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TORQUEMADA (THOMAS DE) — TORRES (JÉRÔME DE)

ditos para iluslrar la vida del Card. J. de T., dans Archivum fratrum præd., t. vii, 1937. A. Michel.

2. TORQUEMADA (Thomas de), de l’ordre des frères prêcheurs, neveu du précédent, né en 1420 à Valladolid ou à Torquemada, prieur du couvent de Sainte-Croix à Ségovie pendant vingt-deux ans. Il fut désigné par Sixte IV (bref du Il février 1482) pour modérer le zèle des inquisiteurs espagnols. Nommé lui-même (bref du 2 août 1483) grand inquisiteur général du royaume de Castille et de Léon, il vit sa juridiction étendue, par le bref du 17 octobre de la même année, à l’Aragon, la Catalogne, Valence et Majorque. Il créa quatre tribunaux subalternes à Séville, Cordoue, Jæn et Villa (Ciudad) Reale, ce dernier transféré ensuite à Tolède. Confesseur en titre, sans en exercer la fonction, de Ferdinand et d’Isabelle, il mourut le 16 septembre 1498. Sous le titre modeste d’Instruction, il publia une procédure inquisitoriale en 28 articles (1484), préconisant une action implacable contre les Juifs dont, en 1492, il obtint du roi catholique l’expulsion hors du royaume. L’instruction de 1484 fut complétée en 1490 par Il nouveaux articles et par 15 autres en 1498. Le tout fut réuni en un volume, par ordre du cardinal Manrique, archevêque de Séville, et inquisiteur général, sous le titre : Compilation de las instructions de l’oflicio de la santa Inquisition, Madrid, 1576.

Thomas de Torquemada est resté la personnification de l’intolérance religieuse. Toutefois les accusations portées contre lui et même contre sa vie privée sont ou dénués de fondement ou tout au moins exagérées. On ne peut cependant nier son intransigeance. Dans son Histoire de l’Inquisition d’Espagne, t. i, Llorente lui attribue 8 800 victimes brûlées (dont 6 500 en effigie) et 90 000 vouées à l’infamie, à la prison perpétuelle, à la confiscation des biens ou à l’exclusion des emplois publics. Ces chiffres sont atténués au t. iv. Alexandre VI, sur des plaintes formulées contre Torquemada, voulut, dit-on, le dépouiller de son office ; il se contenta (bref du 23 juin 1494) de lui adjoindre quatre collègues « en raison de son âge et de ses infirmités ». Ceux-ci devaient se montrer assez peu scrupuleux dans l’exercice de leurs fonctions, car le pape (brefs du 18 février et du 29 mars 1495) leur interdit de disposer à leur gré des revenus du Saint-Office et chargea le cardinal Ximénès de restituer au trésor royal les sommes dont ils s’étaient emparés.

Torquemada avait sur sa table une défense de licorne, talisman pour neutraliser les poisons.

Sur l’instruction de 1484, voir Reuss, Sammlung der Instruktionen der spanischen Inquisilionsgericlits, Hanovre, 1788. Sur Torquemada, voir Llorente, Hist. critique de l’Inquisition d’Espagne, trad. fr., Paris, 1817 ; Quétif-Échard, Scriptores ordinis prædicatorum, t. i, Paris, 1719, p. 892-893 ; Hurter, Nomenclator, 3 « éd., t. ii, p. 880 note.

A. Michel.

1. TORRES (François de) (Turrianus), jésuite espagnol. — Il naquit en 1509 (ou 1504 ?) à Herrera, diocèse de Valence. Ordonné prêtre, il se distingua par sa connaissance exceptionnelle du grec, son érudition patristique et sa science théologique et fut envoyé au concile de Trente en qualité de théologien du pape. A l’âge d’environ 60 ans, en 1566, il entra au noviciat de Rome. Il passa quelques années en Allemagne, où il se livra, comme en Italie, à des recherches dans les bibliothèques. Lorsque la liturgie romaine fut révisée sous le pontificat de Pie V, on voulut supprimer la fête de la Présentation de la sainte Vierge comme trop récente ; Je P. de Torres put établir son ancienneté et obtint qu’elle fût conservée. C’est en cette même fête qu’il mourut à Rome, en 1584.

