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TIMOTHÉE Ier — TIMOTHÉE DE JÉRUSALEM

tiens orientaux », c’est-à-dire de l’église de la Mésopotamie, d’où le Christ a son origine, comme descendant d’Abraham. Même si le siège de Rome occupe la première place parmi les patriarcats, parce qu’il a été fondé par Pierre, celui de Séleucie-Ctésiphon l’emporte sur lui en raison de ses relations avec le « Seigneur de Pierre ». Bien avant que les autres gentils aient adhéré au Christ, les orientaux l’ont fait par leur « douze légats », c’est-à-dire les mages. Au siège de Séleucie-Ctésiphon convient donc le premier rang soit pour la région où il se trouve, le paradis terrestre étant la figure du ciel, soit parce que Nemrod a été le premier homme à ceindre une couronne royale, parce que la Mésopotamie est la patrie d’Abraham, parce que les orientaux ont eu le Christ trente ans avant les Romains et les Grecs. Timothée trouve encore pour justifier ses prétentions des considérations d’arithmétique mystique : de même qu’il y a cinq livres de Moïse, le Deutéronome, répétition de la Loi, ayant été ajouté aux quatre premiers livres qui la constituaient, de même les évangiles ont été complétés par le livre de Paul. Le Saint-Esprit gouverne l’Église au moyen du nombre cinq, comme il y a cinq sens, de l’âme et du corps ; ainsi le groupe des cinq sièges principaux : Séleucie-Ctésiphon et les quatre patriarcats.

Timothée ne semble pas avoir fait école sur ce point : Ébedjésus sera plus modeste en proposant dans son recueil de canons, traité IX, c. i, éd. Maï, p. 316, trad., p. 154 sq., un ordre des patriarcats basé sur la dignité de leurs fondateurs : Rome, Alexandrie, Antioche, Constantinople, Babylone, rattachés respectivement les quatre premiers à Pierre, Marc, Luc, Jean, ce dernier fondateur de l’église d’Éphèse, dont Byzance est l’héritière. Timothée, dans sa théorie des patriarcats s’est montré plus patriote que théologien.

Les principaux ouvrages où se trouvent des informations sur Timothée 1er , ainsi que les éditions de ses œuvres, ont été indiqués dans le cours de l’article. Voici quelques notices, qui n’ont pas encore été citées : W. Wright, A short history of Syriac Literature, Londres, 1894, p. 191-194 (réimpression de Encyclopædia Britannica, 9e éd., t. xxii, Edimbourg, 1897, p. 845, col. 1) ; Rubens-Duval, La littérature syriaque, 3e éd., Paris, 1897, p. 382 ; E. Sachau, Syrische Rechtsbücher, t. ii, Berlin, 1908, p. xvii-xxi ; J.-B. Chabot, La littérature syriaque, Paris, 1934, p. 108 sq.

E. Card. Tisserant.

TIMOTHÉE DE CONSTANTINOPLE (vie ou viie siècle). — Le nom de Timothée, prêtre de la Grande-Église de Constantinople, se lit en tête d’une assez longue dissertation sur les conditions de réception à la foi catholique des diverses catégories de dissidents, περὶ διαφορᾶς τῶν προσερχομένων τῇ εὐαγεστάτη ἡμῶν πίστει. Conformément à des coutumes déjà anciennes parmi les Grecs, Timothée sépare les dissidents en trois catégories : ceux à qui il faut renouveler le baptême, ceux que l’on réconcilie seulement par une onction du saint chrême, ceux enfin dont on exige simplement une renonciation à l’erreur. Dans la première figurent, outre les membres de sectes gnostiques et de vieilles dissidences plus ou moins en marge du christianisme, des hérétiques dont la présence à cette place ne laisse pas de surprendre : eunomiens ou anoméens, partisans de Pélage et de Célestius. Sont réconciliés par simple chrismation les quartodécimans, ariens, macédoniens et apollinaristes. Au troisième groupe appartiennent les méléciens, nestoriens, messaliens ou euchites, ceux-ci assez longuement décrits, enfin les diverses variétés de monophysites, sur lesquelles Timothée s’étend avec une visible complaisance. Tandis, en effet, que nombre de sectes ne sont en fait mentionnées que pour mémoire — Timothée veut montrer qu’il a fréquenté, sans toujours les bien comprendre, les hérésiologues anciens — les antichalcédoniens de toute nuance sont décrits avec une précision et des détails qui montrent que l’auteur les connaissait d’assez près. En même temps qu’il apporte une contribution précieuse à la question du baptême des hérétiques, l’opuscule de Timothée se trouve être un supplément important aux hérésiologies anciennes. Postérieur à la mort de Justinien (565), il doit être antérieur aux querelles monothélites qui ne sont pas mentionnées. La première citation que l’on en trouve est faite par le patriarche Nicéphore Ier de Constantinople dans son Antirrheticon I (806-815).

