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    1. TIMOTHÉE ET TITE##


TIMOTHÉE ET TITE. THÉOLOGIE, LA HIÉRARCHIE 1112

que d’après les Pastorales et dans les Églises fondées par saint Paul. Mais certains faits de l’histoire ecclésiastique ancienne s’expliqueraient au mieux en admettant un état de choses semblable dans plusieurs Églises, à une époque voisine des temps apostoliques, en particulier à Alexandrie et dans FAdiabène. La « chronique d’Arbèles », découverte en 1907 (cf. Ad. von Harnack, Die Chronik von Arbela, dans Die Mission und Ausbreitung…, 1923, t. ii, p. 683-689), a utilisé des documents très anciens pour l’histoire des Églises d’Orient au xir 3 et iiie siècles et dit que la cité d’Arbèles, capitale de FAdiabène, fut gouvernée de Fan 100 à l’an 150 ou 160, par des évêques, assistés seulement de diacres, parmi lesquels chacun d’eux choisissait et consacrait son successeur. Les premiers prêtres n’apparaissent qu’avec le cinquième évêque, Noé, contemporain de Marc-Aurèle, qui « ordonna beaucoup de prêtres et de diacres ». Survivance peut-être d’une époque ou le clergé de certaines Églises se composait de diacres et de prêtres à pouvoir épiscopal. Au témoignage de saint Jérôme, Epist., cxlvi, P. L., t. xxii, col. 1192 sq., et In TH., t. xxvi, col. 562, corroboré par d’autres documents, Févêque d’Alexandrie, depuis le temps de saint Marc, était élu par les prêtres de la ville, qui choisissaient toujours l’un d’entre eux et l’installaient dans sa charge sans qu’il fût besoin d’ordination. Au dire d’Eutychius, patriarche d’Alexandrie (933-940), les prêtres se contentaient d’imposer les mains à l’élu ; et il en fut ainsi depuis l’évangéliste saint Marc, jusqu’au jour ou le concile de Nicée régla que tout évêque serait institué par les évêques de sa province. L’illustre Église d’Alexandrie garda ainsi pendant des siècles l’ancien usage d’après lequel les prêtres jouissaient du caractère épiscopal. Cf. P. Batifîol, Études d’histoire et de théologie positive, 5e éd., 1907, p. 267-280.

3° Diacres (Voir ici l’art. Diacres, t. iv, col. 711731). — Les diacres, Siâxovoi, sont mentionnés dans I Tim.’, iii, 8-10, 12, après les < épiscopes », 6-7 : « (Il faut) aussi que les diacres soient des hommes sérieux, <jeu.voôç, exempts de duplicité, [aï] SiXoyoûç, n’usant de vin qu’avec modération, ennemis du lucre, jjlï) aîcr/poxepo’s'ïç, gardant le mystère de la foi dans une conscience pure. Qu’ils soient d’abord éprouvés et qu’ils ne soient admis à exercer les fonctions de diacres que s’ils sont irréprochables… Que les diacres n’aient été mariés qu’une fois, qu’ils gouvernent bien leurs enfants et leurs maisons ; car ceux qui remplissent bien leur office de diacres s’acquièrent un rang honorable et une grande assurance dans leur foi en Jésus-Christ ».

Des trente passages du Nouveau Testament où se lit le terme Siâxovoç, celui-ci est le seul, avec Phil., i, 1, où il soit pris au sens technique de ministre sacré remplissant des fonctions ecclésiastiques. Le nom même de Siàxovoç, ministre, serviteur, montre que leur ministère est inférieur à celui des « anciens », TrpsaêÛTepoi, ou « inspecteurs », èmerxoTuoi. Les qualités qu’on requiert d’eux sont toutes énumérées (sauf la franchise) parmi celles qui forment l’apanage du prêtre, bien qu’on demande davantage à celui-ci. D’abord, d’une manière générale, les diacres doivent être d’une conduite irréprochable comme les épiscopes ou presbytres. Plus particulièrement on demande d’eux l’honnêteté ou dignité de la vie, la simplicité et la franchise dans les paroles, si opposée aux habitudes païennes, la tempérance, le désintéressement, la connaissance des mystères chrétiens, la pureté de conscience, enfin la prudence, attestée par le bon ordre qu’ils auront fait régner dans leur famille. Comme les presbytres aussi, ils doivent n’avoir contracté mariage qu’une seule fois, les veufs remariés sont donc exclus. L’épreuve à laquelle ils doivent être soumis avant d’entrer en fonction, 80xi[xaÇéa6ci>aav

