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    1. TIMOTHÉE ET TITE##


TIMOTHÉE ET TITE. THÉOLOGIE, L’ÉGLISE

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Son langage se rencontre assez souvent avec celui des Pastorales. On trouve en ce sens, de part et d’autre, SiSâoxto et SiSa^y), (lavOivo), àxoûa> ; la locution Û7C0TÔ7tG>G(.ç rappelle tuttov SiSa^T) ?. Rom., vi, 17. Cependant Paul paraissait aflectionner le terme de tradition, TOxpâSooiç, IIThess., ii, 15 ; iii, 6 ; racp£80>xa,

I Cor., xi, 2-23 ; xv, 3 ; cf. Rom., vi, 17, qui signifie proprement tradition donnée et auquel répond tradition reçue, 7rapaXaiji.6àv6> : ô xal TOXpeXâ6eTe, I Cor., xv, 1 ; Gal., i, 9 ; Col., ii, 6 ; cf. I Thess., ii, 13 ; iv, 1 ;

II Thess., iii, 6. Il y substitue maintenant celui de reapa6Y]XT), dépôt, qui a l’avantage de renforcer l’idée par une image des plus expressives.

7. Usage du dépôt.

À moins de conventions dûment spécifiées, le dépositaire, en acceptant la garde des biens qui lui étaient confiés, n’avait pas le droit d’en user pour son propre profit. C’est en quoi le contrat de dépôt différait du prêt. Ce qui n’était qu’une exception entre les hommes devient la règle devant Dieu. Garder le dépôt, c’est, nous l’avons assez dit, préserver de tout alliage humain l’or pur de la parole divine : c’est le premier et essentiel devoir de fidélité. Mais les richesses divines ne sont pas données pour être enfouies et rester inutiles, Paul recommande à ses disciples d’exploiter à fond le dépôt. D’abord le trésor doctrinal. Ils ne se contenteront pas de répéter exactement « les saines paroles » apprises. Ils s’efforceront par la lecture, l’étude, la méditation, de progresser dans l’intelligence des vérités divines, pour en vivre, pour être mieux en état de les enseigner aux fidèles et de les défendre contre les adversaires. C’est pour eux un devoir d’état : la grâce qu’ils ont reçue au jour de l’ordination les stimule à se perfectionner sans cesse dans la science sacrée. Rien de plus instructif à ce sujet que la longue exhortation à Timothéc, I Tim., iv, 14-16. Elle fait valoir les motifs les plus puissants d’approfondir la révélation : Timothée doit ce soin à Dieu qui daigne nous instruire ; à la dignité et la sainteté des doctrines qui forment le trésor céleste ; à sa propre perfection et aux grâces qu’il a reçues ; à ses devoirs de pasteur et au salut des âmes. C’est en attendant le retour de Paul qu’il doit étudier et travailler de la sorte ; mais il va de soi que la présence de Paul, loin de ralentir son ardeur, ne pourra qw la stimuler. En particulier, élevé dès l’enfance dans la connaissance et l’amour des saintes Lettres, qu’il ne se contente pas de la science acquise déjà et qu’il s’efforce d’y progresser par une lecture et une méditation assidues. Comme la partie doctrinale du dépôt, la partie morale est également source de richesses. Paul ne sépare pas la théorie de la pratique. On serait tenté de dire que les Pastorales définissent le vrai en fonction du bien, tant elles insistent sur la piété et les bonnes œuvres. L’Évangile est la connaissance de la vérité conforme à la piété, è-rclyvaxiiv àXTjŒlaç rrjç xaf* cùoéÔEiav. Tit., i, 1. Le vrai docteur doit s’attacher à la doctrine selon la piété, xfj xa-r’eùaéêeiav StSaoxaXlç, I Tim., vi, 3. Malheur à ceux qui, faisant profession de connaître Dieu, le renient p ; ir leurs actes. Tit., i, 16. Aux riches, par l’aumône, d’acquérir des richesses éternelles, I Tim., vi, 17-19 ; à tous les fidèles d’exceller dans les bonnes œuvres. I Tim., iv, 7-8 ; Tit., iii, 8-14. Ainsi nous serons dépositaire ! d’autant plus fidèles et plus agréables à Dii a que nous nous enrichirons des trésors de dortrine et de sainteté mis à notre disposition.

IV. L’Éolise. — Il est fæile de reconnaître dans les Pastorales les caractères qui, d’après saint Paul, distinguent la véritable Église, fondée par.lesus-Christ.

