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TIMOTHEE I er. DOCTRINE


ms. Mingana 17 sous le titre : The Apology o/ Timothy the Patriarch bejore the Caliph Mahdï, dans Woodbrooke Sludies, t. ii, p. 1-162, reproduction photographique blanc sur noir du texte syriaque, p. 91-162, et traduction anglaise.

Il existe une traduction arabe assez littérale, des discussions du premier jour dans le ms. 662 (xixe s.), acheté à Mossoul, de la bibliothèque de l’université Saint-Joseph de Beyrouth. L. Gheikho, Catalogue raisonné des manuscrits de la Bibliothèque orientale, p. 403 (Mélanges de l’université Saint-Joseph, t. xiv, fasc. 3, p. 43). Ce texte a été édité dans al-MaSriq, t. xix, 1921, p. 359-374, 408-417, puis dans une brochure intitulée Trois traités de polémique et de théologie nestoriennes, Beyrouth, 1923, p. 1-26. Une recension différente se trouve dans plusieurs manuscrits, dont le n. 548 de’a même bibliothèque, p. 272-316. Catalogue. .., p. 331 (Mélanges…, t. xi, fasc. 5, p. 237), beaucoup plus libre que la précédente, assez ancienne, puisqu’on en connaît un manuscrit du xive siècle. C’est cette recension, intitulée habituellement « Questions et réponses dites dans la séance entre Timothée et l’émir des Croyants al-Mahdï », qui est signalée d’après le manuscrit de la Bibliothèque nationale de Paris, ancien fonds 112, par M. Steinschneider, Polemische und apologetische Literatur in arabischer Sprache, dans Abhandlungen fiir die Kunde des Morgent andes, t. vi, fasc. 3, Leipzig, 1877, p. 146. Le baron de Slane, Catalogue des manuscrits arabes, Paris, 1883-1895, p. 20, observe à propos de ce manuscrit, aujourd’hui Arabe 82, que son texte diffère d’une composition analogue contenue dans Arabe 205 (supplément 107), fol. 176 v°-186, intitulée « Treize questions adressées par le calife a ! -Mahdî à l’excellent Père catholicos, primat des Nestoriens », op. cit., p. 55. La recension de Arabe 82 est habituellement divisée en vingt-six ou vingt-sept questions.

3° Les œuvres canoniques de Timothée sont, d’après Ébedjésus, « les ordonnances sur les jugements ecclésiastiques et les héritages » et les « tomes synodiques ». La première de ces œuvres, terminée en 805, contient 99 questions et réponses, précédées d’une préface. Elle a été traduite en latin par J. Labourt, op. cit., p. 50-86 ; texte syriaque et traduction allemande dans E. Sachau, Syrische Rechtsbiicher, t. ii, Berlin, 1908, p. 53-117. Il est plus difficile d’identifier les « tomes synodiques ». L’opinion qui paraît la plus fondée est celle qui comprend sous ce terme la collection des synodes des Syriens orientaux, que J.-B. Chabot a publiée sous le titre de Synodicon orientale. Le fait qu’elle s’arrête au synode de liënaniso’II, prédécesseur immédiat de Timothée, suggère qu’elle fut préparée sous le pontificat de celui-ci, avant qu’il tînt son premier synode en 790. Sur les œuvres canoniques de Timothée, voir J. Dauvillier, Le droit chaldéen, Paris, 1939, col. 59-64 (tiré à part du Dictionnaire de Droit canonique, t. iii, col. 343-347). Timothée, dans son souci de guider les juges et de leur faciliter la pratique du droit ecclésiastique, fit traduire en syriaque le traité synthétique d’ISô’bokt, métropolite de RewardaSir, sur l’ensemble du droit. Ibid., col. 57-60 ; Dictionnaire…, col. 340-343. Pour les canons de Timothée, qui ont été insérés par Ébedjésus dans son Ordo judiciorum ecclesiasticorum, voir maintenant la traduction latine de J.-M. Vosté dans S. Congregazione per la Chiesa Orientale, Fonli, sér. II, fasc. 15, Caldci-Diritto antico, II, Cité du Vatican, 1940, passages indiqués dans l’Index fontium, p. 254.

