contre Tournely dans un écrit intitulé : Tournely convaincu d’erreurs et de mauvaise foi dans ce qu’il a écrit sur les matières de la grâce, 3 vol. in-12, Cologne, 17611771. Les jansénistes ont prétendu que Tournely rédigea les ouvrages de quelques évêques opposés au jansénisme, en particulier, les ouvrages de Languet de Gergy, évêque de Soissons ; mais cette accusation ne repose sur aucun fondement et on a remarqué qu’après la mort de Tournely, les écrits de Languet contre le jansénisme furent plus nombreux qu’auparavant.

Michaud, Biographie universelle, t. xxii, p. 47 ; Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée, t. xxv, p. 196 ; Glaire, Dictionnaire des auteurs ecclésiastiques, t. ii, p. 2307 ; Feller, Biographie universelle, t. viii, p. 184 ; J. Hild, Honoré Tournely und seine Stelhmg zum Jansenlsmus, mit besonderer Berùcksichligung der Stellun g der Sorbonne zum Jansenismws. Ein Beitrag zur Geschichte des Jansenismus und der Sorbonne, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1911 ; Hurter, Nomenclaior, S’éd., t. iv, p. 1111-1113 ; Feret, La faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres. Époque moderne, t. vii, p. 207-216.

J. Carreyre.

TOURN EM IN E (René-Joseph d « ), jésuite français (1661-1739). — Il naquit à Rennes en 1661, d’une ancienne et noble famille bretonne. Après avoir étudié les humanités dans sa ville natale, il entra au noviciat en 1680. Tl enseigna à Rouen pendant six ans les humanités, pendant deux ans la philosophie et pendant six ans la théologie. Vers la fin de 1701, il fut envoyé au collège Louis-le-Grand à Paris, afin de prendre la direction des Mémoires de Trévoux fondés au début de cette même année ; il fut chargé également de la célèbre bibliothèque du collège. En 1719, il fut nommé bibliothécaire de la maison professe de