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TOBIE — TOLÈDE (CONCILES DE)


nom du Seigneur dans les siècles des siècles, viii, 9. La Vulgate accentue ces traits du mariage idéal surtout dans iii, 16-19 et vi, 16-22.

Messianisme.

Le culte de Jérusalem et. de son

temple était resté vivace au coeur de Tobie malgré le schisme de Jéroboam, i, 6 ; dans les perspectives d’avenir des deux derniers chapitres du livre, la nouvelle Jérusalem apparaît dans la splendeur de sa gloire et de son triomphe : le sanctuaire sera rebâti, les captifs reviendront, la joie s’épanouira dans les siècles des siècles, xiii, 12. Laissant de côté le problème littéraire de l’attribution à Tobie du cantique de louange du c. xiii, cf. Miller, op. cit., p. 98-99, relevons seulement son caractère nettement messianique. Ce ne sont pas seulement, en effet, les enfants d’Israël dispersés parmi les nations qui reviendront au Seigneur dans Jérusalem restaurée, mais de toutes les extrémités de la terre de nombreux peuples y accourront : ’< Une lumière éclatante brillera jusqu’à toutes les extrémités de la terre. Des peuples nombreux viendront à toi de loin et ceux qui habitent les dernières limites de la terre à ton nom saint, et ils porteront dans leurs mains leurs présents au roi du ciel. Les générations de générations t’offriront leurs dons avec allégresse et le nom de la (nation) choisie (subsistera) jusqu’aux générations des siècles. » xiii, 11 (Sinaïticus). De tels accents font écho, et c’est une raison de plus d’en reconnaître le sens messianique, à la prophétie d’Is., lx, 1 sq. Déjà les promesses de bénédictions faites aux patriarches annonçaient la part qu’y prendraient les nations, Gen., xii, 3 ; xxii, 18 ; xxviii, 14, et l’offrande des dons dans l’allégresse au roi du ciel, prophètes et psalmistes l’avaient déjà aperçue aux mains des pèlerins de la nouvelle Jérusalem. Is., lx, 5-11 ; Ps., lxxi (Vulg.), 9-11 ; Is., ix, 3 ; lx, 15 ; lxvi, 10. Celle-ci sera reconstruite avec une extraordinaire magnificence, ses portes seront de saphirs et d’émeraudes, l’enceinte de ses murs sera de pierres précieuses, tandis que ses places publiques seront pavées de pierres blanches et pures, xiii, 21-22. Cf. Is., liv, 11-12 ; Apoc, xix, 18 sq.

Ces consolantes visions de l’avenir sont reprises par Tobie sur le point de mourir. À la manière des anciens patriarches, il projette son regard prophétique sur les siècles futurs pour y prédire à ses enfants le retour des captifs, la reconstruction de Jérusalem, la conversion des nations et leur hommage au vrai Dieu, xiv, 6-9. Moins laconique que la Vulgate, le Sinaïticus se complaît dans la peinture de l’ère nouvelle : « Toutes les nations qui sont sur toute la terre, toutes se convertiront et craindront Dieu en vérité, et tous rejetteront leurs idoles (et les dieux) qui les avaient conduits dans l’erreur et le mensonge (6). Et ils loueront tous le Dieu des siècles dans la justice. Tous les enfants d’Israël, qui auront été sauvés en ces jours, se souvenant de Dieu en vérité, se rassembleront et ils iront à Jérusalem, et ils habiteront pendant des siècles dans la terre d’Abraham en sécurité, et elle leur sera donnée, et ceux qui aiment Dieu en vérité se réjouiront, et ceux qui commettent le péché et l’injustice disparaîtront de toute la terre (7). » Sans apporter d’éléments nouveaux aux perspectives messianiques, la prophétie de Tobie évoque le souvenir de ces oracles qui, depuis Isaïe jusqu’à Daniel, décrivaient le sort de la nouvelle Jérusalem ! La foi en son rôle glorieux non seulement pour Israël mais pour toutes les nations s’y affirme en même temps que son amour.

Commentaires. — 1° Catholiques. — Saint Ambroise, De Tobia liber unus, P. L., t. xiv, p. 759-794 ; saint Bède le Vénérable, In librum B. Patris Tobiee allegorica inlerpretatio, P. L., t. xci, col. 923-938 ; Nie. Serarius, In sacros libros… Tobiam…, Mayence, 1599, dans Migne, Cursus Script. Sac., t.xii, 469-786 ; W. Estius, Annotationes in… Sac. Script, loca, Anvers, 1621 ; G. Sanctius, In libros…

Tobiee, Lyon, 1628 ; David de Mauden, Spéculum aureum vitæ moralis seu Tobias…, Anvers, 1631 ; Didace de Celada, Comment, lileralis ac moralis in Tobiæ historiam, Lyon, 1644 ; Corneille de la Pierre, In… Tobiam…, Anvers, 1645 ; H. Reusch, Dos Buch Tobias, Fribourg-en-Brisgau, 1857 ; C. Gutberlet, Dos Buch Tobias, Munster, 1877 ; P. Gillet, Tobie, Judith et Esther, Paris, 1879 (La Sainte Bible) ;

