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TIMOTHÉE ET TITE. DOCTRINE


en la personne du Christ ressuscité, dont la résurrection assure et déjà commence la nôtre, xaTapyeÏTai ô Oàvaroç. I Cor., xv, 26. — f) À la mort, détruite par le Christ, s’oppos nt la vie et l’immortalité, qu’il a illuminées des splendeurs de la révélation faite par l’Évangile dont Paul est le héraut, cpoTÎoavTOÇ 8è Ça>7)v xal àçOapalav Sià toû eùayyeXlou. Le terme à<p6apaîa « incorruption, immortalité » est exclusivement paulinien, Rom., ii, 7 ; I Cor., xv, 42, 50, 53, 54 ; Eph., vi, 24 ; II Tim., i, 10 ; et, comme ici, Paul dit plus d’une fois sa reconnaissance pour le choix par lequel Dieu l’a appelé à « illuminer », c’est-à-dire faire connaître le mystère en vertu duquel païens et Juifs ont également part aux richesses de la miséricorde divine. Eph., iii, 18 ; cf. II Cor., iv, 3-6. — g) Tout cela enfin èv XptOTw’Lrjoou, i, 9 ; cf. Eph., iii, 6. On sait que cette formule est l’une des plus caractéristiques de la pensée et du langage de saint Paul et qu’elle marque d’une empreinte profonde sa théologie, sa morale et sa mystique. Il l’emploie 164 fois, dont 9 dans les Pastorales, tandis qu’elle est à peu près absente des autres écrits du Nouveau Testament. Cf. Prat, La théologie de saint Paul, t. ii, p. 476-480. — Tant de ressemblances ne peuvent guère s’expliquer que par l’unité d’auteur.

3. Autres points de contact.

Ce n’est pas seulement dans les passages que nous venons d’analyser que se fait jour la doctrine de Paul, avec ses aperçus préférés et le langage qui lui est propre. On peut dire qu’il en est ainsi dans tous les textes qui abordent, ne fût-ce qu’en passant, un sujet dogmatique : décret éternel de salut manifesté dans le Christ et publié par la prédication évangélique, Tit., i, 1-4 ; bienveillance divine i mbrassant tous les hommes et les appelant tous au salut et à la foi, I Tim., ii, 1-5 ; salut réalisé par le Christ, qui est venu pour sauver les pécheurs, I Tim., i, 15, qui s’est livré pour nous afin de nous délivrer du péché, Tit., iii, 14, et dont la mort a valeur d’expiation et de rançon, I Tim., ii, 6 ; mystère du Christ incarné en qui sont toutes les grandeurs, I Tim., iii, 4 ; mystère de l’Église qui est la maison de Dieu et l’indéfectible soutien de la vérité. I Tim., ii, 15-16 ; II Tim., n, 19, etc. Comme nous aurons à revenir sur plusieurs de ces textes pour en dégager les enseignements théologiques, il suffira ici de répondre aux objections que l’on prétend tirer de la doctrine des Pastorales.

2° Objections faites à l’authenticité, du point de vue de la doctrine. — 1. Intellectualisme et formalisme. — Selon Holtzmann, Dibelius, Jûlicher, etc., la foi, dans les Pastorales, n’est plus ce qu’elle était pour saint Paul. Au lieu d’un élan de la volonté se livrant totalement au Christ, elle est devenue un acte de l’intelligence adhérant à des vérités qu’il faut croire, une simple « connaissance de la vérité », è7t[yvo>Gi.ç àXïjOdaç, comme il est dit souvent : I Tim., ii, 4 ; II Tim., ii, 25 ; iii, 7 ; Tit., i, 1. Dans cette connaissance, rien du mysticisme de Paul. Selon Dibelius, cette science n’est plus le haut sommet où le chrétien ^piritualisé fait l’expérience de sa nature nouvelle ; elle est à la portée de tous, obligatoire pour tous. Cf. Dibelius, ’ETtlyvwffK ; £Xir ; 8etaç, dans Ncutestam. Studien (dédié à Georges Heinrici), Leipzig, 191 4, p. 176189. De là l’importance des formulaires et des credo. t L’acte de foi consiste maintenant en formules précises. . Julfeber, Kinleitung in das N. T., p. 159. Timothée. a donné l’exemple par son ôizoXoyi’x, I Tim.. vi. 12, prononcé" à haute voix en présence de tous, tant » l’autorité du peuple dans l’Église est déjà établie ! » (Jûlicher).

