Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/597

Cette page n’a pas encore été corrigée
1179
1180
TOLÈDE (CONCILES DE). SUCCESSION


communion, pour affirmer la foi orthodoxe. Can. 2 disciplinaire. La plupart des autres canons règlent des points d’administration temporelle, la vie et le célibat des clercs, la profession de chasteté des veuves ou des vierges et quelques dispositions relatives aux Juifs. Le concile invite le clergé et les magistrats rivils à unir leurs efforts pour détruire l’idolâtrie, grandement répandue en Espagne, et la pratique abominable de beaucoup de parents tuant leurs enfants pour ne pas les nourrir. Bien des abus devaient exister, car on blâme certains évêques qui traitent cruellement leurs clercs, exigeant d’eux redevances et corvées ; on élimine des cérémonies funèbres des pratiques superstitieuses ou inconvenantes ; on interdit les « danses et les chants déshonnêtes en usage les jours de fête ». Le canon 18 prescrit la tenue annuelle d’un concile provincial, où, « conformément aux ordres du roi, les juges et administrateurs des biens fiscaux devront se trouver, le 1 er novembre, pour apprendre comment on doit traiter le peuple avec douceur et avec justice ».

On a noté, à l’art. Pénitence, t.xii, col. 847. que la discipline pénitentielle s’était conservée en Espagne dans sa rigueur ancienne plus longtemps qu’ailleurs. On en trouve un exemple frappant dans le canon 11 du IIIe concile. Le concile précise que l’entrée en pénitence a pour signe, chez l’homme, les cheveux coupés ; chez la femme, le changement de costume. Ces précautions empêcheront les rechutes. Can. 12.

Baronius, Annales, an. 589, 9-44 ; Labbe, t. v, col. 9971025 ; Hardouin, t. iii, col. 467 ; d’Aguirre, t. iii, col. 221272 ; Mansi, t. ix, col. 977 ; Bruns, Bibliotheca ecclesiastica, t. i, p. 210, 393 ; Hahn, Bibl. der Symbolen, n. 177-178.

De Reccarède à Sisenand.

1. La période qui

suit la mort de Reccarède (601) fut assez troublée. Le fils de Reccarède, Liuva, régna deux ans, mais fut assassiné par Wittérich qui, devenu roi (603) tenta de restaurer l’arianisme. Wittérich fut assassiné en 610 et nul ne le regretta. L’élection amena sur le trône Gundemar, dont le règne fut très court (610-612). Sisebut, couronné à Tolède en 612, marqua son règne d’importants succès militaires contre les Asturiens et les Basques, qui furent soumis au royaume wisigoth. La quasi-totalité des possessions byzantines d’Espagne passa également sous sa domination (vers 616). Siscbut mourut en 620, fut remplacé par son fils Reccarède II, lequel mourut après trois mois de règne. L’élection amena sur le trône un général de Siscbut, Suintila (620-631).

2. Entre le troisième et le, quatrième concile de Tolède s’insèrent deux synodes moins importants. Le premier (17 mai 597) nous est connu par deux canons, l’un recommandant aux évêques et aux clercs la pratique de la chasteté, l’autre interdisant aux évêques de s’emparer des biens d’Église. — Le second concile, provincial comme le premier, s’occupa, en 610, de la juridiction du métropolitain de Tolède sur la province de Carthagène. Primitivement, lors de la première organisation ecclésiastique de l’Espagne, la métropole avait été établie à Carthagène, chef-lieu de la province. Tolède, simple civitas, n’avait droit qu’à un évêque. Mais les Vandales, puis les Suèves, avaient pour ainsi dire détruit Carthagène. Ce qui en restait appartenait depuis 554 aux Byzantins et ne comptait pas dans le royaume wisigoth. Tolède, résidence royale, devint, sans titre, métropole effective de l’ancienne Carthaginoise. Cette situation de fait fut juridiquement régularisée par le concile de 610. Cf. E. Magnin, L’Église wisigothique au vu’siècle, t. i, Paris, 1912, p. 103 et n. 3.

