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1087 TIMOTHÉE ET TITE. THÉOLOGIE, LA RÉDEMPTION

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divine du Christ. XpiOToç… <î>v u.èv t6 7rpôyrov 7rveû(jia, èyâveTO aâp£, dit la II a démentis, ix, 5. La « justification en esprit » consisterait dans la glorification du Christ, fruit de sa puissance divine, au jour de sa résurrection. Mais 7tveûu.a au sens de « nature divine » est rare et aurait besoin d’être précisé par un qualificatif, comme 7cveû(jiaToç octovtou dans Hebr., ix, 14, ou par le contexte, comme dans Rom., i, 3. Une autre explication voit dans Tcvs5u.a l’esprit de sainteté que Jésus possède et qui est la cause méritoire de sa résurrection. Mais l’idée de sainteté ne ressort suffisamment ni du mot lui-même ni du contexte. Il est plus simple d’entendre par TCveOu.oc le Saint-Esprit : ce serait une allusion à toutes les interventions du Saint-Esprit en faveur du Christ. Cette action de l’Esprit est mainte fois signalée dans l’Évangile. Saint Paul, lui aussi, met la résurrection du Christ en rapport avec l’action de l’Esprit. Rom., viii, 11. On voit le rôle apologétique dont la formule è81xa(.a>07) èv 7tveû(j.aTi investit le Saint-Esprit : à lui de faire resplendir sur le monde la gloire qui appartient au Christ dans l’infirmité même de sa chair. L’expression èv 7rveùu.aTt, pour dire « dans » ou « par le Saint-Esprit » est aussi paulinienne : Eph., ii, 22 ; iii, 5 ; v, 18 ; elle est l’abréviation de èv mzù[j.am. âyteo, Rom., xv, 16 ; II Cor., vi, 6 ; I Thess., i, 5 ; Jude, 20.’2. / Tim., iv, 1 : « L’Esprit dit clairement que, dans les derniers temps, il y en aura qui se détourneront de la foi ». — Une des fonctions du Saint-Esprit est d’inspirer les prophéties pour annoncer l’avenir. De même qu’il annonçait autrefois ce qui se rapportait aux « derniers temps », c’est-à-dire aux temps messianiques, de même, maintenant que les derniers temps ont commencé, il pourvoit encore aux intérêts de l’Église en la prévenant des dangers qui la menacent et en invitant à la vigilance le zèle des pasteurs. Nul doute sur l’éclosion funeste des fausses doctrines : l’Esprit parle p^TÔç, diserte, en termes formels, expression qui semble se référer à des oracles prononcés par des hommes de Dieu ; cf. i, 18. L’Esprit révèle aussi la cause de ces erreurs : la cupidité des hommes et l’astuce des démons. Il en précise l’époque : dans un avenir prochain, et l’on peut dire dès maintenant, car les verbes passent du futur (àTCoaTirçaovTai, ) au présent (xwXuovtwv). Il énonce nettement quelques-unes de ces erreurs : abstinences alimentaires, condamnation du mariage. L’Esprit ne laisse pas ignorer non plus la gravité du mal : les docteurs de mensonge et leurs adeptes iront jusqu’à l’apostasie. C’est ainsi que l’Esprit après avoir jadis efficacement témoigné en faveur du Christ, dirige et enseigne l’Église, qui poursuit sur la terre la mission du Sauveur.

3. II Tim., i, 14. — Le Saint-Esprit ne veille pas seulement sur l’ensemble de l’Église, il intervient aussi dans la vie de chaque fidèle. Paul, en effet, recommande à Timothée : « Conserve le souvenir exact des saines paroles que tu as entendues de moi dans la foi et la charité du Christ Jésus. Garde le bon dépôt à l’aide du Saint-Esprit qui habite en nous tous. » Le « bon dépôt » est celui des « saines paroles », c’est-à-dire de la doctrine évangélique que Paul a confié à Timothée et que celui-ci doit transmettre à des disciples fidèles, capables à leur tour de le léguer intact à d’autres ; cf. II Tim., ii, 1-2 ; I Tim., vi, 13-16, 20-22. La tâche ainsi imposée à Timothée est difficile, car les doctrines les plus audacieuses menacent d’altérer la pureté de la foi et des mœurs. Que Timothée cependant ne se trouble ni du nombre des adversaires II Tim., ii, 5, ni de sa propre jeunesse. I Tim., iv, 12. Ce n’est pas par ses seules forces qu’il lui faut garder le trésor sacré : c’est par le moyen du Saint-Esprit, Sià uveôu-aToç àytou. Timothée a été appelé à cette fonction par une désignation spéciale des prophètes.

