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TIMOTHÉE ET TITE. THÉOLOGIE, LA HIÉRARCHIE


cluent de ces paroles que la polygamie, quoiqu’interdite aux chrétiens, était trop souvent pratiquée. Cf. Jûlichcr, Einleitung…, p. 167.

Opinion bien surprenante ! La condition exigée pour le presbytre ou le diacre d’être unius uxoris vir trouve son parallèle dans la nécessité pour la veuve admise au nombre des diaconesses d’être restée unius viri uxor. Or, dans les inscriptions païennes et juives du commencement de notre ère, le terme [i.6vav8poç ou univira fait l’éloge de la femme qui est restée auprès de son premier mari, sans avoir voulu profiter des facilités que lui donnaient la législation et les mœurs pour divorcer et contracter une nouvelle union. Cf. J.-B. Frey, La signification des termes (i.6vocv8poç et univira, dans Recherches de science religieuse, t. xx, 1930, p. 2860. Pour saint Paul qui n’admettait pas le divorce, la « femme d’un seul mari » est donc celle qui ne s’est pas remariée, soit en divorçant, soit après la mort de son premier époux. De même, le « mari d’une seule femme » est celui qui n’a contracté qu’un seul mariage.

2. Presbytres et épiscopes : synonymie. — Les textes que nous avons rencontrés jusqu’ici donnent déjà l’impression qu’il n’y a pas de différence réelle entre les presbytres et les épiscopes et que l’une et l’autre désignation s’applique tour à tour aux mêmes personnages ; sans supposer chez les uns une dignité, des fonctions ou des qualités qui n’appartiendraient pas aux autres. Une étude plus attentive confirme cette identité.

Elle est clairement indiquée dans le discours que, selon les Actes, xx, 17-28, Paul adresse aux presbyties d’Éphèse qu’il a fait venir à Milet et à qui il dit que l’Esprit, les a établis épiscopes, pour paître l’Église <l" Dieu, ꝟ. 28. Saint Pierre tient le même langage : à tous les presbytres d’Asie : « Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, en remplissant le rôle d’épiscopes », èTricrxoTCOÛVTeç. I Petr., v, 1-2. Or, dans la lettre a Tile, i, 5-7, il y a même rapport entre presbytérat et épiscopat que dans le discours de Milet. « Je t’ai laissé en Crète… pour établir des presbytres dans toutes les villes » ; le sujet choisi doit être irréprochable, « car il faut que l’épiscope, en qualité de ministre de Dieu soit irréprochable, ꝟ. 7. Ainsi tout presbytre est épiscope. Sans cette identité, le raisonnement manquerait à toute logique.

La même conclusion ressort de divers détails. — a) Nous ne trouvons jamais mentionnés ensemble « les presbytres et les épiscopes », ce qui supposerait entre eux une distinction. Dans l’adresse aux Philippiens, i, 1, Paul salue « les épiscopes et les diacres. Le silence sur les presbytres montre qu’ils sont inclus dans le premier vocable. — b) Dans ses recommandations à Timothée au sujet de la hiérarchie, Paul passe des épiscopes, I Tim., III, 1-7 aux diacres, 8-10, puis aux diaconesses, iii, 11, et il revient aux diacres, iii, 12-13, sans dire un mot des presbytre ». Nous savons cependant qu’ils étaient nombreux à Ephèse. C’est donc qu’en parlant des épiscopes il parle aussi en réalité des presbytres. — c) La constatation inverse, non moins frappante, s’impose pour I Tim., v, 17-22. Paul, qui a réglé auparavant, iii, 7-13, le choix des ministres, s’occupe maintenant de leur conduite : Les presbytresprésidents qui s’acquittent bien de leur charge, oi xaXcoç rpoeoTcÔTeç Trpeo-6’JTepot, méritent deux fois plus d’égards surtout ceux qui exercent le ministère fetlganl <le la parole et de l’enseignement. Ce texte met en relief une double fonction des presbytres : ils pré Ident et ils enseignent. Ils président les assemblées religi’uses ; ils pré ident aussi, d’une manière générale, appliquant au gouvernement des fidèles. En entre, i<s presbytres enseignent. Parmi les preebynoti Bardy, /</ Smlntt M bit, t.xii, p. 28K, il y en a qui travaillent dans la prédication et l’enseigne ment : on ne nous dit pas ce que font les autres. » Peut-être cette distinction est-elle trop subtile. D’après la tournure de la phrase, tous président et tous exercent le ministère de la prédication et de l’enseignement, et ce ministère est l’une des manières de présider ; mais quelques-unes se distinguent et méritent davantage la reconnaissance des fidèles. La double tiu.7) dont parle ici l’Apôtre ne paraît pas être une double rétribution en argent ou en nature, car la communauté satisfaisait sans doute abondamment aux besoins de ses ministres, mais un nouveau droit aux égards et à la reconnaissance de la communauté qui pourvoit à leur entretien. Cf. Ad. von Harnack, Die Mission und Ausbreitung des Christentums…, 4e éd., Leipzig, 1923, t. i, p. 183. Après les encouragements aux presbytres qui ont bien mérité de la communauté, Paul envisage la conduite à tenir en cas de défaillance. S’il s’élève des accusations contre un presbytre, on ne les accueillera que sur bonnes preuves. Timothée reprendra publiquement les coupables en présence des autres presbytres, pour que cette correction serve d’avertissement à tous. Chose remarquable : dans la section précédente, I Tim., iii, 1-7, où il s’agissait du choix et des qualités des dignitaires ecclésiastiques, Paul n’a employé que le nom d’épiscopes ; dans celle-ci, v, 17-22, où il s’agit des sanctions, nous ne trouvons que celui de presbytres. Manifestement cependant ces deux sections forment les deux parties d’un seul et même sujet. Impossible d’expliquer cette alternance des noms, si presbytres et épiscopes ne sont en réalité les mêmes personnages.