3. Le I Ve concile de Tolède (633) fut convoqué par le soi Sisenand, successeur de Suintila. Le roi Suintila avait soumis les Basques et fait disparaître de l’Es pagne les derniers vestiges de la domination byzantine. Le royaume des Goths s’était ainsi considérablement agrandi en force et en étendue. Mais, au bout de quelque temps, Suintila — affirment ses adversaires — devint cruel et fit exécuter un grand nombre de personnes, uniquement pour s’emparer de leurs biens. Une révolte éclata contre lui, dirigée par Sisenand, gouverneur de la Narbonnaisc. Soutenu par le roi des Francs, Dagobert, Sisenand organisa une armée. Suintila, abandonné de ses sujets, du clergé et même de son armée et de son propre frère Geila, dut, pour avoir la vie. sauve, abdiquer en faveur de Sisenand, qui fut proclamé roi à Tolède par le peuple. Sur les vrais motifs de l’opposition à Suintila (probablement sa volonté de rendre la monarchie héréditaire), voir H. Leclercq, L’Espagne chrétienne, Paris, 1906, p. 302 sq. ; Aigrain, dans Fliche-Martin, Hist. de l’Église, t. v, p. 240.

Le concile (5 décembre 633) réunit soixante-deux évêques d’Espagne et de Gaule Narbonnaise, sous la présidence d’Isidore de Séville, la prééminence du siège de Tolède n’étant pas encore assez reconnue pour conférer à son titulaire la présidence de droit. À la séance d’ouverture, le roi se prosterna devant les évêques, les supplia d’intercéder pour lui près de Dieu, les exhorta à maintenir les droits de l’Église et à détruire les abus.

Des soixante-quinze canons promulgués le premier est un symbole de foi, que les conciles postérieurs devaient amplifier. Cf. Hahn, Bibliolhek der Symbolen, n. 179. On y reconnaît l’influence personnelle de saint Isidore, qui s’inspire lui-même des professions de foi antérieures : FidesDamasi, Quicumque et tome de Léon à Flavien. Les soixante-quinze chapitres disciplinaires sont de la plus haute importance pour la liturgie, la discipline ecclésiastique et le droit des moines. La portée politique en est plus considérable encore : outre une amplification du statut des Juifs, le concile règle la situation politique au profit de Sisenand. Vu le grand nombre de canons élaborés, le concile se prolongea jusqu’en 634. Le procès-verbal porte la signature des six métropolitains, Isidore de Séville, Selva de Narbonne, Etienne de Mérida, Julien de Braga, Juste de Tolède et Audax de Tarragone. Après eux signèrent cinquante-six évêques et sept représentants d’évêques absents.

a) Discipline des clercs. — Un certain nombre de ces canons concernent l’admission des clercs dans l’Église, le célibat imposé à tous à partir du sous-diaconat ; les conditions exigées des clercs venus de l’état de servage ; l’âge requis pour le diaconat et la prêtrise ; le sacre des évêques ; la déposition des clercs coupables et leur réhabilitation en cas de condamnation injuste.

b) Régime pénitentiel. — Le concile insiste également sur le régime pénitentiel, déjà rappelé au concile précédent. L’antique pénitence était demandée à la mort ; mais celui qui l’avait ainsi reçue sans avoir déclaré de faute mortelle pouvait encore, s’il revenait à la santé, être admis à la cléricature. Can. 54. C’est par une application de ce principe que l’évêque Gaudentius, qui avait demandé la pénitence au cours d’une grave maladie, put, une fois guéri, être maintenu dans sa dignité par le canon 10 du XIIIe concile. Le malade qui, au contraire, avait paru avouer publiquement une faute mortelle, ne pouvait devenir clerc. Can. 54. Ce fut en application de cette règle que l’archevêque Potamius de Braga, ayant avoué au Xe concile une faute d’impureté, fut dépossédé de son siège. Le IVe concile pose encore un autre principe relativement à l’état de pénitent : le laïque qui a reçu la pénitence et s’est fait couper les cheveux, ne peut plus quitter l’état de pénitent ; il doit y demeurer et, au besoin, y être réintégré de force par l’évêque. Can. 55.