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TOLÈDE (CONCILES DE). SUCCESSION


seulement des précautions contre les prêtres trop empressés à donner la « pénitence » aux mourants qui ne l’auraient pas demandée par des signes indiscutables, fût-ce de simples gestes. Can. 2. Voir la note de H. Leclercq, Hisl. des conciles, t. in a, p. 540-542.

On a lu plus haut ce canon. Le XIIe concile édicta en tout treize capitula. Le sixième consacre la primatie de fait de Tolède sur toute l’Espagne. A l’avenir, sans porter atteinte aux droits des métropolitains, l’archevêque de Tolède peut installer dans les évêchés vacants de n’importe quelle province du royaume les candidats par lui jugés dignes, après désignation royale. Ainsi le roi ne verra plus sa libre décision (libéra principis electio) retardée par la nécessité de consulter les évêques de la province : privilège exorbitant concédé à la royauté dans le choix des évêques, le rôle du métropolitain de Tolède se bornant, en fait, à ratifier, après un simple examen probatoire, le choix royal. Cf. Magnin, op. cit., p. 97 sq. Si le concile adoucit certaines lois portées contre ceux qui avaient déserté lors de la rébellion du duc Paul, par contre, la législation contre les Juifs fut renforcée et, sous la forme que lui donne le XIIe concile, elle passe dans les Leges Wisigothorum XII, iii, éd. Zeumer, p. 427).

Baronius, Annales, an. 681, n. 58-61 ; Labbe, t. vi, col. 1221-1240 ; Hardouin, t. iii, col. 1715 ; d’Aguirre, t. iv, col. 262-278 ; Mansi.t. xi, col. 1023 sq. ; Bruns, Bibl. eccles., part. I, p. 317 ; Coleccion…, t. ii, p. 453.

13° Le XIIIe concile. — Deux ans après, Erwige réunit un nouveau concile, le treizième (4 novembre 683). Son autorité n’étant pas reconnue sans difficulté, le roi cherchait les moyens de se concilier les partisans de son prédécesseur. Il donna sa fille en mariage à Egica, neveu de Wamba. Le concile devait traiter différents projets concernant l’État autant que l’Église (le tomus et la loi de confirmation du concile dans Zeumer, p. 477-479) ; rien d’étonnant qu’aux quarante-huit évêques et archevêques des provinces de Tolède, Braga, Mérida, Séville, Tarragone et Narbonne, aux vingt-sept représentants d’évêques et aux abbés se soient joints vingt-six grands du royaume. Ainsi fut-ce un concilium mixtum, assemblée politique aussi bien que concile. De plus en plus, pour reprendre la pittoresque formule de dom Séjourné, les conciles de Tolède prenaient forme de « cortès » autant que de synodes ecclésiastiques. La primatie de Tolède est confirmée. Can. 9. Quelques décisions se rapportent à la discipline ; mais la plupart des canons ont un objet politique. Voir plus loin. Comme d’habitude, un décret royal confirme les décisions conciliaires.

Baronius, Annales, an. 683, n. 23-24 ; Labbe, t. vi, col. 1253-1276 ; Hardouin, t. iii, col. 1735 ; d’Aguirre, t. iv, p. 694 ; Mansi, t. xi, col. 1059 ; Bruns, Bibl. eccles., t. ii, part. I, p. 333 ; Coleccion…, t. ii, p. 494 sq.

14° Le XIVe concile. — Le pape Léon II était mort le 3 juillet 683 ; son successeur Benoît II, sur la recommandation de son prédécesseur, chargea le notaire Pierre de porter en Espagne les documents qui permettaient aux évêques de reconnaître et de signer les décrets du VIe concile œcuménique contre le monothélisme. Sur cette mission, voir les documents dans Jaffé, Regesta pp. rr., n. 2119-2122, 2125. Cf. Aigrain, op. cit., p. 256 et note 2. Erwige s’empressa de déférer aux ordres du pape, mais vu l’impossibilité de réunir immédiatement un nouveau concile général de l’Espagne, on décida qu’un synode provincial serait tenu à Tolède, les autres métropolitains y envoyant leurs vicaires. Ainsi, au mois de novembre 684, se réunit le XIVe concile, sous la présidence de saint Julien, avec dix-sept évêques de la province, les vicaires des métropolitains de Tarragone, de Narbonne, de Mérida, de

Brr.ga et de Séville, six abbés et les représentants des deux évêques suffragants (auxiliaires) de Tolède (14-20 novembre).

