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TOLET (FRANÇOIS) — TOLOSANI (ANTOINE)

aujourd’hui encore peut être consulté avec fruit : In sacrosanctum Joannis Evangelium commentarii. L’abondance des digressions théologiques donne à cette œuvre quelque chose d’un peu prolixe au gré de notre goût moderne ; mais on y trouve partout les clartés d’un esprit pénétrant, avec un sens critique bien rare à l’époque. Nous avons en outre de Tolet un commentaire inachevé de saint Luc, Commentaria in XII capila sacrosancti… evangelii secundum Lucam, Rome, 1600, et un autre, fort développé, de l’épître aux Romains : Commentarii et annotationes in epistolam B Pauli Ap. ad Romanos, Rome, 1602. Tous deux se recommandent par les mêmes mérites que le commentaire sur saint Jean. L’exposition de l’épître aux Romains, en particulier, passe à bon droit pour un des monuments les plus représentatifs de l’exégèse biblique antiprotestante. Et ce sera assez dire pour qualifier Tolet comme exégète et comme théologien que de rappeler qu’on voit généralement en lui un digne émule de son contemporain Maldonat.

Signalons en terminant qu’il nous reste beaucoup des sermons prononcés par le prédicateur du pape. Us sont écrits en latin. Des copies en subsistent dans plusieurs bibliothèques, notamment à Salamanque et à Paris, mais surtout à Rome (Rarberini, Victor-Emmanuel, Pia, Casanate).

Sommervogel, Bibl. de laComp.de Jésus, t. viii.col. 6483 ; Monumenta historica Socielatis Jesu, les t. iv, v, vi des Monumenta Lainii ; A. Astrain, Historia de la Compania de Jésus en la Asistencia de Espana, t. III et iv ; E. Esparabé, Historia de la uniuersidad de Salamanca ; L. Pastor, Histoire des papes (Pontificats de Pie V et suivants) ; Pérez Goyena, Catedraticos de teologia espanoles en Borna, dans Estudios ecclesiasticos, 1926, p. 26-43 ; R. de Scoraille, François Suarez ;.1. Paria, Franeisci Toleti… in Summtun ttieologiæ sancti Thomæ Aquinutis eiuirratio. Introduction ; F. Cereceda, En et cuarto centenario del P. Francisco Toledo, dans Estudios ecclesiasticos, 1933 ; du même, La predestinacion post præuisa mérita en la Compania de Jésus, ibid.

F. Cereceda.

TOLOMÉE ou PTOLÉMÉE DE LUC QUES, voir Lucques (Barthélémy de), t. ix, col. 1062 sq.

TOLOMEI Jean-Baptiste, cardinal et théologien jésuite italien (1653-1725). — Il naquit le 3 décembre 1653, à Gamberaja, près Florence, d’une famille qui se glorifiait de compter vingt bienheureux. Après avoir commencé ses études chez les jésuites de sa ville natale, il alla, à quinze ans, étudier le droit à Pisc, puis gagna Rome, où il acheva sa philosophie au Collège clémentin. De retour à Pise, il reprit l’étude du droit et commença celle de la théologie ; il désirait dès lors entrer dans la Compagnie de Jésus, mais se heurti-it à l’opposition de sa famille. Son père mort, il entra au noviciat de Rome le 18 février 1673. Professeur de grammaire, d’humanités et de rhétorique au collège <le Ragose, il fut ensuite chargé des cours d’Écriturc-Sainte au Gesù de Rome. Procureur général de son ordre a trente-cinq ans, il fut, cinq ans plus tard, chargé du cours de philosophie au Collège rumain. Il publia alors son grand ouvrage, Philosophia mentis et sensuum secundum utramque Arislolelis methodum pertrarta, metaphysice et empirice, Rome, 1090, In-fol. L’ouvrage comprend avec la philosophie proprement dite, les sciences physiques et naturelle, . Sa parution fit quelque bruit et l’auteur fut loué par les Acla eruditorum Lipsensium, 1098, p. 307. d’avoir su « très heureusement confronter. r i s t <> t < il lis ; iii

teun récents » Peu après, il reprenait, au même Cerf

lèpje romain, comme professeur de théologie, la chaire

de controverses, presqui abandonnée depuis la mort

dt Bellarmln. ReCtCUl du Collège romain, puis du (m rmanique, il fut, BIT 1709, nommé par le pape Clé

