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T1M0THÉE ET TITE. THÉOLOGIE, L’ÉCRITURE


le prenant dès lors pour compagnon de ses travaux. Act., xvi, 1-3. Il lui imposa les mains, assisté de Silas, Act., xv, 40, et des presbytrcs de Lystrcs et d’Iconium, xiv, 21-23.

Telle est donc la scène qu’évoquent les textes que nous avons cités. Du reste, quand l’événement se passerait à Éphèse et aurait pour objet la seule consécration de Timothée, les réflexions qui vont suivre garderaient toute leur valeur. Nous avons ici un signe sensible, l’imposition des mains, et une grâce intérieure produite par le rite, à savoir le pouvoir spirituel d’ordre. Ce pouvoir n’est pas explicitement exprimé, mais il est évident qu’il est l’objet direct de l’imposition des mains. C’est pour que Timothée soit en état d’exercer le ministère sacré, de célébrer les saints mystères et d’ordonner à son tour d’autres ministres, selon les besoins des Églises, que Paul l’investit de la puissance divine en lui imposant les mains. Le caractère essentiel qui le constitue ministre de Dieu est permanent, il demeure toujours en lui. Ile :, t désigné du nom de « charisme divin », yjxç>.oxa. toû 8eg5. II Tim., i, 6. A ce charisme sont attachées des grâces dont Paul explique aussitôt la nature : « Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, de charité, de sagesse, qui t’empêchera de rougir du témoignage que tu as à rendre à Notrc-Seigneur et de mes liens à moi, qui te donnera pour souffrir avec moi, en faveur de l’Évangile, la force même de Dieu ». i, 7-8. Ces paroles sont remarquables. L’esprit dont Paul veut pénétrer son disciple est celui qu’il a reçu lui-même en qualité de ministre de l’Évangile, SSwxev t)(xïv, ꝟ. 7, c’est une participation abondante, aux grâces et aux vertus de l’apostolat, afin que Timothée remplisse dignement, à l’exemple de son maître, le ministère dont il est chargé. Mais ces grâces sont distinctes du ministère lui-même ; elles ont leur source dans le caractère sacré dont l’imposition des mains l’a revêtu et qui demeure comme un droit perpétuel et assuré à tous les secours divins. L’esprit de force et d’amour qui devrait animer le sujet pourra subir des vicissitudes, il pourra faiblir ou rester comme assoupi et il sera peut-être besoin de le ranimer, àvaÇwrrupEÏv, mais li caractère sacerdotal est comme le foyer d’où pourront toujours jaillir ardentes, au souffle de l’Esprit de sainteté, les flammes de l’apostolat et c’est en ce sens que Timothée est invité à « ranimer le charisme ». Du reste le verbe àvaÇo>7u>peîv, « rallumer », ne suppose pas nécessairement que la flamme est éteinte tt Paul ne reproche pas à Timothée d’être comme déchu de sa première ferveur : il veut dire que Timothée trouvera toujours dans le souvenir de soti ordination et dans le sceau divin dont il a reçu l’empreinte le moyen d’entretenir son zèle, comme un foyer ardent qu’un souffle nouveau embraserait.

Nous avons ainsi dans les Pastorale :, tous les éléments du sacrement de l’ordre : les ministres, à savoir Paul et les presbytrcs ; un signe s -lisible. L’imposition des mains, accompagnée sans doute de prières appropriées ; une grâce ou « charisme » invisible, le pouvoir d’ordre pour exercer le ministère sacerdotal et épiscopal, av.e les grâces née. ssain. pour le biéfl remplir ; uni’institution permanente au sein de l’Église qui aura toujours besoin de ministres sacrés.

VII Inspiration de la sainte ÉCBITURS. I.a II Tim. renferme un texte des plus importants sur l’idée que nous devons avoir et l’emploi que non devons faire des saintes Écritures. Paul dit à Timothée : Pour toi, di meure ferme danse que In M appris et qui fait l’objet de ta foi. Tu sais d< qui te vient cet enseignement, instruit comme tu l’as été dans les saintes Lettres qui pcuvent te conduire au salul par I ; » foi au Christ Jésus. Toute Écriture est divin » m< nt inspirée et bonne pour enseigner, convaincre, redres ser, former à la justice et ainsi mettre l’homme de Dieu parfaitement en état d’accomplir tout ce qu’il y a de bien. » II Tim, iii, 14. Ce passage affirme en premier lieu l’inspiration des saintes Écritures, il montre ensuite les bienfaits que celles-ci procurent au fidèle et qu’elles doivent à leur caractère sacré.