7rp<ÔTov, consiste en « un stage d’essai » (Prat, t. i, p. 418), ou plus simplement dans le témoignage que la communauté rendra à leur sujet ; cf. Act., vi, 3 ; xvi, 1-3 ; s’ils possèdent, au jugement des frères, les qualités requises, ils seront considérés comme suffisamment « éprouvés ».

Saint Paul énumère les conditions que doivent remplir les diacre 1, sans nous dire quelles sont leurs attributions. Cependant deux au moins de ces conditions nous font entrevoir en partie l’office qui leur est confié. La recommandation peut-on dire centrale est de « garder le mystère de la foi dans une conscience pure ». m, 9. Le mot u-uorôptov ne se retrouve qu’une autre fois dans les Pastorales, dans la formule « mystère de la piété », qui vient quelques versets plus loin, iii, 16. Le « mystère de la foi » est à n’en pas douter identique au « mystère de la piété ». Celui-ci n’est autre que le Christ lui-même, dans les mystères de sa vie terrestre et de sa vie glorieuse, depuis son incarnation jusqu’à son ascension et jusqu’à l’établissement de son Église à travers le monde. Or, tous ces mystères ont leur centre dans l’eucharistie, qui est, selon l’Apôtre, le mémorial de l’incarnation et de la passion du Seigneur, I Cor., xi, 26-29, et le pain qui consomme l’unité des membres de l’Église, I Cor., x, 17. On sait les rapports étroits de l’eucharistie avec les agapes et par conséquent avec le service des tables dont étaient chargés les premiers diacres. On peut donc voir ici la première allusion à cet office eucharistique des diacres, bien qu’il ne soit explicitement attesté que par des documents plus tardifs. Les diacres doivent aussi être « ennemis du lucre ». Le désintéressement est requis de tous les ministres de l’Église, mais on comprend que cette vertu doive particulièrement distinguer les diacres, dont l’institution eut précisément pour premier objet l’équitable distribution des aumônes et dont nous voyons qu’ils eurent plus tard l’administration des biens des Églises. Par contre, ce tableau ne nous fournit aucun renseignement sur la troisième fonction, celle de la prédication, que quelques-uns des premiers diacres, Etienne surtout et Philippe, remplirent avec tant d’éclat. En outre, l’ordre donné à Tite d’établir des presbytres dans toutes les cités, sans mention des diacres, donnerait à penser que ceux-ci n’existaient que dans les Églises anciennes et complètement organisées, comme Jérusalem, Philippes et Éphèse. Cependant ce silence n’est pas une preuve sûre.

Quoique les diacres constituent le degré inférieur de la hiérarchie ecclésiastique, ils occupent néanmoins un « rang honorable » et ceux qui s’acquittent bien de leur charge méritent de la part des fidèles toute estime et tout respect. Telle est l’interprétation la plus vraisemblable des paroles de saint Paul : (îaO^ôv èauroîç xaXov TrepuroioGvToa, iii, 13. Beaucoup d’exégètes les entendent autrement. Le « degré honorable » que les diacres s’acquièrent par leur bonne conduite serait la dignité supérieure, celle de l’épiscopat, dont l’Apôtre a dit que celui qui l’ambitionne « désire une bonne chose ». Mais, en soi, l’expression peut signifier que le degré qu’occupent les diacres les élève au-dessus des fidèles et les met en vue de tous et que, par leurs vertus, ils seront à la hauteur de leur noble et belle fonction et se montreront dignes d’un tel honneur. La suite de la phrase ne parle pas non plus d’avancement ; elle dit simplement qu’ils s’acquièrent aussi « une grande assurance dans leur foi en Jésus-Christ » : entourés de l’estime publique, ils exerceront leur ministère spirituel et temporel avec plus de confiance et d’assurance pour eux-mêmes et un plus grand avantage pour les fidèles.

4° Diaconesses (art. Diaconesses, t. iv, col. 685703). — Deux passages des Pastorales se rapportent à