Les nombreuses publications du P. de Torres (Sommervogel énumère 59 titres) se rapportent à la patristique, la controverse avec les protestants et le droit ecclésiastique. Il publia, en grec ou en traduction latine, un grand nombre de textes de Pères et auteurs grecs, en y ajoutant des scholia. Plusieurs de ces publications sont reproduites dans la Patrologie de Migne. Si elles ne répondent pas en tous points aux exigences de la critique, elles témoignent d’une érudition étonnante pour l’époque. On lui a reproché surtout d’avoir manqué de sens critique dans son ouvrage Adversus Magdeburgenses cenluriatores pro canonibus apostolorum et epistolis decretalibus pontifleum apostolicorum, Florence, 1572, in-fol., ouvrage que réfuta le protestant David Rlondel, Genève, 1624. Parmi les ouvrages de controverse, notons : Dogmaticus de justificatione ad Germanos adversus Luteranos. De electione divina, Rome, 1557 ; Dogmatici characteres verbi Dei, ad Catholicos Germanise adversus novos evangelicos, Florence, 1561 ; De sanctissima eucharistia, Florence, 1575 ; Defensio locorum S. Scripturæ de Ecclesia catholica et ejus paslore episcopo Romano, Cologne, 1580. Au droit ecclésiastique se rapportent, parmi d’autres, les dissertations suivantes : De residentia pastorum jure divino scripto sancita, Florence, 1551 ; De summi pontificis supra concilium auctoritate, Florence, 1551 ; De inviolabili religione volorum monasticorum, Rome, 1561 ; De cœlibatu et de matrimoniis clandestinis, Venise, 1563.

Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. viii, col. 112126 ; Hurter, Nomenclator, 3° éd., t. iii, col. 281-284 ; Nieremberg, S. J., Honor del gran patriarca San Ignacio, Madrid, 1645, p. 537 ; Pfiilf, S. J., dans Wetzer et Welte, Kirclienlexikon, t. xii, 1901, p. 151-152 ; E. de Guilhermy, S. J., Ménologe de la Compagnie de Jésus, Espagne, t. iii, 1902, p. 435 sq. ; A. Astrain, S. J., Hist. de la Comp. de Jesûs en la asistencia de Espana, t. i, ii, iii, Madrid, 19021909, voir l’index.

J.-P. Grausem.

2. TORRES (Jérôme de) (Torrensis), jésuite espagnol. — Né en 1527 à Montalban, il entra dans la Compagnie de Jésus en 1551. En 1553, il fut appelé à Rome pour expliquer Aristote. De 1567 à 1575, il résida à Ingolstadt, où il enseigna la théologie et combattit vigoureusement les novateurs. Il mourut à Munich en 1611.

Il est connu surtout par sa Confessio augustiniana… ex omnibus B. Augustini libris in unum… redacta, Dillingen, 1567. L’ouvrage fut plusieurs fois réédité, aussi sous le titre Panoplia manualis adversus omnes apertos occultosque catholicæ religionis hostes, 3 vol., Vienne, 1717-1720. Comme les novateurs invoquaient volontiers en leur faveur saint Augustin, l’auteur montre que les textes du saint docteur, dans leur teneur exacte et selon leur sens véritable, prouvent la doctrine catholique et réfutent l’hérésie. L’ouvrage provoqua deux essais de réfutation protestante : l’une de Guillaume Ridembach, Tubingue, 1568, l’autre de Thomas Wegelin, Strasbourg, 1607. La Confessio augustiniana suscita plusieurs imitations : ainsi, pour saint Augustin, la Summa augustiniana du P. Laurent Alticozzi, Rome, 1744, et la Véritable clef des ouvrages de saint Augustin de Merlin, Paris, 1732 ; d’autres publièrent des travaux semblables pour saint Cyprien, saint Jérôme, saint Ambroise.

Le P. de Torres laissa en outre quelques courtes thèses théologiques soutenues par ses élèves : De peccato originali, Dillingen, 1566 ; De libero hominis arbitrio, gratia et justificatione, ibid., 1566 ; De indulgentiis, ibid., 1573 ; De fide, ibid., 1574.

Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. viii, col. 126-129 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iii, col. 404-405.

J.-P. Grausem.