I Tim., iv, 14. Qu’il compte sur l’assistance de cet Esprit, qui est l’esprit t de force, de charité, et de sagesse », II Tim., i, 7, l’esprit de sainteté et de vérité. iv, 11-16. Dieu l’a répandu abondamment en nous par Jésus-Christ. Tit., iii, 6. Ce don n’est pas momentané et transitoire. Le Saint-Esprit nous a été donné pour rester avec nous d’une manière permanente et intime : il réside dans nos âmes comme un hôte qui fait en nous sa demeure, toû èvoixoôvroç èv -^(aïv. Cette doctrine de l’habitation en nous du Saint-Esprit est bien paulinienne ; cf. Rom., viii, 9 ; I Cor., iii, 16 ; vi, 19 ; Gal., iv, 6. Si le Saint-Esprit habite en nous, ce n’est certes pas pour y rester inactif : c’est pour animer toute notre vie spirituelle, pour nous pousser à de constants progrès dans la connaissance et l’amour de la vérité que le Christ a révélée à ses apôtres, I Tim., iv, 14-15, pour nous aider ainsi à garder « le bon dépôt ».

La sainte Trinité.

À ces textes, qui nous montrent

l’action du Saint-Esprit, d’abord par rapport au Christ, puis par rapport à l’Église dans ses chefs et dans ses membres, s’ajoute un passage relatif à la sainte Trinité. Tit., iii, 4-7. C’est le seul passage des Pastorales où soient mentionnées ensemble et distinctement les trois personnes de la très sainte Trinité. La longue phrase tient essentiellement dans cet énoncé : « Lorsque s’est manifestée la bonté et l’humanité de Dieu notre Sauveur…, il nous a sauvés par le bain de régénération et de renouvellement du Saint-Esprit qu’il a répandu abondamment en nous par Jésus-Christ notre Sauveur… ». Le Père est désigné comme le Dieu sauveur, dont l’amour pour les hommes s’est manifesté par la venue du Christ sur la terre ; cf. Tit., ii, 11. Le Fils, image invisible du Père en vertu de sa génération éternelle, devient sur la terre son image visible en manifestant aux hommes ses infinies perfections, dont la première est l’amour. La suite de la phrase, ꝟ. 5 a, insiste sur cette pensée, en disant que le salut de l’humanité a sa source, non dans nos bonnes œuvres, mais dans la miséricorde divine. Tout le développement a pour centre le salut, ainsi gracieusement accordé. Ce salut, dans sa phase initiale, est conféré par le baptême. Le baptême produit en nous un changement spirituel qui est une régénération et une rénovation. Par cette grâce, nous passons de l’état de péché à l’état de justice. Ce salut initial nous donne droit à l’héritage céleste, qui sera le salut consommé, ꝟ. 7. Les trois personnes divines concourent à la régénération et à la justification du chrétien dans le baptême. Mais, comme l’observe le P. Prat, Théologie de saint Paul, t. ii, p. 162, au lieu de la coordination exprimée par la formule ordinaire (Matth., xxviii, 19), elles agissent par subordination : le Père sanctifie par le Fils et tous deux par le Saint-Esprit.

En définitive, l’Esprit nous sanctifie au baptême, et cette action sanctificatrice vient du Père par le Fils. Cette révélation nous introduit au sein de la vie divine, car les rapports que notre texte établit entre Dieu, Jésus-Christ et le Saint-Esprit à propos de leur collaboration dans le temps, à savoir au moment du baptême, nous manifestent les relations intimes qui existent entre les trois personnes divines au sein de l’éternité : si l’activité temporelle de l’Esprit vient du Père par Jésus-Christ, c’est qu’il procède lui-même éternellement du Père par le Fils.

II. La rédemption.

Les Pastorales mettent en relief plusieurs points importants de la doctrine de saint Paul : nécessité du salut pour tous les hommes, son absolue gratuité, son extension à l’humanité entière, sa préparation dès l’éternité, sa réalisation par la venue du Sauveur sur la terre et par sa mort expiatoire.

Universalité du péché.

« Le Christ Jésus est

venu en ce monde pour sauver les pécheurs ». I Tim.,