Objections. — Plusieurs exégètes croient cependant découvrir une nuance dans l’emploi qui est fait des deux vocables. — a) « Il est à remarquer que (dans les Pastorales) il est toujours parlé de Vènlcxonoc, au singulier et des 7rpeo6ÙTSpoi au pluriel. Cette distinction indique peut-être que parmi les 7rpe<r6ÛTepoi, il en était un qui recevait le nom d’èTÛoxoTroç et avait une charge spéciale. » Jacquier, Histoire des liores du Nouveau Testament, 6e éd., 1906, t. i, p. 379. F.-H. Hesse insiste, Die Entstehung der Hirlenbriefe, p. 316 : l’on trouve toujours le pluriel pour les presbytres et les diacres, toujours le singulier pour l’épiscope. De même I. Felten, Theologische Revue, t. xiv, 1915, p. 168.

Notons d’abord qu’il n’est pas toujours question de 7tpeo6ÙTepoi au pluriel ; on trouve au moins deux fois le singulier, I Tim., v, 19, et Tit., i, 6, où le discours passe du pluriel, TtpecrSuTépouç, i, 5, au singulier, eï -dç èanv àveYxXTrjToç. Ensuite, le singulier èrlaxoTCoç, qui ne se trouve que deux fois, est amené chaque fois parla formulée ? tiç de la phrase qui précède : ITim., m, 1, eï tiç lm(TY.OTCT l ç) àç>hyz-nt.i ; Tit., i, 6, eï tlç èoTiv… Dans ce dernier cas en particulier, le mécanisme est visible : on a parlé des presbytres au pluriel ; on continue en disant et tiç, qui s’applique à tous et à chacun, et cet eï tiç amène la mention de l’épiscope au singulier. Il est clair que cette manière de parler peut viser une pluralité : cf. I Tim., iii, 5 ; v, 4, el 8é tiç X’hp’** * veuves, v, 8 et 16, les parents et parentes des veuves ; vi, 3, les faux docteurs. En outre, èTïtoxorcoi est au pluriel dans d< ux autres ttxtes de saint Paul. Il salue les fidèles de l’hilippes, <xjv Imayvnoïc, xal Siax^voiç, Phil., i, 1 ; les épiscopes de Philippe forment donc un groupe plus OH moins nombreux, comme celui de. diacres. Il exhorte les presbytres d’Éphèse, disant : « Le Saint-Esprit vous a établis eTd<TX07rooç… », Act., xx, 28 ; il y a dont autant d’épiscopes que de presbytres. Cette pluralité d"s épteeopoa ne pernu I pas de regarder le titre d’épisropes comme réservé au chef Inique de la communauté.

b) Le P. Prado, avec plusieurs théologiens, allègue