III. Doctrine.

1° Science de Timothée I". — Écrivant à son ami Serge, encore directeur de l’école de BaSôS, Timothée déclare qu’il n’a jamais rien connu à fond, même les livres d’interprétation facile, et que s’il a eu jadis un peu de science, il l’a perdue en raison

du temps écoulé et surtout pour toutes les épreuves supportées et les soucis continuels. Lettre xxxviii, éd. Braun, p. 272, trad., p. 189. Mais c’est une formuledictée par l’humilité ; Timothée I er mérite d’être considéré comme un vrai savant et il n’est pas douteux qu’il faisait figure de savant dans la Bagdad des premiers Abbassides, point de rencontre de la culture arabe, en train de s’épanouir, avec l’iranienne, sur le point de se transformer. Il était d’ailleurs bien à sa place comme savant, en un tel temps, à la tête de la communauté des Syriens orientaux, qui, ayant maintenu dignement le flambeau de la civilisation araméenne héritière de la science babylonienne, avait donné à la Perse sassanide le système de l’écriture pehlvie et, par les caractères ouïgours, étendait bien au-delà de l’Iran, jusqu’aux confins orientaux de l’empire mongol, l’influence de l’élégant estranghéio édessénien.

En plus du grec, Timothée, dès sa jeunesse, avait appris la langue arabe ; il la possédait assez pour avoir osé entreprendre, sur le désir de l’émir des croyants, une traduction à partir du syriaque des Topiques d’Aristote, en collaboration avec son ami Abu Nuh. Lettre xliii, dans O. Braun, Briefe des Katholikos Timotheos L, dans Oriens christianus, t. ii, 1902, p. 3 sq. La discussion de quelques paroles hébraïques dans les lettres xxxv et xxxvi à Nasr, ibid., p. 206, 240-242, trad., p. 141, 166 sq., suggère que Timothée eut une certaine connaissance de la langue hébraïque, encore qu’il ait pu ne connaître ces mots qu’au travers de manuscrits de la syro-hexaplaire. D’autre part, il ne devait pas ignorer le persan. On peut déjà le conjecturer de son intérêt pour la traduction en syriaque du traité d’ISô’bokt de Rcwardasïr, voir ci-dessus. On doit se rappeler, en outre, que le persan était la langue usuelle d’une proportion considérable des ouailles du catholicos de Séleucie-Ctésiphon, soit dans le sud de la Mésopotamie, soit dans toutes’es provinces excentriques, à l’Est vers l’Asie centrale, au Nord, vers la mer Caspienne.

Que Timothée ait toujours montré de l’intérêt pour les études de son clergé, on l’a déjà vu ci-dessus. Il ne cessait pas d’étudier lui-même et ses lettres sont remplies de détails sur les livres qu’il possède, sur ceux qu’il emprunte, sur ceux qu’il copie ou fait copier. A Serge, depuis peu directeur d’école, il recommande certains livres, restés à BaSôS, mais qui lui appartiennent : certains lui ont été donnés par leur maître commun, Abraham bar DaSandâd, en compensation de certains avantages, d’autres proviennent du temps où il était évêque du Beit BagaS. Il n’a pas voulu les reprendre tant que Rabban Pcthion a vécu, mais il ne faudrait pas pour autant qu’on s’y trompât : il n’a jamais renoncé à la propriété de ces livres. Surtout que Nestorius, le nouveau métropolite de Damas, n’emporte rient Lettre xvii, éd. Braun, p. 123, trad., p. 82. On copie pour Timothée dans cette école de BaSôS, qui lui est si chère, mais on a fait une confusion en lui portant des fascicules isolés ; il demande à Serge de pourvoir à la rectification, puis remercie, lorsqu’elle est advenue. Lettres xxx, xxxiii, p. 153, 156, trad., p. 104, 106. Il ne suffit pas d’ailleurs à Timothée qu’on lui reproduise les textes qu’il a pu connaître à BaSôS ; il veut d’autres ouvrages, qu’il ne connaît que par ouï-dire. Qu’on les lui procure, même s’ils n’existent que dans des traductions faites par les jacobitest Lettre xvii, p. 123 sq., trad., p. 82. Serge doit faire l’impossible, aller de sa personne, s’il le faut, au monastère de Mar Mattaï, la forteresse des jacobites dans les environs de Mossoul : il doit à tout prix procurer au catholicos la traduction du pseudo-Aréopagite par Athanase de Balad, ou celle de Phocas d’Èdesse, qui est meilleure. Qu’il fasse copier ou em-