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TIMOTHÉE ET TITE. THÉOLOGIE

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On voit que cette sorte de renaissance (quodam modo renalos) est simplement le retour à la vie ordinaire dans des conditions toutefois plus favorables au salut.

— d. A Eleusis, l’union avec la divinité par le moyen des rites ne procure nullement une filiation divine et il n’est pas parlé de renaissance. Cette union garantit seulement la protection de la déesse Déméter pendant la vie et, après la mort, un bonheur qui n’est en aucune manière la résurrection. Cf. Lagrange, Rev. bibl., 1929, p. 63-81 ; 201-214.

L’auteur des Pastorales s’est donc servi d’une expression qui était en vogue déjà dès le I er siècle avant notre ère pour désigner toutes sortes de renouvellements et de recommencements, mais qui demeurait étrangère à toute signification spirituelle et mystique. Par une inspiration hardie et heureuse il a fait exprimer à ce terme profane l’idée capitale de la théologie et de. la mystique chrétienne, la naissance du fidèle, par la grâce du baptême, à une vie nouvelle, surnaturelle et divine qui nous fait enfants de Dieu. Cette filiation divine est présentée comme une seconde naissance par Jésus lui-même : Joa., iii, 3-5 ; cf. i, 13. Même affirmation I Petr., i, 3, àvayevvrioaç iftj.v.ç, et i, 23 ; H Petr., i, 4, Getaç xoivcovol (pôaeoç ; Jac, i, 18, à7rexÛ7)oev 7)U.âç. Paul insiste fortement sur la nature nouvelle que la foi engendre en nous par le rite baptismal. Unis au Christ par le baptême de manière à nous revêtir du Christ, nous sommes devenus fils de Dieu, navreç y*P u’^ 0e°û èo-ze, Gal., iii, 26-27 ; morts et ressuscites avec le Christ, nous vivons d’une vie nouvelle, èv xaivÔTT ( Ti Çcoîjç, Rom., vi, 3-4 ; nous sommes désormais une nouvelle créature, xaivrç xtIoiç, II Cor., v, 17 ; Gal., vi, 15. Nous sommes si bien enfants de Dieu dans le Christ et par lui, que Dieu envoie en nos cœurs l’Esprit de son Fils pour y crier : Abba, Père !, Gal., iv, 6. Aucun terme ne pouvait niera résumer cette théologie que celui de « nouvelle naissance », TOxXiffeveota. L’emploi de TOxXiyYsveala par saint Paul est comparable à celui de Xoyoç par saint Jean, avec cette différence que, dans l’usage contemporain, le premier vocable était plus éloigné que le second de l’ordre spirituel et religieux. L’adaptation équivaut ici à une création. Pourquoi saint Paul ne l’a-t-il pas employé dans ses premières lettres ? C’est que la formule xaivï) xt(<uç, II Cor., v, 17 ; Gal., vi, 15 ; cf. Eph., ii, 10, exprimait déjà avec grande énergie la même pensée ; mais Paul ne peut revenir sur un sujet sans l’enrichir et, reprenant le pt sous la forme abstraite de àvaxalvoxiii ;, il l’a rniforcé par la formule sœur, 7raXiYYeveoia, qui transportait dans l’ordre surnaturel et divin tout ce que la TtaXiYyeveota évoquait pour les profanes de beauté, de grandeur, de force et d’étemelle jeunesse. Trait de génie bien digne de Paul.

Conclusion. — Ainsi, d’une part, nous constatons dans 1. s Pastorales, une affinité de fond et de forme profonde, délie : ite et étendue, avec les dix épttres paulini-nru s, en même temps que s’y révèle une originalité puissante qui est bien digne du génie de Paul. D’autre part, le vocabulaire nouveau s’explique suffisamment par la nouveauté des circonstances, sans qu’il snit nécessaire de recourir à la main d’un secrétaire. I.a critique interne confirme donc pleinement le témoignage de la tradition touchant l’origine paulinlenne d< s épttres à Timothéc et à Tite.

II. LA THÉOLOGIE DES PASTORALES. Itim qu’elles se proposent avant tout un but. pratique (t qu’elles recommandent aux pasteurs de l’Églis< < ! >

combattre les fausses doctrines plutôt par voie d’au torlté que par des controverses ou des réfutations d’ordre ipéculatif, les Pastorales cependant apportent DM Contribution notable à la théologie. Elles touchent

en passant plusieurs points importants : Trinité, rédemption, sacrements, fins dernières, inspiration, prière ; elles insistent particulièrement sur l’Église, la tradition, la hiérarchie. Plusieurs de ces questions ont déjà été touchées dans la première partie ; elles seront simplement rappelées ici.