1° Apostolirit. -- Avant tout, l’insistance de Paul sur la conservation du dépôt de la foi montre que l’Eglise remonte à Jésus-Christ par l’Intermédiaire des apôtns. Appelé, comme les autres apôtres, par le

Christ en personne, I Tim., i, 13-16 ; II Tim., i, 10-11 ; Tit., i, 1-4, instruit par lui de l’Évangile qu’il devait prêcher aux nations, Paul s’est fidèlement acquitté de son message. Il a enseigné l’Évangile aux peuples. Il a eu soin, en particulier, de le transmettre à des disciples de choix. Tous, pasteurs et fidèles, savants et ignorants, doivent s’attacher à cette doctrine pour rester les disciples du Christ ; toute prédication étrangère à cet. enseignement est vaine, inutile et dangereuse. I Tim., i, 6 ; II Tim., ii, 23 ; Tit., iii, 9. Toute théorie qui contredit le dogme ou la morale enseignés par les apôtres est une erreur. Quiconque s’obstine dans son opinion, après une ou deux admonitions faites par les chefs de l’Église, devient un « hérétique », aipe-uxôç 15v6pa>7toç, Tit., iii, 10, qui préfère son sens propre au jugement de l’Église : cet homme a le sens perverti, è4écfxpa7tTai et son égarement est coupable, àjxapTàvei, car en opposant son sentiment à l’autorité de l’Église, il se condamne lui-même, <tv aÙTOxoerà

XplTOÇ.

L’Église est apostolique aussi par sa hiérarchie. Tite et Timothée ont reçu des apôtres l’imposition des mains et seuls ils peuvent, en qualité de disciples des apôtres ordonner légitimement des ministres auxquels il appartiendra d’instruire le peuple fidèle et d’exercer les fonctions sacrées.

Sainteté.

La sainteté est l’une des marques dis

tinctives de l’Église. Jésus « s’est livré en personne pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et que, purifiés, nous soyons un peuple qui lui appartienne, entièrement dévoué aux bonnes œuvres ». Tit., ii, 14. Nous avons été justifiés au baptême par le Saint-Esprit, qui nous a régénérés et qui habite en nous, iii, 5-6. Nous sommes dès lors saints par vocation, xXv)osi àyta, i, 9 : les chrétiens s’appellent « les saints ». I Tim., v, 10. La piété du chrétien se manifeste par les bonnes œuvres, ipya àyaOà ou xaXà. L’enseignement du Christ est encore la doctrine « saine », sans laquelle l’esprit et le cœur sont bientôt rongés par le cancer de l’erreur et du vice, II Tim., n, 16 ; seule, elle est utile aux hommes pour la vie présente et pour la vie future. I Tim., iv. 8. Les Pastorales proposent pour les ministres sacrés et pour chaque classe de fidèles un idéal de vertu par lequel tous feront honneur au nom, à l’enseignement et aux merveilleux exemples du Christ, I Tim., vi, 1 ; Tit., ii, 10 : renonçant aux convoitises du siècle, ils vivront la vie présente dans la sagesse, la justice, et la piété. Tit., il, 12.

Catholicité.

D’après les Pastorales, Dieu

veut le salut de tous les hommes et que tous parviennent à la connaissance de la vérité, c’est-à-dire de la foi chrétienne. C’est pour attester et réaliser cette volonté divine que Paul a été établi prédicateur, apôtre et docteur des nations dans la foi et la vérité. I Tim., ii, 7 ; ef. i, 12-16. L’Église a donc pour mission essentielle d’apporter le salut à tous les hommes ; c’est par elle que Dieu manifeste et accomplit ses desseins en faveur de l’humanité : hors de l’Église, point de salut. La catholicité de l’Église est une vérité aussi assurée que la volonté divine de sauver tous les hommes. Dans ses précédentes épttres Paul avait besoin de démontrer, contre les attaques tenaces des judaïsants, que l’Église, maison de Dieu, est ouverte aux Gentils aussi bien qu’aux Juifs. Son triomphe en ce point est complet et, sans même rappeler ce principe, il n’y a plus qu’à tirer les dernières conséqn en prêchant l’Évangile à tous les hommes et à toutes les nat ions.

4° L’Égttie infaillible ri indéfectible. - Enfin, privilège qui couronne tous les autres, l’Église est Infaillible. Non pas que ce privilège appartienne aux ehefs des Églises particulières. Dans ses recommandations à