Rétablissons les faits, a) La « connaissance de la vérité » sur laquelle insistent les Pastorales, ne trahit, nullement un primai de l’intelligence sur la volonté, encore moins une importance Spéciale donnée au caractère . Intellectualiste * de la doctrine n&llgli

Elle est toute tournée vers la piété, èrclyvcûaiv àX7)0£taç rîjç xaT’eûaé6£i.av, Tit., i, 1, et elle a en même temps le but essentiellement pratique de défendre le fidèle contre les hérésies qui le menacent. D’où l’avis sans cesse répété de s’attacher à bien connaître la vérité et à la retenir. — b) En cela, les Pastorales répondent à des besoins nouveaux, sans s’écarter en rien de la pensée authentique de l’Apôtre. Préoccupé, dans ses premières épîtres, de montrer contre les judaïsants que la foi justifie sans les œuvres de la Loi, par la seule charité que le Saint-Esprit répand dans les cœurs, Paul exaltait le sentiment de confiance et d’abandon à Dieu que cette foi suppose. Il ne. négligeait pas pour autant l’élément intellectuel : Rom., vi, 17 ; xii, 7 ;

I Cor., xv, 2-5, etc. Quant à l’expression è7r[yvtùo-te ; àX7)0etaç, elle ne se rencontre pas sous la plume de Paul. Mais aktfiza. a chez lui un sens très général, et le terme èTÛyvoaiç s’applique aussi, sans portée mystique supérieure, à la connaissance de Dieu et de son Fils, Rom., i, 28 ; Eph., i, 17 ; iv, 13 ; Col., i, 10, à la connaissance pratique de la volonté divine, Col., i, 9, et de tout ce qui est bien, Philem., 6, même à la connaissance du péché. Rom., iii, 20. — c) Rien de plus naturel que l’adoption de formules arrêtées pour enseigner aux catéchumènes les vérités qu’ils devaient croire et pour leur faciliter la profession de leur foi. C’est bien un formulaire de ce genre dont l’Apôtre rappelle aux Corinthiens les « premiers » articles, èv upcÔToiç, dans le résumé d’évangile qu’il déclare leur avoir transmis et dont ils doivent garder les propres termes. I Cor., xv, 1-4. À cet égard, le u.v7)u.6veue de

II Tim., ii, 8 équivaut à l’aide-mémoire de I Cor., xv, 4 ; cf. Rom., i, 3 ; viii, 34.

2. Les bonnes œuvres. — Toute l’école critique, de Baur à Jûlicher, s’accorde à reconnaître dans la prépondérance des devoirs pratiques du chrétien et dans le caractère moralisant de nos épîtres « un esprit bien différent de celui de Paul, l’esprit d’un épigone ». Holtzmann, Lehrbuch, t. ii, p. 310.

En effet, nous aurons à signaler cet aspect pratique des Pastorales. Mais il faut se méprendre complètement sur le paulinisme primitif pour traiter d’antipauliniennc l’importance qui est ici donnée aux « bonnes œuvres », c’est-à-dire en général aux vertus et aux devoirs du chrétien. Pour Paul aussi, les œuvres sont le fruit naturel de la foi et un devoir dont le chrétien ne peut se dispenser. Ses envolées les plus dogmatiques et mystiques se terminent par la recommandation pressante d’une conduite pieuse et sainte, sans laquelle le chrétien renierait en réalité sa foi et serait exclu du royaume de Dieu : Rom., xii, 9-21 ; I Cor., vi, 7-10 ; x, 1-10 ; Gal., v, 13-26 ; vi, 7-10, etc.

Quant au langage, le pluriel èpya n’est employé par Paul qu’une fois, dans l’expression ëpyot àyaOâ (unique aussi dans les Pastorales, I Tim., ii, 10) ; mais ce texte, Eph., ii, 10, l’emporte peut-être en vigueur sur tous ceux des Pastorales, en affirmant que « nous avons été créés dans le Christ Jésus en vue des bonnes ceuvres que nous avons à faire suivant la prédestination de Dieu ». Bref, en fait de bonnes œuvres, le langage même des Pastorales peut se dire paulinien.

3. Les emprunts à l’hellénisme — Plusieurs expressions des Pastorales seraient empruntées au langage du culte hellénistique ou aux religion 1 - de mystères et accuseraient une date tardive.

a) Le Dieu Sauveur. — La fréquence Inattendue du titre de abi-rr, p, répété dix fois’I appliqué A Dieu le Père (G fois) aussi bien qu’au Christ, alors qu’il et I rare dans BOinl Paul et attribué seulement à JéfUB-Christ. l’.ph.. v, 23 ; Phll., iii, 20, viendrait des G

qui le prodlguaient t certains dieux et même, en un

si ns religieux, aux rois.t aux empereurs divinises 1 » même, le terme èrriçàveia, dans la langue belle-