I. La Trinité.

1° Le Père, et le Fils. — Les trois suscriptions de nos lettres présentent les ri, ux premières personnes de la sainte Trinité comm » la source de toutes les grâces : yâpiç, ëXsoç, eîpif)vY) àrco Geoù rcarpoç xal Xpicxoû’It)c ; o5 toû xupîou y]xS>v, I et II Tim. ; x^piç xal elprjvr) ànb 0eoû roxTpôç xal Xpicrroû’Itqejoû toû ccoTÎjpoç 7)[xœv. Tit., i, 4. Ici, le nom de « Père », donné de façon absolue, suggère le sens plein : Père du Christ et notre Père. Nous recueillons ainsi un quadruple enseignement. — 1. Le Christ Jésus, mentionné à côté du Père, dispose souverainement avec lui de tous les trésors spirituels. Une de ces faveurs est celle de l’apostolat. — 2. La préposition unique àrco, régissant à la fois 0eoû raxTpôç et Xpicrroû’I^doû, les présente tous deux comme un seul et même principe d’où dérivent toutes les grâces. — 3. Cette égalité et cette unité d’action ne peuvent provenir que de i’unité de la nature divine appartenant tout entière à chacune des deux personnes. Le Christ est donc Dieu comme le Père. Nous trouvons d’ailleurs, Tit., ii, 11-13, la profession de foi la plus explicite à la divinité de Jésus-Christ : « Nous attendons la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur le Christ Jésus. »

— 4. Le titre de « Père » fait entendre que la nature divine subsiste dans la première personne sans être reçue d’une autre et qu’elle est communiquée par voie de génération au Christ Jésus. La filiation divine, qui constitue la personne du Christ, s’étend à la nature humaine que cette personne divine s’est unie. Cette doctrine est supposée connue des lecteurs et Paul n’y revient pas dans la suite. Le qualificatif de owttje est décerné au Père, I Tim., i, 1 ; ii, 3 ; iv, 10 ; Tit., i, 3 ; il, 11 ; iii, 4, non moins qu’à Jésus-Christ, II Tim., i, 10 ; Tit., i, 4 ; ii, 13 ; iii, 6 ; cf. II Tim., ii, 10. Doctrine bien paulinienne, et terminologie destinée probablement à réagir contre les religions orientales et contre l’adulation des rois et des empereurs, sans allusion spéciale au gnosticisme. Ci-dessus, col. 1082.

Deux doxologies, comparables pour leur développement et leur solennité à Rom., xvi, 25-27 et Eph., III, 20-21, célèbrent le « Roi des siècles, immortel, invisible, Dieu unique », I Tim., i, 17, « le bienheureux et seul Souverain, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, qui possède seul l’immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu ni ne verra jamais, à qui soit honneur et puissance éternelle. Amen. » I Tim., vi, 15-16. Il n’est pas besoin, pour expliquer ces expressions, de recourir à une indu nce venue du dehors : elli s vont classique s dans le judaïsme depuis le temps de l’exil babylonien. Seul, dans tout ce passage, l’adjectif à-rtpàanoç (lumière) inaccessible, est nouveau. Ces doxologies sont sans doute empruntées à des textes de prière ou de chant liturgique.

Le Saint-Esprit.

Le Saint-Esprit est mentionné

plusieurs fois dans 1, l’a toralis.

1. / Tim., iii, / « .èSixaicoOï) èv 7tvcû(xaTi.--- Le terme 7tvE’"ïu.a se trouve 5 fois dans les Pastorales. Deux fois il s’agit certainement de l’homme : Il Tim., i, 7 (esprit de crainte) et iv, 22 ; et deux fols de l’esprit de Dieu : I Tim., iv, 1 ; II Tim., i, 14. L’autre mention M rencontre I Tim., iii, 10 : 6ç ècp-xvepwOT] êv o<xoki, èo, ixaio>0T) èv Trveôu.aTi. Ce sont les di us premk rs stiques d’un fragment d’hymne liturgique’ii l’honneur du « grand mystère di piéti I m tel autre que le Christ, lui infini-. Plusieurs Interprètes

pi usent que izveijpTL, par opposition avefl la chair ».

c’est-à-dire avec la natun humaine, désigne la natui