L’inspiration.

Paul félicite Timothée d’avoir

été nourri dès son enfance dans la connaissance des saintes Écritures. Il s’agit naturellement des livres de l’Ancien Testament. Le terme « saintes Lettres », lepà Ypâp.p.aTa, est fréquent chez les auteurs juifs. Au verset suivant, les mêmes livres sont désignés d’un autre terme caractéristique, employé plus de cinquante fois dans le Nouveau Testament, au singulier ou au pluriel, i] ypacpr), ou al ypaçal, « l’Écriture » par excellence. Les saintes Lettres, déclare saint Paul, sont capables de nous instruire du salut qui s’obtient par la foi en Jésus, et en voici la raison : Tcâaa ypatp-rj 0e67rveuaToç xal w(péXiu, oç repôç SiSacrxaXlav, TTpô » ; èXsyu.6v, etc. La phrase n’a pas de verbe exprimé ; il faut sous-entendre èctrl, unissant le sujet 7rôca ypocepï] aux deux adjectifs servant d’attribut : « Toute Écriture est 6e6TweuoTOç xal cocpsXt.u.0° ; », sens préférable à celui que fournit la Vulgate. Le mot 8s67rveooToç, par la place qu’il occupe et par l’idée qu’il exprime, donne la raison de tout ce qui suit. L’expression rcâaa ypacpr) pourrait signifier : l’Écriture tout entière, la collection entière des écrits inspirés. Cependant, l’absence d’article invite plutôt à prendre Kâaa au sens distributif : tout ce qui est « Écriture » est inspiré, tout ce qui est « Écriture » est utile. Plusieurs auteurs observent que tout passage de l’Écriture ne possède pas toutes les utilités énumérées ; par suite il serait mieux d’entendre 7tâca en un sens « vague-collectif ». Bover, Uso deladjectiuo singulanzâ.ç, en San Pablo, dans Biblica, 1938, p. 432. Cette restriction ne paraît pas nécessaire. Le sujet est pris dans toute son extension avec tôqpéXttxoç comme avec 0e67rveuaTOç : l’Écriture tout entière et dans chacune de ses parties est inspirée ; elle est aussi écrite tout entière et dans chacune de ses parties en vue du bien des âmes. Mais il va de soi que chaque partie ne doit pas produire à la fois tous les fruits attendus, il suffit que toutes y concourent, chacune à sa manière.

Tout ce qui peut être qualifié d’Écriture est SsÔTTveucToç, littéralement « soufflé de Dieu », c’est-à-dire « inspiré de Dieu ». Certains savants, avec H. Cr » mer, proposent pour cet adjectif la signification active « respirant Dieu », remplissant l’âme de pensées divines. Plusieurs composés de 7tvéo> sont en effet susceptibles du sens actif : areveuerroç, qui ne respire pas ; TroptarveouToç, qui respire ou souffle le feu ; eu7TVEucrTOç, qui respire bien. Mais ces mots eux-mêmes sont pris parfois passivement ; d’autres, comme ë(XTcveu<iToç, ont exclusivement ou de préférence une aoceptkm passive. Le composé ŒiOtcvedotoç ne se trouve employé qu’au passif et désigne chez les auteurs grecs uni influence divine sur l’homme. Plutarqu » - parle de « songes envoyés par les dieux », ivelpouç toùç 6E07rveûaTouç, De placitis philos., v, 2 ; le p’.eudo-Phoeylidc, de « la parole <] sagesse venue de Dieu », Xoyoç ttjç GeoTrveùoTOu ctoçItjç. Lis Pères (."ces, sensibles aux nuance s de leur langue, ont compris au passif " Inspiré de Dieu ». De même la Vulgate latine. Voir les références patristiques ici. t. iv, col. 2075. On allègue contre la signification passive le rapprochement de 0e6ttveu<tto< ; avec l’actif çeXi(xoç i t toute la suite de la phrase qui a p<>nr but die montrer lis avantagée de la saint. Écriture en faveur des hommes. Mais, aux > » ux des auteurs sacrés comme d » tons le écrivains juifs, la première qualité de I I

ture. ce BU ! constituait son Incomparable dignité et Il d’elle la source de tous les bienfaits pour les