ment XI conseiller de plasieurs Congrégations romaines et, le 18 mai 1712, fait cardinal du titre de Saint-Étienne au Mont-Celius. Membre des Congrégations de l’Index, des Rites, des Indulgences, de l’examen des évêques — membre aussi de l’Académie des Arcades sous le nom de Filoteo Aridio — il fut employé par le pape dans la plupart des affaires de son règne, intervint dans la question des rites chinois et eut à s’occuper en particulier du P. Qucsnel et des querelles jansénistes. Obligé par ses fonctions de louer un palais, le cardinal Toloméi n’y voulut installer que ses services, et continua d’habiter deux pauvres cellules du Collège romain ; il y mourut le 19 janvier 1725.

L’érudition du P. Toloméi était prodigieuse. Dans une lettre latine adressée en 1702 au Père général, Thyrse Gonzalez, qui l’avait interrogé sur ses aptitudes, il déclare savoir « le grec, l’hébreu, le chaldaïque, le syriaque, l’arabe, l’illyrien, le français, l’espagnol et l’anglais ». Sa réputation était grande parmi ses contemporains, en Italie et à l’étranger. Dans son Essai de Théodicée, Amsterdam, 1710, Leibnitz écrit : « J’espère que le R. P. Ptoloméi (sic), ornement de la Compagnie, occupé à remplir les vuides du célèbre Eellarmin, nous donnera sur tout cela des éclaircissements dignes de sa pénétration et de son savoir, et j’ose ajouter de sa modération. » Le nom du P. Toloméi — Ptolomceus — revient souvent dans les lettres du même Leibnitz au P. des Erosses, S. J., et nous y trouvons plusieurs allusions à une correspondance directe entre le théologien catholique et le philosophe protestant. De celle-ci nous ne possédons plus, malheureusement que la lettre où Leibnitz, le 16 juin 1712, félicite le P. Toloméi de son élévation au cardinalat. Quelques années auparavant, comme le bruit avait couru, puis avait été démenti, de l’élection de Toloméi au généralat de la Compagnie, Leibnitz écrivait au P. des Rrosses : « Je félicite le P. Ptolomœus d’avoir recouvré la tranquillité… s’il avait été élu, ce n’est pas lui qu’il eût fallu féliciter, mais votre ordre… J’espère à présent qu’il va renouveler et accroître par sa doctrine et son talent le grand œuvre de Bellarmin. » (1 « février 1707).

Cet espoir ne fut réalisé qu’en partie, car le supplément aux controverses de Bellarmin que préparait le cardinal, est resté inédit, six volumes manuscrits, infol.

un autre inédit fut publié dans le courant du

xixe siècle : Misceltaneorum ex manuscriptis libris bibliothecee Collegii romani S. J. séries altéra. J.-B. Ptolomœie S. J., S. B. E. Cardinalis, de Bornano B. Pétri pontificalu dissertât iones polemicse, Rome, 1868, in-8°.

Sommorvogol, Biblioth. de la Comp. de Jésus, t. viii, col. 86-89 ; de Guilhermy, Ménologe de la Comp. de Jésus. Assistance d’Italie, 19 janvier ; Biographie universelle, Paris, 1826, t. xlvi, p. 215 ; Jlurter, Nomenclator, 3’cil., t. iv, col. 1034-1038 ; Moréri, Le grand dictionnaire historique, Amsterdam, 1740, t. viii, p. 158 ; Leibnitz, Opéra, 1768, t. v, p. 561, t. vi, passim (lottres au P. dos Brosses).

H. Jalabert.

TOLOSANI Antoine, né à Toulouse en 1555, abbé de Saint-Antoine en Dauphiné en 1597, décédé en 1615.

Écrits : Démonstration que ce que l’Église enseigne de la présence réelle du précieux corps de Jésus-Christ au Saint Sacrement de l’Autel n’est que pure parole de Dieu, en laquelle, tant s’en faut que la Religion réformée puisse trouver un seul mot pour vérifier ce qu’elle tient de la cène, etc., Lyon, 1608, in-8° ; L’adresse du salut éternel et antidote de la corruption qui règne en ce siècle et fait perdre continuellement de pauvres âmes, Lyon, 1612, in-8° ; Prétextes de la Religion prétendue reformée desquels elle s’est servie pour subtilement et comme insensiblement faire glisser ses pernicieuses erreurs dans les