A. Scholz, Commentar zum Buch Tobias, Wurzbourg, 1889 ;

B. Schmid, Dos Buch Tobias…, Munich, 1899 ; A. Pinard, Le livre de Tobie, Lille, 1901 ; Schlôgl, Die heilige Schrijt des Alten Bundes, t. ii, Vienne, 1922 ; E. Kalt, Tobias, Steyl, 1923 ; Galdos, Commentarius in librum Tobit, Paris, 1930 (Cursus Script. Sac., t. ii, 12, 1) ; Schumpp, Dos Buch Tobias, Munster, 1933 ; G. Bardi, Il libro di Tobia, Milan, 1936 ; Ath. Miller, Dos Buch Tobias, Bonn, 1940 (Die heilige Schrift des A. T., t. iv, 3).

2° Non catholiques. — O.-Fr. Fritzsche, Die Bûcher Tobi und Judith, Leipzig, 1853 ; H. Sengelmann, Dos Buch Tobit, Hambourg, 1857 ; J.-M. FuUer, Tobit, Londres, 1888 (Wace, Apocrypha, I) ; O. Zôckler, Die Apokryphen des A. T., Munich, 1891 ; Lohr, Dos Buch Tobit, Tubingue, 1900, dans Kautzsch, Apokryphen und Pseudepigraphen des A. T., t. i ; C. Simpson, The Book o/ Tobit, Oxford, 1913, dans Charles, The Apokrypha and Pseudepigrapha of the Old Test., t. i ; J. Thackeray, À new Commentary on Holy Scripture, t. ii, The Apocrypha, Londres, 1929.

A. Clamer.

    1. TOLÈDE (CONCILES DE)##


TOLÈDE (CONCILES DE). — On n’étudiera pas les conciles postérieurs à l’invasion arabe, dont les plus récents en date ont préparé ou appliqué la réforme tridentine en Espagne. Ils furent d’ailleurs assez nombreux. En voici l’énumération, dates et références à la collection de Mansi et à son supplément : 793, t. xiii, col. 857 ; — 1090 (dénommé concile de Toulouse), t. xx, col. 730 ; — 1323, t. xxv, col. 729 ; — 1339, ibid., col. 1143 ; — 1355, t. xxvi, toi. 411 ; — 1379, ibid., col. 637 ; — 1473, t. xxxii, col. 381 ; — 1505, t. xxxiv, col. 537 ; — 1582 et 1601, t. xxxvi bis, col. 159, 927, 1019 ; — 1620, 1658 et 1682, t. xxxviter, col. 81, 353, 491.

Il s’agit ici des conciles antérieurs à l’invasion arabe ; ils présentent un intérêt plus considérable au point de vue dogmatique et politique. On en compte dix-huit (universels ou nationaux) auxquels il convient d’ajouter quelques assemblées non inscrites dans le canon des conciles espagnols. Ces conciles se succèdent à un rythme accéléré, la plupart dans le seul viie siècle. Dès la conversion du roi Reccarède apparaît le rôle politique de l’épiscopat espagnol. I. Succession historique des conciles. IL Leur caractère politico-religieux (col. 1190). III. Leurs confessions de foi (col. 1197).

I. Succession historique des conciles.

1° Le 7° concile.

La plupart des historiens placent le

I er concile de Tolède en 400 : dix-huit évêques, sous la présidence de Patronus ou Patruinus, archevêque de Tolède, y auraient pris part. On voulait ôter la diversité scandaleuse dans la conduite des évêques au sujet des ordinations et suivre les règlements de Nicée. Vingt canons disciplinaires, dont on trouve le texte dans Hefele-Leclercq, Hist. des conc, t. n a, p. 123-124. Plusieurs sont intéressants pour l’étude de l’évolution de la discipline du célibat et de la chasteté dans l’Église (can. 1, 3, 4, 6, 9, 16, 19). La pénitence est un empêchement à la cléricature (can. 2). Qui a fait la guerre est exclu des ordres majeurs (can. 8). Le mariage avec une femme de condition inférieure (concubinat ) n’est interdit qu’au chrétien déjà marié (can. 17).

On attribuait généralement à ce concile un symbole antipriscillianiste, suivi de dix-huit anathématismes. Ce symbole, estiment plusieurs critiques, n’est pas même l’œuvre d’un concile postérieur de 447, comme d’aucuns l’ont pensé. C’est le Libellus de Pasteur, évêque de Gallécie, voir ici Pastor, t. x, col. 2241. Le texte dans Denz.-Bannw., n. 21-38. Toutefois, récemment, le P. De Aldama, s’est efforcé de prouver qu’une