Le texte grec publié d’abord par J. Meursius, dans ses Varii divini, Leyde, 1619, a été repris par Combefis dans l’Auctarium, t. ii, 1648, puis par Cotelier dans les Monumenta Eccl. Græc., t. iii. C’est ce dernier texte qui est reproduit dans P. G., t. lxxxvi a, col. 12-74. Un traité sur les deux natures dans le Christ attribué aussi à Timothée par Meursius, doit être restitué à Maxime le Confesseur.

É. Amann.

TIMOTHÉE DE JÉRUSALEM, prêtre (iveve siècle), connu seulement par une homélie pour la fête de l’Hypapante (In occursum Domini), qui nous est parvenue sous deux formes : 1. Une forme écourtée, tronquée de tout le prologue et commençant par les mots : Φέρε, ἀγαπητέ, τελευταῖον δίκαιον : 2. Un texte complet : Incipit : Μόνος ἐν ἀνθρώποις τέλειος ἄνθρωπος. Publiée d’abord sous sa forme incomplète dans les Opera Patrum de Birkmann, Cologne, 1568, en traduction latine seulement, puis, avec le texte original, par Combefis, dans le t. ii de l’Auctarium de Fronton-du-Duc, éd. de 1644, p. 844 sq., elle n’a vu le jour en entier que dans le t. x des Classici auctores de Maï, p. 585 sq., d’où elle a passé dans P. G., t. lxxxvi a, col. 237-254. À cause de la différence des incipit, certains ont cru à l’existence de deux homélies différentes : tel Fabricius, Bibliotheca græca, t. x, p. 241, et sans doute aussi Maï, qui paraît avoir pensé que l’homélie était complètement inédite avant lui. Le Vaticanus græcus 679 (xe-xie siècle) donne le morceau sous le nom de Méthodius, prêtre de Jérusalem ; d’autres mss., au témoignage de Fabricius, loc. cit., l’attribuent à Hésychius, prêtre de Jérusalem. Cette erreur des scribes s’explique par le fait que Méthodius d’Olympe et Hésychius de Jérusalem nous ont laissé aussi chacun une homélie In occursum Domini. Nul doute que l’auteur soit Timothée, prêtre de Jérusalem, comme portent la plupart des manuscrits. Tous les mss., du reste, mettent l’homélie sous le nom d’un prêtre de Jérusalem.

L’homélie de Timothée est importante pour l’histoire de la doctrine de l’assomption de la sainte Vierge. Elle renferme, en effet, une affirmation unique en son genre dans la tradition patristique des premiers siècles. Commentant les paroles du vieillard Siméon à Marie : « Un glaive transpercera ton âme », Luc, ii, 35 ; Timothée écrit : « De là certains ont conclu que la Mère du Seigneur, mise à mort par l’épée, avait obtenu la fin glorieuse des martyrs. Mais il n’en est pas ainsi. L’épée de métal, en effet, traverse le corps, elle ne divise pas l’âme. La Vierge est jusqu’à ce jour immortelle, celui qui fit son séjour en elle l’ayant transférée dans les lieux de son ascension (ou, selon une autre leçon : l’ayant enlevée à l’endroit où se produisit l’ascension) : « ἐξ ὧν καὶ ἡ παρθένος ἄρχι τῆς δεῦρο ἀθάνατος, τοῦ κατοικήσαντος ἐν αὐτῇ εἰς τοὺς ἀναληψίμους αὐτὴν χώρους (ou ἐν τοῖς ἀναληψίμοις αὐτὴν χωρίοις, leçon de la plupart des manuscrits) μεταναστησαντος. » P. G., t. lxxxvi a, col. 245. D’après ce texte, on ne peut pas dire, d’une manière certaine, que Timothée ait enseigné l’immortalité glorieuse et définitive de la Vierge en corps et en âme, à cause de l’expression : ἄρχι τῆς δεῦρο : jusqu’à ce jour, qui ferait songer à un enlèvement semblable à celui d’Hénoch et d’Élie. C’est cependant probable, surtout si la leçon εἰς τοὺς