Le monothélisme apparaît aux évêques du XIVe concile comme une sorte d’apollinarisme, Apollinaris dogma pestiferum, disent-ils au can. 1. Sans doute, les gesta synodalia de Constantinople auraient dû être examinés en concile général ; mais, devant l’impossibilité de réunir un tel concile, le synode provincial auquel se sont joints les vicaires des métropolitains, a examiné ces gesta en les comparant avec les décisions des anciens conciles et avec la foi de Nicéc, de Constantinople, d’Éphèse, et de Chalcédoine. Il a trouvé une « concordance presque littérale » et n’hésite pas à déclarer les décisions prises dignes de la vénération commune : le nouveau concile prendra rang après Chalcédoine. On voit par là que le Ve concile œcuménique (celui des Trois-Chapitres) n’était pas encore pleinement reçu par les Espagnols. C’est sans doute parce qu’il avait eu vent de cette hésitation, que Benoît II demandait aux Espagnols un supplément d’explication sur les Trois-Chapitres.

Le critérium invoqué par le XIVe concile pour juger de l’orthodoxie de la foi promulguée à Constantinople (la concordance presque littérale avec les anciens conciles) ne doit pas laisser supposer que les Pères de Tolède excluent tout progrès dans le dogme : « La comparaison des symboles successifs de Tolède, dit fort exactement M. Aigrain, montre que cette interprétation serait sans doute exagérée. » Op. cit., p. 257, note 2.

Baronius, Annales, an. 684, n. 4-6 ; Labbe, t. vi, col. 1278-1285 ; Hardouin, t. iii, col. 1753 ; d’Aguirre, t. iv, p. 717 ; Mansi, t. xi, col. 1086 ; Bruns, op. cit., t. i, p. 349 ; Coleccion…, p. 520.

15° Le XVe concile. — En 687, Erwige désigna, à son lit de mort, pour lui succéder, son gendre Egica. Les palatins ratifièrent ce choix et l’archevêque Julien sacra le nouveau roi le 20 novembre 687. Egica convoqua un concile général, le quinzième de Tolède. Ce concile réunit soixante et un évêques, plusieurs abbés, des représentants d’évêques et dix-sept grands du royaume. Il se tint dans l’église de Saint-Pierre-et-Saint-Paul sous la présidence de Julien (Il mai 688). A ce concile, le roi Egica remit un lomus, cf. Zeumer, p. 480, dans lequel il exposait un cas de conscience personnel. Il avait prêté deux serments difficiles à concilier. À son beau-père, en acceptant en mariage sa fille Cixlona, il avait juré de protéger constamment les frères de sa femme et la famille dans laquelle il entrait. En accédant au trône, il avait juré de ne penser qu’au bien public, ce qui pourrait l’obliger à décider quelquefois contre les fils d’Erwige. Le concile décida que le serment de portée générale devait être préféré à l’autre et qu’en conséquence Egica ne devait à la famille d’Erwige que ce que le bon droit pouvait justifier.

Avant de donner cette solution, le concile avait réglé une double difficulté dogmatique soulevée par Benoît IL Deux ans auparavant, dans leur adhésion au VIe concile œcuménique, les évêques avaient envoyé à Borne un mémoire en quatre chapitres, rédigé par saint Julien : c’est le Liber responsionis fidei nostræ, appelé aussi Apologia, écrit aujourd’hui perdu. Benoît II avait cru y découvrir deux propositions malsonnantes : au sujet de la Trinité, l’expression voluntas gentil voluntatem ; au sujet de l’incarnation, l’affirmation de trois substances dans le Christ. Cf. Denz.-Bannw., n. 294, 295. La difficulté christologique a été exposée avec la réponse de saint Julien, à Hypostatiqi’e (Union), t. vii, col. 507-509 ; la difficulté trinitaire, avec la réponse appropriée, sera relatée à